Une pétition appelant à "sauver" les hérissons dépassent désormais les 267 000 signatures. En Picardie, comme au niveau national, de nombreuses associations se mobilisent pour protéger ce mammifère. En ce début d'année 2023, des bénévoles constatent des comportements anormaux et alertent sur les risques encourus par cette espèce.
Protéger de petits mammifères aux poils piquants, Anne Fingar en a fait son combat. Avec son époux, Patrick Fingar, ils ont créé un sanctuaire à Fouencamps, à une vingtaine de minutes d'Amiens.
Depuis 1998, 1 790 hérissons y ont été accueillis. "On les soigne, on les amène chez un vétérinaire s’il y a besoin d’une chirurgie, on fait les soins pré et post-opératoires."
C’est une espèce qui a côtoyé les mammouths et qui va peut-être disparaître. Ça fait 25 ans que j’alerte sur la baisse du nombre de hérissons !
Anne FingarFondatrice du Sanctuaire des hérissons
Ce couple de Samariens veut sensibiliser à une espèce en danger, pourtant protégée depuis 1981. "On sollicite le ministère de l’Environnement, le Parlement européen... Tout le monde s’en fout", souffle Anne Fingar.
Une pétition pour "sauver" les hérissons
Logiquement, ces deux passionnés ont apposé leurs signatures à une pétition intitulée "Sauvons les Hérissons, Biodiversité en Danger !"
Au total, plus de 267 718 personnes ont déjà signé ce texte qui dresse un constat alarmant : "Bien qu’aucune étude sérieuse n’ait été menée en France, on estime que l'espèce hérisson sera quasiment éteinte en 2025, avec des territoires d'où il aura totalement disparu, et d'autres avec des effectifs si réduits qu'ils ne seront plus en mesure de se reproduire, et donc condamnés à disparaître."
D’une association à l’autre, les avis divergent sur cette année d’extinction, mais tous s’accordent sur un point : la population de hérissons diminue et plusieurs facteurs peuvent l'expliquer.
Les causes de mortalité
Si la plupart des hérissons sont tués sur les routes, l'urbanisation peut aussi expliquer leurs décès. "La disparition des bocages, donc de leur biotope, oblige le hérisson à se réfugier dans nos jardins où il encourt d’autres dangers : blessures occasionnées par des tondeuses à gazon, feux de feuilles, noyade (piscine)", explique le Sanctuaire des hérissons.
En plus des parasitismes (tiques, puces), l’espèce fait aussi face au dérèglement climatique.
Les adultes s'accouplent de plus en plus tard alors certains bébés ne survivent pas à l'hibernation, faute de réserves suffisantes.
Anne FingarFondatrice du Sanctuaire des hérissons
L’association Picardie Faune Sauvage vient par exemple de recueillir une "châtaigne" de 230 g. "Les jeunes de ce poids, au mois de janvier, ce n’est pas normal ! Les hérissons ne trouvent plus leurs cycles par rapport aux saisons", confirme Christophe Rousseau, son responsable.
Dans son centre de soins, basé à Boissy-Fresnoy, l'association accueille actuellement une quarantaine de hérissons qui seront libérés au printemps, "lorsqu'ils auront atteint un poids correct".
Le bénévole souligne un autre souci majeur : les pesticides. "Les hérissons sont insectivores. Ils se nourrissent par exemple de limaces ou d'escargots. Si des produits sont utilisés pour tuer ces insectes, les hérissons les ingèrent aussi."
Si vous empoisonnez un élément de la chaîne alimentaire, cela impacte aussi tous ceux qui vont manger derrière.
Christophe RousseauAssociation Picardie Faune Sauvage
Des conseils pour préserver l'espèce
"Si on veut sauver l’espèce, il faut une mobilisation générale. Les centres de soins ne suffiront pas. Il faut que les gens les accueillent correctement dans leurs jardins", tranche Anne Fingar.
Pour la bénévole, chacun peut réaliser des actions simples : "garder des coins sauvages", "mettre des croquettes et des points d'eau" ou encore "créer des passages entre deux jardins." Sur son site internet, le Sanctuaire des hérissons propose aussi une notice avec les bons gestes d'urgence à adopter.
Pour rappel, le hérisson est un animal nocturne. S'il est aperçu en pleine journée, cela est anormal et signifie probablement qu'il se trouve en détresse.