Les salariés de l'hôpital Philippe-Pinel d'Amiens, en grève pour dénoncer le manque de moyens mis à la disposition de l'établissement, recevront Benoît Hamon le 4 septembre. Le député de la Somme François Ruffin, qui les soutient, a annoncé se retirer des négociations pour que celles-ci aient lieu.
Cela fait 80 jours que les salariés de l'hôpital Philippe-Pinel d'Amiens sont entrés en grève. D'année en année, le personnel a vu ses dotations fondre et quatre de ses services fermer en quatre ans. "Parfois on peut se retrouver avec 28 patients pour un service prévu pour 20. On n'a plus les moyens de fonctionner correctement," déplore Christelle Leclerc, déléguée CGT. Ils demandent à l'agence régionale de santé (ARS) la tenue d'une table ronde pour négocier des créations de poste et des réouvertures de services.
Les députés de la Somme François Rufin (France insoumise) et Barbara Pompili (LaREM) leur avaient rendu visite au mois de juillet. Les deux élus ont depuis appuyé la demande des salariés. Mais ce 3 septembre, le député insoumis a annoncé vouloir se retirer des négociations souhaitées par les salariées. Selon ses mots, sa présence et celle de Barbara Pompili "[fait] peur à l'ARS". "Que redoutent-ils ? Nous ne menaçons personne, nous ne saccageons rien. Ce sont nos mots, nos arguments, qui les effraient", affirme François Ruffin dans un communiqué.
[À dérouler] Cela fait plusieurs mois que les soignants de @pinel_en_lutte, en grève depuis 80 jours, dont 50 sous tentes, demandent une table ronde avec l'ARS. Nous n'avons pas arrêté de soutenir cette demande. Aujourd'hui, j'annonce mon retrait. Voilà pourquoi. #pinelenlutte pic.twitter.com/z9aTYSRJSg
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) 3 septembre 2018
Une présence qui "fait peur"
Grâce à son absence, le représentant espère que la direction de l'hôpital et l'ARS acceptent de rencontrer les employés. "Si la table ronde se tient sans les députés, ça nous convient aussi, explique Christelle Leclerc. L'essentiel, c'est vraiment que l'on retrouve autour tous les acteurs proches de l'hôpital et des soins : le personnel et la direction, les associations familiales et la directrice de l'ARS des Hauts-de-France.""Au fil des années, on fait des économies sur l'hôpital. Aujourd'hui, on peut donner des soins de base à nos patients, mais nous ne sommes plus en capacité de prodiguer des soins psychiatriques, complète Christelle Leclerc. La psychiatrie, c'est de l'entretien, de l'accompagnement, de l'activité thérapeutique, de la relation d'aide. Tout ça, on le fait avec de l'humain. Or l'humain, on le réduit aujourd'hui."
Une étape du tour de France de Benoît Hamon
Mardi 4 septembre, les grévistes recevront la visite d'un ex-candidat à la présidentielle. Benoît Hamon débutera son "tour de France et d'Europe des solidarités" à Amiens, un parcours qui devrait l'amener à rencontrer des acteurs de la "justice sociale" comme le militant Cadric Herrou ou encore l'ex-ministre grec de l'économie Yanis Varoufakis."Nous allons le rencontrer une heure et lui expliquer la situation. Il est là pour alerter, comme les autres élus que nous avons rencontré," souligne la déléguée syndicale, en précisant que leur mouvement reste fondamentalement apolitique.