Deux semaines après la rentrée universitaire à l'Université Picardie Jules Verne à Amiens, les premiers problèmes apparaissent pour les étudiants. Au point qu'une pétition lancée vendredi 14 septembre a déjà recueillie plus de 1.000 signatures.
Tout est parti d'une vidéo plutôt rigolote postée par une étudiante en 3e année de Sciences de l'éducation sur sa page Facebook vendredi 14 septembre. Avec un filtre Snapchat lui donnant un rien de chat, "parce que c'était juste de l'humour", Marie-Justine Coquelle dénonce pendant 5 minutes ce que son responsable d'études vient d'annoncer à son groupe : s'ils veulent avoir des profs en travaux dirigés (TD), c'est à eux, étudiants, de recruter des remplaçants via le bureau des élèves ou via leur réseau personnel.
1/3 de profs manquants pour les TD
Car depuis deux semaines que la rentrée universitaire a eu lieu à l'Université Picardie Jules Verne à Amiens (UPJV), la moitié des groupes de Licence niveau 1 et niveau 2 en Sciences de l'éducation n'a pas de professeurs dans un tiers des cours de travaux dirigés.
Si la situation était tolérée jusque-là, cette remarque du chargé des études a été la goutte d'eau qui a fait débordé le vase. "Alors j'ai fait cette vidéo pour que mes proches puissent constater dans quelles conditions on étudie, explique la jeune fille à la voix douce. Avec le bureau des étudiants de l'UFR, on a décidé de lancer une pétition pour dénoncer tout ça. Et là, ça a pris une ampleur qui m'a étonnée : plusieurs étudiants de mon UFR ont partagé ma vidéo.
Et après, ce sont des étudiants d'autres pôles qui m'ont contactée pour me dire qu'ils vivaient la même chose.
Et d'énumérer les étudiants en droit à Saint-Leu, en médecine à Saint-Charles et ceux du campus à Salouël. Lancée vendredi 14 septembre pour les seules Sciences de l'éducation, la pétition s'adresse désormais aux autres UFR. Elle a déjà recueilli plus de 1.000 signatures.
Car le manque de professeurs n'est pas le seul problème rencontré par les milliers d'étudiants de l'UPJV à Amiens.
Salles de cours trop petites
Les conditions d'accueil sont également remises en question : "Nous, on est au pôle Citadelle. En 3e année, on est 900, répartis en plusieurs groupes. Et bien, on a des salles trop petites pour tous nous accueillir : elles sont prévues pour une soixantaine de personnes alors qu'on est une centaine par groupe", déplore Marie-Justine.
On est obligés de s'asseoir à terre quand les profs ne nous demandent pas tout simplement de quitter le cours. Et c'est pareil pour les 1ères et les 2èmes années.
Ajoutez à cela une cafétéria de 150 places alors que la Citadelle compte 4.600 étudiants. "En plus, c'est une sandwicherie, pas un RU. Quant il n'y a plus de sandwich, on pourrait amener nos repas mais il n'y a même pas de micro-ondes pour les faire réchauffer." Il y a bien un autre établissement mais il est privé et ne pratique pas les tarifs universitaires.
Premiers examens en décembre
Sans oublier des cours débutant à 11 heures et finissant à 17 heures, sans pause déjeuner, ce qui n'est pas réglementaire. "La dernière fois, c'est la prof qui a interrompu d'elle-même son cours pour que l'on puisse aller manger vite fait".Contactée, l'Université Picardie Jules Verne répond qu'elle est "encore en période de rodage mais que les points soulevés vont être rapidement solutionnés" et que des recrutements "éventuellement de vacataires contractuels" seront effectués "en fonction des inscriptions dans les différentes options".
Pour Marie-Justine et ses camarades étudiants, ces recrutements arrivent un peu tard : "les profs ne vont pas rattraper le retard déjà pris. Et les premiers examens sont en décembre".