Une femme sur trois aurait besoin d'un soutien financier pour acheter ses protections hygiéniques. Pour pallier ce problème, l'Université de Picardie à Amiens déploie cette semaine 33 distributeurs gratuits dans les sanitaires de ses différents campus.
Resté discret, c'est pourtant un tourment qui préoccupe très fréquemment les étudiantes, et les femmes en général. Que faire lors de la survenue de règles à l'université lorsqu'on n'a pas de protection hygiénique sur soi ? Ou pire, lorsqu'on n'y a pas accès, faute de moyens ? Car selon un sondage réalisé en mars 2021 IFOP pour la marque Eve and co, plus d’une femme sur trois aurait été confrontée à la précarité menstruelle, et ce serait passée de protection faute de moyens financiers.
Pour lutter contre ce phénomène qui touche à la dignité des étudiantes, l'Université de Picardie Jules-Verne (UPJV) a décidé de déployer des distributeurs de protections périodiques sur ces campus la semaine du 7 au 11 mars, soit celle de la journée internationales des droits de la femme (8 mars).
Précarisés par la crise sanitaire
"C'est une heureuse concomitance", sourit Virginie Le Men, vice-présidente de l'UPJV en charge de la vie étudiante. Le projet a germé en juin 2021, suite à des initiatives similaires lancées dans d'autres universités françaises. "On a réalisé une consultation parmi les étudiants et il s'est avéré qu'il y avait un besoin," poursuit-elle.
Beaucoup d'étudiants ont souffert de la crise sanitaire, qui leur a, pour certains, fait perdre leurs jobs dans la culture, dans l'événementiel, la restauration. Et la précarité menstruelle instaurait de plus une inégalité, entre les étudiantes et les étudiants.
Virginie Le Men, vice-présidente de l'UPJV, en charge de la vie étudiante
33 machines en libre-service seront placées dans les sanitaires de tous les pôles amiénois de l'UPJV et de son antenne de Beauvais, de ceux du campus de Saint-Quentin (IUT et INSSET), de ceux de l'IUT de l'Oise à Beauvais et Creil, de l'IUT de l'Aisne à Cuffy-Soissons et Laon, ainsi que ceux de l'INSPÉ de Laon et Beauvais.
Selon le sondage cité plus haut, les femmes les plus jeunes et les plus précaires sont les plus vulnérables face à la précarité menstruelle. 29% des 15-19 ans et 37% des 20-29 ans, mais aussi 48% des femmes percevant moins de 900 euros par mois, confient avoir dû renoncer un jour dans leur vie à une protection hygiénique par manque de moyens financiers.