Témoignage de la famille de Sofiane, tué lors d'une fusillade à Amiens : "Tous les soirs, je cherche où dormir, chez des amis, dans la voiture, parfois dehors"

Un mois après la fusillade, dans un pavillon du quartier nord d’Amiens, où un adolescent est décédé et son frère grièvement blessé, la famille est toujours sans logement. Elle a refusé les hébergements proposés par la mairie d’Amiens.

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Le 13 avril dernier, dans la nuit, une fusillade éclate dans un pavillon de la rue Maurice Ravel, dans le quartier nord d’Amiens. Ce jour-là, plusieurs personnes font irruption dans la maison et prennent pour cible deux frères jumeaux de 16 ans. Blessé à la jambe et à l'abdomen, Sofiane décèdera à l'hôpital, son frère Rayan s'en sort malgré de graves blessures. Mais depuis le drame, la famille, composée de six enfants, est sans logement. Leur pavillon a été placé sous scellé pour l’enquête. Impossible pour eux d’y entrer ni de récupérer leurs affaires.

Une famille SDF

Plus d’un mois après les faits, la famille, qui est hébergée chez des amis, accepte de témoigner sur la situation. Elle vit dans un salon de 10 m2. "Je dors par terre avec le petit et les autres dorment tous dans le canapé. Mon mari aussi dort ici quand il ne trouve pas de place dans un foyer. Parfois, les grands dorment dans la voiture", décrit la mère de famille.

Depuis ma sortie d’hôpital, j’ai du mal à récupérer parce que je n’ai pas de logement fixe

Rayan

De retour parmi les siens, Rayan, l’adolescent blessé dans la fusillade, sait qu’il ne retrouvera pas sa vie d’avant. Avec un trou dans la hanche, une poche d’urine, un diabète qui s’est déclenché après l’attaque, il vit au rythme des soins infirmiers mais aussi des changements d’hébergements provisoires, comme le font ses parents et ses cinq frères depuis le 13 avril. "Depuis ma sortie d’hôpital, j’ai du mal à récupérer parce que je n’ai pas de logement fixe. Je bouge constamment. C’est dur ! Je dors chez quelqu’un, ensuite je rentre ici pour voir mon infirmier, je repars, puis je reviens pour faire mes soins. Et ça, trois fois par jour. Et je rentre me coucher. C’est pas un rythme que j’arrive à suivre", exprime Rayan. Pour lui, cette situation est source d’angoisse. "J’ai un manque, comme un vide. Quand je suis sorti de l’hôpital, j’ai cru que j’allais retrouver mon logement. C’est dur d’être constamment chez des gens. Mais il y a beaucoup de solidarité pour notre famille", confie l’adolescent.

Scolarisé en seconde au lycée Delambre, à Amiens, Rayan n’a pas repris les cours depuis le drame. Le rythme des soins quotidiens ne lui permet pas de suivre sa scolarité. Il a prévu de redoubler son année.

Je n’arrive pas à me concentrer sur les examens que je passe en ce moment

Smaïn, frère de Rayan

Pour Smaïn, son frère ainé, la situation est devenue intenable. Il est inscrit en BTS électrotechnique et tente de suivre les cours tant bien que mal. "J’essaie de continuer mes études mais je ne peux pas récupérer mes affaires scolaires qui sont restés dans la maison. Le lycée m’en a donné. Je n’arrive pas à réviser tranquillement. Tous les soirs, je cherche où dormir, chez des amis, dans la voiture, parfois dehors. Je n’arrive pas à me concentrer sur les examens que je passe en ce moment", explique Smaïn.

Des solutions de relogement

Le 9 mai dernier, soit près d’un mois après le drame, la mairie d’Amiens a proposé un logement à la famille, quartier Degouy, au nord d'amiens, qu’elle a refusé. Notre équipe de France 3 Picardie a rencontré l’avocate des parents, Maître Houria Zanovello qui explique ce refus. "Ils ont refusé d’être relogés dans ce pavillon parce c’est insalubre et le quartier est guettoïsé. Il y a de l’insécurité. Lorsque vous entrez, vous voyez une sorte de casse illégale, des cartons et des objets brulés. La maison est brulée sur le côté. Mes clients se sont dit : "On se moque de nous. On a vécu un drame, notre enfant est décédé, un autre sort de l’hôpital et on leur propose un logement comme celui-là". On a trouvé ça indécent de la part de l’Amsom (Office public de l’habitat de la Somme) et de la préfecture. Depuis leur refus, c’est silence radio. Ils n’ont pas d’autres propositions. Et il ont des enfants mineurs", explique l’avocate.

Mais pour la maire d’Amiens, ce n’est plus de la responsabilité de la ville. "La mairie a proposé, dès le départ, une solution de relogement immédiate dans un hôtel. Ce que la famille a refusé. Ensuite, on a enclenché les choses avec l’Amsom qui a fait la proposition de la maison. La famille a refusé. Là, on entre dans la procédure plus classique du droit commun, le 115, l’accueil d’urgence", relate Brigitte Fouré, maire d’Amiens.

La famille espère une réponse rapide de la préfecture pour un relogement. Elle garde espoir et ne baisse pas les bras.

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