La région connaît régulièrement des alertes de pollution liées à ces microparticules nocives pour la santé.
En France, 13 % des particules fines viennent des Hauts-de-France. Ces micro-particules - neuf fois plus petites qu'un grand de sable - sont cancérigènes. Or chaque année, un habitant de la région en produit environ deux kilos de plus que la moyenne de ses concitoyens. Un écart qui a des conséquences tant environnementales que sanitaires.
Dans le rouge
Avec six millions d'habitants, les Hauts-de-France sont effectivement la troisième région la plus peuplée du pays. Cette densité de population génère un trafic routier important et se couple à une forte activité industrielle (11 000 usines implantées), une agriculture intensive et des besoins importants en chauffage dans les villes. Autant d'activités qui produisent d'énormes quantités de particules fines.
Ajoutons à cela un territoire dénué de relief montagneux, ce qui permettrait de stopper la pollution venue d'Europe du Nord et d'Île-de-France, et l'on obtient une concentration importante de particules fines dans la région. "On a régulièrement en Hauts-de-France une carte qui tourne plutôt vers le jaune voire le rouge avec des épisodes d'informations et recommandations ou d'alerte", souligne souligne Benoît Rocq, directeur adjoint l'ATMO, l'observatoire régional chargé de contrôler la qualité de l'air.
Conséquences sanitaires
Chaque jour, les 14 prévisionnistes de l'organisation analysent et anticipent les pics de pollution. Depuis un an, l'organisme travaille également avec le CHU d'Amiens pour étudier les effets de cette pollution sur la santé. "Ce qui nous intéresse aussi, ce sont les particules ultra-fines [inférieures à dix microns, NDLR], souligne Benoît Rocq. Plus on descend en taille de particules, plus on rentre dans le corps humain et plus l'impact peut être important en termes sanitaires."
Avec Benoît Rocq, directeur adjoint Atmo Hauts-de-France, Alain Robart, patient au CHU d'Amiens et Claire Andrejak, pneumologue au CHU d'Amiens / Reportage de Marie-Charlotte Perrier, Delphine Dubourg, Nathalie Perrin et Thibault Ledez
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©France 3 Picardie
Dans les Hauts-de-France, on estime que la pollution aux particules fines est responsable de 6500 décès par an. Elle est susceptible d'augmenter les risques de cancers, de maladies cardiovasculaires, mais aussi de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Dans le service pneumologie du CHU d'Amiens, 60% des patients souffrent de cette grave maladie pulmonaire.
3000 vies par an
Alain en est atteint depuis plus de vingt ans. Aujourd'hui âgé de 67 ans, il est placé sous oxygène 24h/24 et a dû arrêter la pêche, son loisir de prédilection. "Même mes petits-enfants, j'arrive plus à les mettre sur mes genoux, témoigne-t-il. Donc c'est dur... Je n'ai même plus le droit de m'énerver."
Cette pathologie est causée par certains facteurs comme la cigarette mais les particules fines pourraient être un facteur aggravant. "Cette pollution est très irritante pour les voies aériennes inférieures, souligne Claire Andrejak, pneumologue au CHU d'Amiens. Donc elle peut favoriser, surtout quand on a déjà une pathologie sous-jacente, une aggravation de l'inflammation et une augmentation des symptômes du patient au quotidien."
Dans la région, le taux d'hospitalisation et de mortalité lié à la BPCO est supérieur de 20% à la moyenne nationale, tandis que l'exposition de la population aux particules fines est comprise entre 11 et 17 microgramme par m3. Selon l'OMS, plus de 3000 vies pourraient être épargnées tous les ans en France si ce niveau était redescendu sous les 10 microgrammes.