Le porno, un fléau pour les ados et l'image de la femme : "On est exposé à ce genre de vidéos dès qu'on a un téléphone."

Le problème majeur des mineurs exposés aux vidéos pornographiques est à prendre par les cornes quand on est parents. Selon les spécialistes interviewés, les images circulant sur les réseaux sociaux sont de plus en plus violentes et ne reflètent pas la réalité d'une relation sexuelle consentie entre deux adolescents. Comment éduquer nos garçons et nos filles ?

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Selon l’étude de l’Ifop de 2023, plus d’un garçon sur trois avait visité  un site X avant ses 12 ans, soit trois fois plus qu’en 2013 ! Je suis allée parler de porno avec des lycéens, filles et garçons... Entre quelques rires gênés, ils m’ont confirmé cette statistique dangereuse.

Un jeune lycéen raconte : "On est exposé à ce genre de vidéos dès qu'on a un téléphone, une tablette avec l'accès aux réseaux sociaux vers 11-12 ans. À cet âge-là, on tombe dessus par hasard."

Cette jeune femme de 17 ans a conscience de l'impact de la porn-culture sur l'image des femmes : "Les jeunes de 12 ans qui regardent ce type de vidéos, cela peut changer leur rapport aux femmes. Ils peuvent penser alors qu'une fille est une prostituée si elle a couché avec plusieurs garçons. C'est la théorie de la fille facile qui nous colle alors à la peau !"

Cela peut changer leur rapport aux femmes. C'est la théorie de la fille facile qui nous colle alors à la peau !

Lycéenne

Elise Toussaint, membre du CIDFF80, intervient dans les établissements scolaires de la Somme. Elle dispense des cours de la vie affective et sexuelle : "Le fait de regarder des vidéos pornographiques très tôt, cela devient leurs normes au niveau de leur propre sexualité avec une image de la femme qui est mise à mal."

L’amendement Mercier au point mort

L’amendement Mercier, adopté par le Sénat le 10 juin 2020, oblige les sites pornographiques gratuits à vérifier que les consommateurs sont bien majeurs. Dans les faits, ce n'est toujours pas le cas en 2024, car il suffit de cliquer sur la touche "je suis majeur" pour accéder aux contenus de sites pornographiques très connus. La sénatrice Marie Mercier se dit totalement écœurée par cette inaction de l’État français et de l’Europe, incapables, selon elle, d’obliger les sites à vérifier vraiment l’identité des consommateurs via leur carte d’identité, comme c’est le cas depuis peu dans l’État de Louisiane aux États-Unis.

Marie Mercier, sénatrice (LR) de Saône-et-Loire s'insurge : "Il y a cinq sites qui ont été mis en demeure de contrôler l'âge des utilisateurs. Ils n'ont rien fait. Ils ont une puissance énorme grâce à leurs milliards de vues. Ils ont des avocats partout. Les sites pornographiques s'arrangent pour contourner la loi et ils y arrivent."

Ils ont des avocats partout. Les sites pornographiques s'arrangent pour contourner la loi et ils y arrivent.

Marie Mercier, sénatrice (LR) de Saône-et-Loire

Banalisation des pratiques violentes

Dans le livre de la journaliste Aurélia Blanc, Tu seras un homme féministe, mon fils! , on découvre des statistiques dramatiques concernant l'image des femmes. Selon l'étude Ifop 2023, parmi les hommes qui ont visionné leur premier contenu X avant 11 ans, 53% pensent que même si elles ne le disent pas, beaucoup de femmes prendraient du plaisir à avoir mal lors d’un rapport sexuel. 4 à 5 femmes sur 10 rapportent avoir été initiées contre leur gré à des pratiques popularisées par la porn-culture (éjaculation faciale, sodomie, facefucking)

Diane Deswarte, sexologue, créatrice du club Kamami, explique que les cours de la vie affective et sexuelle doivent se développer dans les établissements scolaires pour faire rempart à la vision négative véhiculée par les vidéos pornographiques : "Il n'est pas du tout question d'apprendre aux enfants à se masturber. Les contenus sont adaptés à chaque âge pour les aider à appréhender leur corps, le consentement et le respect de l'autre."

Dernier rempart : les parents

En tant que parents, ce n’est pas simple, mais vous pouvez commencer tôt à distiller quelques idées comme le consentement à vos enfants de moins de 11 ans. Il est intéressant de les prévenir qu’ils peuvent tomber sur des images choquantes s’ils surfent sur YouTube en regardant des vidéos ou encore sur Instagram. Il est bon de leur rappeler que cela reste de la fiction et que cela ne reflète pas une relation amoureuse et sexuelle de deux adolescents. Dans une relation "saine", il y a de l’affection, des câlins, le respect du "non" quand le partenaire ne veut pas accomplir tel ou tel acte.

Et enfin, mieux vaut bloquer les sites qui ne sont pas en règle avec la protection des mineurs avec le contrôle parental. De quoi se prémunir même s'il existe des logiciels pour le contourner. Soyez vigilants et attendez le plus possible avant de leur mettre des portables, des tablettes dans les mains.

Écoutez les conseils de la journaliste Aurélie Blanc, autrice du livre Tu seras un homme féministe, mon fils ! :

durée de la vidéo : 00h01mn02s
Interview de la journaliste Aurélia Blanc ©FTV

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information