En attendant la prochaine grosse journée de mobilisation annoncée pour le jeudi 23 mars, quelques manifestations ont eu lieu dans les Hauts-de-France. Au cœur des conversations, l'usage du 49.3 annoncé par Élisabeth Borne.
C'est devenu une habitude depuis la mi-janvier : chaque samedi et chaque jour de grève nationale, des centaines, voire des milliers de manifestants se retrouvent sur le parvis de la Maison de la Culture à Amiens pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du projet de réforme des retraites.
"Le 49.3 a été ressenti comme un affront"
Cette semaine, le 49.3 dégainé par Élisabeth Borne et les motions de censure déposées par deux groupes parlementaires alimentent les conversations dans le cortège. "Nous sommes combattifs, déterminés, on sait que l'opinion publique est avec nous. On sait qu'on a raison puisque l'utilisation du 49.3 est un aveu de faiblesse clair du gouvernement, analyse Franck Davion, représentant départemental du syndicat FO lycées et collèges. La mobilisation est toujours là, il y a un regain depuis le 49.3, qui a été ressenti comme un affront par les manifestants et les grévistes."
François Ruffin dans le cortège
Le médiatique François Rufiin, député insoumis connu pour son sens de la formule, fait partie de la foule. "Jusqu'ici, on avait un Macron qui s'asseyait sur la France qui travaille, qui se lève tôt, qui a mal au dos, qui va au boulot, et maintenant, on a en plus un Macron qui s'assoit sur la démocratie, estime-t-il. Aujourd'hui les gens viennent dire non. Ça fait des semaines qu'ils disent non, qu'il y a des millions de personnes dans le pays qui disent non."
Le député a déjà annoncé, comme le reste de son groupe parlementaire, qu'il voterait pour la motion de censure initiée par le groupe centriste LIOT. Mais il croit avant tout à l'efficacité d'une pression populaire. "Il faut donner confiance aux gens, il y a moyen maintenant de plier le match, aujourd'hui, jeudi, vendredi aussi. Il faut que les gens reprennent confiance dans leur force, ils ont déjà imposé une première défaite au gouvernement. (...) Ceux qui sont forts, ce sont ceux qui sont ici, c'est pas Macron, tout seul à l'Élysée dans son palais."
Un avis partagé par Flavie Quilan, responsable de l'Unef à Amiens : "On est tous très très énervés à cause du 49.3. (...) La solution passe par la rue. Elle se trouve aussi au Parlement parce qu'il y a des moyens législatifs pour ne pas faire passer cette réforme, mais la rue est souveraine."
Mobilisations dans l'Oise
Plus tôt dans la journée, des rassemblements ont eu lieu dans l'Oise. Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées à Beauvais, avec un espoir ravivé. "On dit toujours que le 49.3, c'est la fin, mais nous on dit que c'est une victoire pour les syndicats puisque s'il n'y avait pas eu de pression sociale, il n'y aurait pas eu de 49.3. Le gouvernement aurait trouvé une majorité. Là, il a été incapable de trouver une majorité, donc ça veut dire qu'il est minoritaire dans le pays, assure José Bailadeira, secrétaire de l'union locale CGT du Beauvaisis. Le 49.3 n'arrête pas la lutte."
"Vous avez dans la rue des gens qui en ont marre d'être méprisés depuis le 19 janvier, estime Pierre Ripart, secrétaire départemental SNUipp-FSU. Le gouvernement est fébrile, il n'a pas été capable de soumettre cette loi au Parlement, donc le 49.3, c'est leur défaite, et c'est notre première victoire",
À Compiègne aussi la manifestation matinale a rassemblé plusieurs centaines de personnes.
À noter toutefois qu'il y a eu moins de rassemblements que d'habitude sur l'ensemble de la région. Les syndicats comptent désormais sur la journée du 23 mars pour multiplier les manifestations sur tout le territoire, et bloquer le pays par des grèves dans plusieurs secteurs.