Certains médias se retrouvent bien en peine d’organiser des débats avec les candidats aux élections législatives anticipées. C'est le cas dans les Hauts-de-France où de nombreux candidats ont refusé de participer aux débats organisés par France 3. Chez nos confrères du Courrier picard, un débat s’est terminé par une interview, faute de participant.
Dans un temps record, les rédactions doivent organiser des débats politiques. À France 3, les premiers débats ont eu lieu le mercredi 19 juin et 26 juin, avant le premier tour des élections législatives. Les derniers ont lieu ce mercredi 3 juillet. Et toujours les mêmes difficultés : réunir tous les invités et respecter les temps de parole. Chaque débat doit être représentatif des forces politiques du pays. Or, nombreux sont les candidats ayant décliné l’invitation.
En Picardie, dans les 17 circonscriptions des trois départements, six candidats, tous issus du Rassemblement national, ont été élus dès le premier tour. Reste donc 11 circonscriptions, dont neuf duels et deux triangulaires. Dans l’Oise, parmi les neuf candidats invités en plateau pour ce mercredi 3 juillet, six ont décliné, tout parti confondu : deux candidats LR, un candidat LFI, un candidat PS et deux candidats RN.
Des refus en cascade en Picardie
Dans la Somme, parmi les huit candidats invités à débattre sur notre antenne France 3 Picardie, trois ont refusé. C’est le cas de Nathalie Ribeiro-Billet, candidate Rassemblement national de la 1ʳᵉ circonscription, arrivée en tête lors du premier tour, qui a également annulé sa présence au débat organisé au Courrier picard, mardi 2 juillet. François Ruffin, candidat Nouveau Front populaire, invité lui aussi, s’est donc retrouvé seul sur le plateau.
Il s’est dit "estomaqué de débattre face à une chaise vide". "Si elle n’ose pas venir ici pour débattre avec moi, comment va-t-elle faire pour défendre nos emplois, notre pouvoir d’achat, nos écoles, nos usines, à Paris, à l’Assemblée, dans les médias ?" s’est interrogé le candidat sortant, lors de l’émission qui a pris la forme d’une interview. La candidate, invitée à France Bleu Picardie ce 3 juillet dans la matinée, a pourtant débattu avec François Ruffin pendant 20 minutes. Un débat filmé et retransmis sur le site de France Bleu Picardie.
Je fais le choix de privilégier le terrain et le contact avec les électeurs au cours des trois derniers jours de campagne.
Hubert de Jenlis, candidat Renaissance dans la 2e circonscription de la Somme
Dans la 2ᵉ circonscription de la Somme, Hubert de Jenlis, candidat Renaissance, a décliné l’invitation de France 3 à venir débattre pour le second tour, face à Zahia Hamdane (LFI) et Damien Toumi (RN). Il nous a fait savoir qu’il "fait le choix de privilégier le terrain et le contact avec les électeurs au cours des trois derniers jours de campagne". Lui aussi a accepté le débat sur France Bleu Picardie, lundi 1ᵉʳ juillet, face à ses opposants.
Dans la deuxième circonscription de l’Aisne, Julien Dive, candidat LR et Philippe Torre, candidat RN, ont tous deux choisi de décliner notre invitation à débattre pour le second tour. Lors du premier tour, l’avocat, candidat RN, avait expliqué son impossibilité de venir au débat du 26 juin par une convocation au Tribunal de Paris de son client, Éric Ciotti. Mais il a également refusé toute participation au débat de sa suppléante, dont le rôle est de remplacer le candidat en cas de désistement.
Des débats annulés faute de participants
Sur l’antenne de France 3 Nord-Pas-de-Calais, un des débats du mercredi 26 juin a dû être purement et simplement annulé, faute de participants. Bastien Verbrugghe, candidat RN de la 10ᵉ circonscription du Nord a décliné l’invitation. Puis c’est Leslie Mortreux, candidate LFI, qui a refusé le débat à la dernière minute. Gérald Darmanin, candidat Ensemble-Renaissance, a immédiatement exprimé sa déception dans une vidéo postée sur X, le jour prévu du débat. "Avant-hier, c’est le candidat RN qui a sans doute eu un peu peur de venir parler des projets un peu délirants économiquement du Rassemblement national. Aujourd’hui, c’est la candidate de La France insoumise. C’est extrêmement dommageable. Dans une démocratie, il faut pouvoir débattre pour que les électeurs puissent se faire un avis".
Quel scandale… pic.twitter.com/MHsk4tziXI
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) June 26, 2024
Les absences de candidats compliquent l’organisation des émissions, surtout lorsque la réponse est envoyée à quelques minutes de l’antenne, mettant en péril le débat démocratique. "Les débats organisés partout en France par les rédactions régionales de France 3 ont vocation à éclairer les citoyens sur les enjeux de leur circonscription et les choix qu’ils souhaitent faire pour la France. Ils contribuent à faire vivre la démocratie à laquelle chaque formation politique est sans aucun doute attachée. Aussi, nous regrettons cette situation préjudiciable à la qualité de la confrontation des idées, plus que jamais nécessaire en période électorale", indique Erik Berg, directeur de l’information des régions à France 3.
Le respect de l'équité
Ces désistements ont un impact sur les volumes de temps de parole dont bénéficie chaque formation politique. Des temps de parole décomptés, à la seconde près, par les rédactions audiovisuelles, qui doivent ensuite rendre des comptes à l'Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Un exercice rendu difficile pour les équipes, particulièrement cette année pour ces élections législatives anticipées.
Les médias locaux des autres régions de France ont également essuyé de nombreux refus de candidats lors de cette campagne. France Bleu Gascogne a rapporté, à nos confrères de Franceinfo, que "les trois candidats Rassemblement national encore qualifiés pour le second tour des élections législatives dans les Landes ont décliné l'invitation lancée. Dans l'histoire de France Bleu Gascogne, c'est du jamais vu".
Certains candidats expliquent qu’ils n’ont pas le temps, d’autres, qu’ils ont peur de débattre en direct. Des situations similaires ont été observées dans les Pyrénées orientales, l'Indre, l'Indre-et-Loire, la Haute-Garonne, l'Isère, le Bas-Rhin, la Charente-Maritime et le Loiret. Au total, au moins 21 candidats du Rassemblement national ont annulé ou refusé de débattre sur les antennes de France Bleu, à quelques jours du second tour des élections législatives anticipées, selon un décompte réalisé mardi 2 juillet par le réseau de radios locales du service public.
Quant au débat national, après une première soirée, organisée la semaine dernière par TF1, qui opposait Manuel Bompard (LFI) à Gabriel Attal (Ensemble) et Jordan Bardella (RN), puis une seconde, sur France 2, avec Olivier Faure, comme débatteur du Nouveau Front populaire, le débat d’entre-deux tour change de formule, ce mercredi 3 juillet. BFM TV a dû revoir le format de son émission. Jordan Bardella a fait savoir qu’il souhaitait débattre avec Jean-Luc Mélenchon (LFI) et non Marine Tondelier (EELV), représentante du NFP et "experte" du RN, en tant qu’élue à Hénin-Beaumont.
J’ai bien compris que @J_Bardella ne souhaite pas débattre avec moi.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) July 1, 2024
Et pourtant je ne vais pas lâcher l’affaire.
Sinon les femmes et l’écologie continueront d’être invisibilisées dans cette campagne, ce qui est un vrai problème.
Mais comme tout le monde l’a bien compris ça… pic.twitter.com/wK4k9Yp4ke
Cette fois, les candidats auront une heure chacun leur tour pour exposer le programme de leur groupe politique. La constitution des plateaux de débats a toujours fait l’objet d’âpres négociations, mais cette année, les candidats donnent le la.