"On n’a pas demandé à être dehors" : face à l'arrêté anti-mendicité à Amiens, les sans-abris sont dans l'incompréhension

La mise en place de l'arrêté anti-mendicité de la mairie d'Amiens, de mai à août 2024, provoque la colère chez les associations. Du côté des premiers concernés, les sans-abris sont déçus et blessés par cette prise de décision de la municipalité.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Comment ça va aujourd’hui ?" Après plusieurs années dans la rue, Adeline est depuis cinq ans bénévole dans l’association aux Maraudes citoyennes amiénoises. Désormais, c’est elle qui va à la rencontre des sans-abris et elle est en colère à cause d'un arrêté anti-mendicité, appliqué à Amiens depuis le 1ᵉʳ mai 2024.

Il est employé dans plusieurs rues de l'hypercentre de la ville, entre 8 heures et 20 heures, jusqu'au 31 août 2024. Face à cette décision de la mairie, Adeline ressent aussi une vive inquiétude pour deux raisons principales: "D’abord pour l’accès à la nourriture, puis le contact humain. Le fait d’avoir un sourire, un bonjour, un regard, d’un sens, c'est ce qui leur manque", précise cette bénévole.

"Pour eux, j’ai l’impression qu’on salit la société"

Avant même l’arrêté, Olivier affirme s’être fait verbaliser alors qu’il mendiait avec ses chiens. Une amende qu’il ne peut payer faute de ressources, mais surtout une sanction blessante.

"Pour eux, j’ai l’impression qu’on salit la société. Mais nous, on n’a pas demandé cette situation, on n’a pas demandé à être dehors du jour au lendemain et de galérer pendant une vie entière", énumère ce sans-abri, à la rue depuis 11 ans.

Il raconte qu'il s'est déjà fait cracher dessus à plusieurs reprises quand il faisait la manche. "Il faut arrêter avec la mauvaise image de la personne de la rue. On essaie de s’en sortir tous", livre Olivier.

Une demande de suspension en référé examinée

Comme ce sans-abri, Tony, mis dehors à l’âge de 13 ans, s’efforce aussi de récolter quelques euros pour se nourrir ou laver son linge. Il ne comprend pas non plus cette décision de la municipalité : "On veut nous écarter. Déjà dans les foyers, il n'y a pas de place, je dors dans des souterrains. Cette nuit, par exemple, j'ai dormi aux Jacobins. C’est dur… Cet arrêté, ça ne va rien changer, les gens vont continuer à faire la manche", explique-t-il.

Cet arrêté, ça ne va rien changer, les gens vont continuer à faire la manche

Olivier, sans abris depuis l'âge de ses 13 ans

De son côté, la maire d'Amiens se refuse à tout commentaire, mais assume sa décision. Elle estime dans son arrêté "que la mendicité dans les rues de l'hypercentre d'Amiens, aux abords des commerces (...) constitue une occupation abusive du domaine public de nature à causer des troubles à l'ordre public en générant des attroupements avec parfois de l'alcoolisation."

Olivier et Tony ne nient pas ces problèmes d’agressivité, mais ils refusent les généralités et espèrent juste pouvoir mendier avec un peu plus de tranquillité. Ce mardi 14 mai 2024, le tribunal administratif d'Amiens examinera une demande de suspension en référé, car plusieurs associations ont déposé un recours contre cet arrêté anti-mendicité.

Avec Emilie Boulenger / FTV

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information