Ce jeudi 29 juin, les services de la ville d'Amiens nettoyaient les stigmates d'une nuit de heurts. Une flambée de violences qui survient deux jours après la mort de Nahel, un adolescent tué à Nanterre par un tir de policier après un refus d'obtempérer.
Comme dans d'autres villes en France, la mort de Nahel a provoqué de nombreux heurts à Amiens. Dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin, plusieurs quartiers populaires de la ville ont été en proie à un déchainement de violences.
Au total, 54 incendies ont été comptabilisés par la préfecture de la Somme. "Plusieurs dizaines de policiers nationaux, de sapeurs-pompiers et un renfort de la gendarmerie départementale sont intervenus jusque 4 heures du matin pour rétablir l'ordre et éteindre les feux", indique-t-elle.
Dans le quartier nord, un bus a été incendié avenue de la Paix. "J'ai eu au téléphone le chauffeur de bus tout à l'heure, il a cru sa dernière heure arriver parce que c'était durant son travail, des personnes ont pénétré dans le bus et l'ont incendié alors qu'il y avait des passagers à l'intérieur", rapporte Brigitte Fouré, la maire d'Amiens.
Le réseau de transport Ametis a décidé en début de matinée que les bus de la ville ne circuleraient pas dans les quartiers d'Étouvie, Amiens Nord et Condorcet ce jeudi 29 juin. La circulation s'arrêtera à 22 heures ce même jour et des déviations seront mises en place vendredi 30 juin.
"Il y avait eu déjà des dégradations, mais pas à ce point-là"
Dans le quartier nord, la mairie de secteur et la piscine Le Nautilus ont également été prises pour cible. "Il y a eu un départ de feu dans la cafétéria et un ensemble de dégradations dans la partie administration. On essaye de sécuriser pour cette nuit. Il y avait eu déjà des dégradations, mais à ma connaissance, pas à ce point-là", nous confie Laurent Couvert, directeur du Coliséum.
Non loin de là, c'est l'Odyssée, un centre d'amination jeunesse municipal qui a subi de lourdes dégradations. Une dizaine de personnes est venue se rassembler devant le bâtiment ce jeudi matin, constatant avec tristesse les dégâts.
Des dégâts visibles aussi dans le quartier Marcel Paul Salamandre au sud-est d'Amiens. Rue de Cagny, des commerces ont été vandalisés. Les agents de la ville étaient par ailleurs à l'œuvre pour enlever les carcasses de voitures brulées rue Marcel Paul.
Des dégradations importantes jusqu'à la rue Victorine Autier, en bordure des hortillonnages. Un centre d'insertion a été totalement détruit. L'ensemble du bâtiment qui comprenaient notamment des ateliers de couture et menuiserie a été incendié. 90 personnes travaillaient actuellement dans ce lieu.
"Cette colère, je la comprends"
Dans le quartier d'Etouvie, c'est une médiathèque en construction qui a été prise pour cible. Les pompiers étaient encore à l'œuvre jeudi matin pour tenter d'éteindre les incendies. "Ça me dégoute de voir ça, on avait quelque chose de valable et maintenant, c'est foutu. C'est triste parce que le quartier a besoin de vivre", nous confie un résident du quartier qui habite ici depuis plus de 20 ans.
"Je pense que les jeunes ont raison de se révolter, ils l'ont fait de la mauvaise manière, mais ils ont raison, soutient un habitant du quartier. Cette colère, je la comprends, d'autant que ce n'est pas la première fois que cela arrive."
"Je suis partagée entre la sidération comme les habitants et la colère parce que tous les bâtiments qui ont été endommagés cette nuit, ce sont des bâtiments au service des habitants, qui sont là parce qu'ils sont utiles aux enfants et aux familles (...) C'est de la stupidité pure et de la délinquance profonde et j'attends des pouvoirs publics une réaction forte, de la police, mais aussi de la justice", réagit la maire d'Amiens.
Des dégâts ont eu lieu également dans le département de l'Oise à Creil, Compiègne, Beauvais, mais aussi à Montataire, Villers-Saint-Paul, Méru ou Noyon et dans le Nord où des bâtiments municipaux et notamment une école ont été incendiés.