Une convention de justice restaurative a été signée mercredi 03 avril à Amiens, une première pour la Somme, elle vise à créer un dialogue entre victimes et auteurs et donc à mettre en place des rencontres animées par des professionnels, dès 2019.
Mercredi 03 avril, une convention de justice restaurative a été signée à Amiens. La justice restaurative intervient après le processus de justice pénale : "Ce nouveau concept de justice intervient dans un cadre légal et est un mode complémentaire à la justice classique", explique Clélie Gibaldo, substitut du procureur. Il s'agit de rechercher l'apaisement des personnes impliquées dans un conflit par la rencontre de l'auteur et de sa victime en présence d'animateurs professionnels spécialement formés et en présence de bénévoles. Bien sûr, la mise en place d'une telle rencontre impose des entretiens de préparation, avec supervision d'un psychologue.
"Offrir un espace de parole"
Basée sur une démarche volontaire, la mesure suppose la reconnaissance des faits par la personne auteure. L'idée est de contribuer à une prise de conscience des répercussions d’une infraction et favoriser la restauration de chacun dans un cadre sécurisé. "Le but est d'offrir un espace de parole et d'échanger sur les ressentis. Souvent les victimes ont des questions qui restent sans réponse pendant le procès, car on ne s'adresse pas directement à l'auteur", indique Clélie Gibaldo. Ces rencontres permettent aussi de responsabiliser les auteurs et de leur permettre d'avancer : "Ils ont besoin d'expliquer leur geste, de dire ce qu'ils ont fait, leur ressenti. Et ça leur permet aussi de comprendre ce qu'ils ont fait vivre, les conséquences psychologiques, matérielles et sociales, qu'ils n'imaginaient même pas parfois", ajoute cette dernière.Dans la Somme, le comité de pilotage travaille sur ce projet depuis deux ans, il faut notamment former des animateurs et des médiateurs. Plusieurs acteurs se sont rassemblés autour de ce partenariat :
- l’association Yves Lefebvre (AYLF)
- l’association Accompagnement Prévention Réflexion et Médiation pour l'Insertion Sociale (Apremis)
- le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (SPIP) de la Somme
- la Direction territoriale de la Protection judiciaire de la Jeunesse Somme/Aisne
- le Tribunal de Grande Instance (TGI) d'Amiens
- le Barreau des avocats d'Amiens.
Le comité de pilotage a travaillé, en partenariat avec l'Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR).
Des rencontres condamnés-victimes dès 2019
Concrètement, des rencontres condamnés-victimes (un groupe pour les majeurs et un groupe pour les mineurs) et des médiations restauratives seront mises en place dès 2019. Deux types de groupe vont être mis en place. Un premier groupe de majeurs, victimes et condamnées, anonymes, concernées par dans des cas de violences sexuelles mais non par la même affaire, pourront se rencontrer à travers cinq sessions. Ces rencontres se font en présence de deux membres de la communauté bénévoles et de deux animateurs, tous formés à cet effet. Et un groupe de rencontre de l'auteur et de sa victime en présence de proches et de personnes de confiance de chacun d'entre eux sera aussi mis en place pour les mineurs, dans des cas de violences. Les premières évaluations de ce dispositif qui se développe en France depuis 2010 ont été positives selon Clélie Gibaldo : "les personnes ont expliqué qu'elles se sentaient apaisées, qu'elles ont pu enfin parlé et se sentir écoutées".Le comité en est à la phase de recrutement. Une permanence téléphonique a été mise en place pour les personnes qui souhaitent participer au 03.22.71.47.50 et un site internet est en cours de réalisation.