Le CRS qui avait frappé Mélanie, gilet jaune d'Amiens, lors d'une manifestation en 2019, a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris

Jeudi 16 décembre, le tribunal correctionnel de Paris a décidé de relaxer le commandant CRS jugé pour avoir porté des coups de matraque dans le dos de Mélanie Ngoye-Gaham, gilet jaune, membre des Réfractaires du 80. Les faits s'étaient produits lors d'une manifestation à Paris en avril 2019.

La scène filmée et partagée sur internet avait fait grand bruit lors des manifestations des gilets jaunes en avril 2019 à Paris. On y voyait, l'Amiénoise Mélanie Ngoye-Gaham, membre des Réfractaires du 80, s'effondrer au sol après avoir reçu un coup de matraque dans le dos de la part d'un policier. 

Le commandant CRS, auteur de ce geste, a été relaxé jeudi 16 décembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Le juge estime que le prévenu a fait un usage "nécessaire et proportionné" de la force, se trouvant "face à un groupe insurrectionnel."

Isaâc Guedj, membre des Réfractaires du 80, était présent à l'audience ainsi qu'une quinzaine de gilets jaunes venus soutenir Mélanie. "D'après le juge, tout a été fait dans les règles de l'art. Pour nous, la justice c'est la deuxième ligne de violence qui vient entériner le fait que c'est normal de se faire briser les cervicales par un policier. D'autant qu'il s'agit d'un haut gradé. On a bien vu comment la machine s'est mise en marche pour les protéger", nous confie-t-il. 

La victime aurait dû s'écarter après les sommations

Lors du procès qui s'était tenu en novembre dernier, le parquet avait requis un classement sans suite. Le prévenu comparaissait ainsi devant le tribunal en vertu d'une citation directe.

Rencontrée une semaine après les faits, Mélanie souffrait de séquelles physiques - une entorse aux cervicales et trois disques abîmés - mais aussi psychologiques. "À aucun moment j’ai senti que j’allais me faire charger, j’ai pas entendu de sommation alors que d’habitude, on entend une première sommation, une deuxième sommation, une troisième sommation. Là, je n’en entends pas. Je vois bien que les gens accélèrent le pas, je pense, mais moi je cours pas, je n'ai rien à craindre, je ne fais rien", racontait-elle. 

Pourtant le tribunal a considéré que la plaignante ne pouvait pas ne pas voir que les policiers étaient victimes de projectiles et "qu'un engin incendiaire avait été lancé sur les forces de l'ordre". Il a également relevé que la police avait fait les sommations d'usage avant de disperser les manifestants.

"C'est totalement insensé, rétorque Isaâc Guedj. On lui demande d'avoir de la lucidité dans un cortège où l'on sait qu'il y a de la confusion, du bruit, que l'on n'entend pas les sommations, par contre au policier non. C'est extrêmement dangereux pour la suite."

"Pour une fois on avait toutes les cartes en mains"

Le procès symbolique, était attendu par beaucoup de gilets jaunes, notamment ceux qui ont été blessés lors des manifestations. "Il y avait effectivement beaucoup d'attente, déjà parce que c'est un exploit d'avoir pu identifier le CRS et puis parce que la vidéo, qui tient sur un seul plan, montre toute la scène. Pour une fois on avait toutes les cartes en mains. On avait du mal à voir comment le juge pouvait prendre une telle décision", indique Isaâc Guedj. 

Mélanie Ngoye-Gaham a dix jours pour faire appel. "Pour les autres victimes, il faut persévérer. Cette décision leur servira d'expérience. La violence, désormais, on a l'habitude. Cela ne fait que renforcer notre détermination. Il est hors de question de laisser passer ce genre de choses." conclut-il. 

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