La forêt comestible d'Amiens victime d'actes malveillants : "on ne comprend pas car c'est un lieu ouvert à tous"

Dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 mai, un abri et 4 arbres ont été incendiés sur un terrain situé sur l'Île de Sainte-Aragone, à Amiens. Depuis 2020, l'association de la Graine à l'assiette y a implanté une forêt comestible, accessible au public.

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Un préau de 20 m² avec une toiture de plus de 300 tuiles et 4 arbres partis en fumée. C'est le triste bilan d'un nouvel acte malveillant dont a été victime l'association de la Graine à l'Assiette, dans la nuit de mardi 17 au mercredi 18 mai 2022.

"Mardi soir, j'y suis allée avec une bénévole, se souvient Laure Nicolas, présidente de l'association, tout était impeccable et le matin quand les enfants d'Aragone sont arrivés, ça fumait encore. C'est eux qui ont donné l'alerte". 

Les faits se sont produits sur un terrain situé sur l'Île d'Aragone (entre les quartiers Saint-Maurice et Etouvie) à Amiens. Il appartient à l'association Les Terrasses des bords de Somme, qui met à disposition des lieux à différents porteurs de projet à vocation environnementale. Pour son président, Grégory Sabatier, "c'est la consternation, l'effroi, la colère et l'incompréhension, parce qu'on a ouvert ce lieu au public où on peut circuler librement" .

Actuellement, les Terrasses des bords de Somme accueillent quatre porteurs de projet : Les incroyables comestibles, la Forêt-Jardin Elzéard (FJE), le CAPTP Philippe Pinel (les Enfants d'Aragone) et De la graine à l'assiette qui gère la zone incriminée.

Depuis 2020, De la Graine à l'assiette y expérimente l'implantation d'une forêt comestible, dite "la forêt d'Aragone".

Il y a un mois, pendant les vacances scolaires, l'association avait déjà subi à deux reprises, des dégradations liées à des feux volontaires, alimentés avec des fauteuils en bois de palette. "On pense qu'il s'agit d'un acte criminel puisque de la paille a disparu et nos palettes étaient disséminées un peu partout sur le terrain, constate Laure Nicolas. Elles ont manifestement été utilisées pour incendier notre cabane, dont la charpente était faite avec des poutres de 30 ans d'âge".

Un lieu de convivialité et de partage

La forêt d'Aragone compte une centaine d'espèces différentes plantées grâce à des dons. Elle est entretenue par une cinquantaine de bénévoles, du jardinier expérimenté au professionnel de l'environnement. Chaque dernier dimanche du mois des chantiers collectifs sont organisés. Pour y participer, les inscriptions se font sur le site. 

Grâce à ce projet, l'association veut favoriser une alimentation saine et durable en permettant aux habitants de se nourrir autrement, de renouer avec la saisonnalité et de manger des produits bruts. 

"La forêt d'Aragone est en accès libre. Elle est ouverte à tous ceux qui ont envie d'en profiter, insiste Laure Nicolas. C'est un lieu de convivialité et de partage. Les gens ne l'ont pas respecté. Pourquoi ces actes d'incivilité ? Qu'est-ce que ça pouvait leur faire ? On ne comprend pas". 

Appel aux dons et à la solidarité

Pour l'heure, les deux associations, De la graine à l'assiette et Les terrasses des bords de Somme ne baissent pas les bras. Elles annoncent qu'elles vont ensemble, porter plainte et lancent un appel à la solidarité "pour qu'un abri renaisse de ses cendres". "On cherche des matériaux en dur pour construire peut-être aussi une serre. Pour les plantations, on réfléchit à d'autres espèces. On recherche des plants d'artichauts, rhubarbe, coquelicots, capucines, soucis, courges et tout ce qui est herbes aromatiques comme la sauge et le thym. On espère qu'ils ne viendront pas piller. Le but, c'est d'apprendre le partage". 

"On essaie de mettre en place des activités pour faire découvrir des projets environnementaux, ajoute Grégory Sabatier. Or aujourd'hui, on est obligé de reconstruire différemment pour se protéger et continuer à laisser ces lieux libres d’accès. En concertation avec les autres collectifs qui partagent le terrain, on envisage de déployer une clôture naturelle vers la fin de l'année. On ne se décourage pas. Au contraire, on se soutient avec l'envie de ne pas se laisser faire. De voir grandir les arbres, de voir le sourire des enfants et le bien-être, c'est ce qui nous donne le courage et l'envie de continuer".

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