Grèves et manifestations : baisse de fréquentation, perte de chiffre d'affaires, la délicate situation des commerçants et hôteliers

10e journée de grève mardi 28 mars. Face aux mobilisations à répétition, les commerçants et restaurateurs subissent des pertes de chiffre d’affaires et des annulations de réservation. Une situation difficile pour des professionnels déjà impactés par l’inflation et la crise du Covid.

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"Quand va-t-on commencer à bosser sereinement ? Nos adhérents sont tous pris à la gorge", alerte Bruno Asnar. Le président de l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie de la Somme (Umih)  le principal syndicat patronal du secteur - se dit "très inquiet".

Il décrit "une situation très délicate sur l’ensemble des secteurs d’activités" de l’hôtellerie en raison de la crise sociale actuelle et des mobilisations à répétition, impactant directement la fréquentation des établissements et leur chiffre d'affaires. "On a des remontées d’adhérents extrêmement fragilisés. C’est une situation qui n’est pas de notre fait, mais amène à créer de la dette", explique Bruno Asnar.

Une activité en dents de scie

"Les professionnels n’avaient pas besoin de cette longue période de conflits sociaux. Ça amène des annulations à la fois des séminaires de formation, donc des annulations de chambres chez les hôteliers, mais également des annulations dans les restaurants", poursuit le président de l’Umih.

On le sent surtout le midi pendant les grèves. On ne travaille pas, ce sont des journées blanches.

Bruno Asnar, président de l'Umih 80

"Les commerçants subissent", soupire Gael Mordac, caviste et président de Fédération de commerçants du centre-ville d’Amiens. Il déplore lui aussi une baisse significative de l’activité depuis les mobilisations contre la réforme des retraites. "Quand on a un barriérage avant la manifestation, qui est nécessaire, mais qui vous rend la zone hermétique, la plupart des gens n’accèdent plus aux commerces", explique Gaël Mordac.

"Pour les commerces purs, c’est très contraignant, pour les métiers de bouche, parfois des restaurants vont faire carton plein pendant les manifestations et pour d’autres périodes, c’est la cata complète", ajoute-t-il. Ainsi, face à une activité en dents de scie, les commerces ont énormément de mal à s’organiser en amont.

Il n’y a rien de pire que d’avoir des employés derrière la vitrine et qui se regardent en chien de fusil.

Gaël Mordac, président de la Fédération de commerçants du centre-ville d’Amiens

"C’est compliqué à gérer pour le personnel. Les jours de manifestations, on évite de mobiliser des moyens humains", poursuit Gaël Mordac. "On a beaucoup de mal à avoir des repères, mais ça ne date pas que d’aujourd’hui".

Des professionnels déjà impactés par la crise du Covid et l’inflation

"On ne s’en sort pas depuis le Covid. On est en survie", se désole le président de l’Umih. Depuis la crise du Covid, la résignation est le sentiment qui prédomine chez les hôteliers, restaurateurs.

Cette nouvelle crise s’ajoute aux factures d’énergie qui nous tombent dessus avec des montants qui sont insolents. Plus l’augmentation des matières premières. 

Bruno Asnar, président de l'Umih 80

"Honnêtement, la situation des établissements est très compliquée. L’hiver a déjà été difficile, mais au mois de mars, on est tous en régression", poursuit Bruno Asnar. "On n’est pas sur un climat de confiance et tout ce climat n’est pas porteur d’une dynamique commerciale, sauf qu’on n’a toujours pas fini d’éponger nos dettes précédentes".

Alors, le président de l’Umih appelle les consommateurs à retourner au restaurant et à sortir de chez eux : "Pour que le secteur tienne, il faut que les gens ne nous oublient pas, même s’ils consomment un peu moins, qu’ils gardent le plaisir de partager ensemble".

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