Les anciens salariés de l'usine Nutrimaine, ex-Banania, de Faverolles se sont rendus aux prud'hommes d'Amiens jeudi 2 décembre afin de contester leur licenciement. L'entreprise, reprise par le groupe allemand Krüger, avait fermé en avril 2019, laissant une quarantaine de salariés sans emploi.
Cela fait désormais plus de deux ans et demi que les anciens salariés de l'entreprise Nutrimaine, ex-Banania, ont perdu leur emploi. En avril 2019, l'usine, spécialisée dans les poudres chocolatées située à Faverolles dans la Somme, ferme ses portes, faute de repreneur. Son propriétaire, le groupe allemand Krüger, a décidé de délocaliser la production en Allemagne. Un reclassement est proposé aux salariés, mais au siège de Levallois et en Allemagne. Tous refusent. Une quarantaine d'employés est alors licenciée.
Pour justifier cette délocalisation de la production, la direction avait invoqué la vétusté du site et les "conditions économiques du marché du chocolat en poudre dont la baisse structurelle de consommation régulière s'est accélérée ces dernières années." Une situation invraisemblable pour les salariés de l'usine qui avaient demandé une contre-expertise et un nouveau chiffrage des travaux à réaliser. Selon eux, l'usine était tout à fait fonctionnelle et aux normes, expertises à l'appui. "C’est injuste, soufflait alors Jérôme Tabary, représentant syndical. Banania appartenait au patrimoine français. L’unique usine française de la célèbre marque depuis 1973 dans la Somme, qui comptait 125 salariés dans les années 1990, n’aurait jamais dû fermer."
Seulement 15 d'entre eux ont retrouvé un emploi stable
Les ex-salariés décident alors de porter l'affaire devant la justice pour licenciement abusif. En juin 2020, une première audience devant les prud'hommes d'Amiens a lieu. La séance est brève. La direction est venue sans proposition de conciliation. "Elle campe sur ses positions en disant qu’il y avait des difficultés économiques qui justifiaient la fermeture du site. En réalité, l’expertise que nous avons commandée nous donne assez d’éléments pour démontrer qu’il n’y avait pas besoin d’investissements complémentaires dans l’usine", nous confiait alors l'avocate des ex-salariés, Me Meriem Ghenim.
Les ex-salariés de l'usine attendent ainsi des indemnités à la hauteur du préjudice subi, soit 100 000 euros de dédommagement pour un salarié qui a plus de 35 ans d’ancienneté. Aujourd'hui, seuls 15 d'entre eux ont retrouvé un emploi stable. "On espère que si l'on gagne un peu d'argent, cela nous permettra d'aller jusqu'à la retraite. Parce que moi je vais me retrouver sans rien, en 2023, je n'aurai plus rien. Et je ne sais pas comment je vais faire pour vivre, j'ai 56 ans", nous confie une ancienne salariée qui avait 33 ans d'ancienneté dans l'usine.
Jeudi 2 décembre, l'audience aux prud'hommes devait se tenir à huis clos, mais quelques ex-salariés ont obtenu l'autorisation d'y assister. Le jugement sera rendu 21 avril 2022. D'ici là, lundi 6 décembre, 6 anciens cadres licenciés eux aussi, ont rendez-vous devant le même tribunal.