Un arbitre de 18 ans a porté plainte, samedi 2 avril, après avoir été insulté par un joueur et deux supporters du club du RC Salouël-Saleux dans la Somme et frappé par un autre joueur à l'issue d'un match de U17. Solidaire de la victime, le club a expulsé les deux joueurs fautifs.
Théo Boucher a du mal à réaliser la violence de l'événement. Le jeune homme de 18 ans, qui termine tout juste sa formation d'arbitre central, a été passé à tabac samedi 2 avril sur le terrain de Salouël, tout près d'Amiens dans la Somme, alors qu'il jugeait une rencontre de U17. Souffrant d'une lésion de sept centimètres au crâne, il a décidé de porter plainte contre quatre personnes suspectées de l'avoir insulté et roué de coups.
L'agression s'est produite à l'issue d'un match sans grand enjeu, où le RC Salouël-Saleux (RC2S) accueillait le USOAAS d'Albert dans son stade Marc-Lourselle à l'occasion de la troisième journée du championnat. "Dès le début de la rencontre, j'ai constaté des sifflets venant des tribunes. J'entendais certains parents m'insulter, contester mes décisions, c'était très méprisant," raconte Théo Boucher, dont c'était le premier match en tant qu'arbitre central sans parrain pour l'épauler. La rencontre se termine par une victoire de l'USOAAS sur le score de 0-1.
Énervés par un carton rouge
Alors qu'il accompagne les deux équipes vers les vestiaires comme le prévoit le protocole, Théo Boucher est invectivé par des parents de joueurs de Salouël au niveau du portillon d'accès au terrain. Ils sont furieux que leur équipe ait perdu.
Profitant de l'esclandre des parents, l'un des joueurs a commencé à m'insulter, relate le jeune juge de terrain. Je lui ai alors mis un carton rouge d'après-match, j'ai appliqué le règlement.
Théo Boucher, arbitre de football
"Ce carton est totalement justifié", appuie le président du RC2S, Antonio Dos Santos. Mais la sanction fait sortir de ses gonds la mère du joueur expulsé, qui gifle aussitôt l'arbitre. "Et là, c'est parti assez loin," déplore Théo Boucher.
"Un autre supporter, qui se trouve être le grand frère du joueur sanctionné, est alors venu me frapper à la tête et dans le dos, poursuit l'arbitre. De nombreux témoins m'ont raconté que le joueur expulsé est passé derrière moi et m'a poussé, ce qui m'a fait tomber sur la tête. Ils m'ont aussi expliqué qu'un deuxième joueur de Salouël - je ne sais pas ce qui lui a pris - m'a lui aussi roué de coups alors que j'étais à terre."
Soutenu par les clubs et l'arbitrage
Le jeune homme est alors escorté par le coach de Salouël et des joueurs d'Albert vers le vestiaire des arbitres, où il reste près d'une heure. Là, il contacte le district de la Somme et la police. "Malheureusement, les quatre personnes impliquées étaient parties lorsqu'ils sont intervenus", glisse Théo Boucher, qui a obtenu les noms des fautifs pour porter plainte. Les deux clubs et le district lui ont assuré tout leur soutien. "À Salouël, on n'a pas l'habitude d'avoir des supporters aussi énervés, qui pètent les plombs comme ça", assure Antonio Dos Santos, qui a réuni le bureau du club suite à l'altercation.
Nous avons aussitôt décidé d'expulser les deux joueurs.
Antonio Dos Santos, président du RC Salouël-Saleux (RC2S)
Le président du RC2S va contacter par courrier la commission de discipline pour relater le dramatique événement. Le président du district a assuré le jeune homme qu'il porterait plainte, lui aussi, contre les deux footballeurs violents. L'Union nationale des arbitres de football (UNAF) lui a aussi garanti son soutien.
Cette solidarité a rassuré Théo Boucher sur son avenir. "Juste après l'agression, j'ai craqué devant les policiers en disant que je voulais plus arbitrer, j'étais dégoûté. Mais les nombreux soutiens que j'ai reçus m'ont redonné confiance, j'ai à nouveau envie de retrouver les terrains. Si j'arrêtais aujourd'hui, je donnerais raison à mes agresseurs."