Un arrêté anti-mendicité expérimenté à Amiens cet été : "l'objectif, c'est aussi de marquer le coup vis-à-vis de l'extérieur"

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La mairie d'Amiens a annoncé l'expérimentation d'un arrêté anti-mendicité de mai à août. Il sera limité à plusieurs rues du centre-ville. Cette déclaration fait suite aux nombreuses demandes des commerçants du centre-ville.

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La ville d'Amiens compte actuellement une trentaine de mendiants dans le centre-ville. Eux-mêmes disent qu'ils sont de plus en plus nombreux, mais sont-ils trop agressifs comme le rapportent certains commerçants ?

"Ça existe, reconnaît Mickaël, sans domicile fixe, moi, je ne vous cache pas, ça m'arrive de péter des câbles. Il y a 500 000 personnes qui ont du mal à dire bonjour. À longueur de journée, c'est clair que le cerveau craque".

"Il y a aussi des personnes très sérieuses dans leur façon de faire leur manche, renchérit Ross, lui aussi sans domicile fixe, et eux, on n'a pas à les mettre dans le même panier. On est des fantômes".

Agressivité ou non, pour certains commerçants, le bruit, voire la simple vue de cette mendicité est un problème pour l'image et le business.

"Du matin au soir, il se passe beaucoup de choses, rapporte Aurélien Amiache, commerçant dans l'hypercentre d'Amiens. On a des gens qui ont peur, des clients qui nous le disent donc il faut littéralement que les choses soient propres et qu'on revienne à une normalité".

Une ville "propre" pour les JO

La mairie a fini par céder. Par arrêté, de mai à août 2024, dans l'hypercentre piéton, les policiers municipaux pourront verbaliser les SDF au comportement agressif ou leur demander de partir.

"Il y a beaucoup de mesures prises pour les plus démunis, indique Brigitte Fouré, maire (UDI) d'Amiens, donc je pense pouvoir dire qu'il faut que chacun soit respectueux de l'autre, mais l'objectif, c'est aussi de marquer le coup vis-à-vis de l'extérieur".

À l'approche des Jeux olympiques, cette décision vise à décourager l'arrivée de démunis, actuellement chassés d'autres villes. "Paris et certainement Lille, les grandes villes sont en train de virer toutes les personnes qui les dérangent et Amiens est au milieu, note Martine Tekaya, vice-présidente de l'association Femmes solidaires 80. Mais la solution n'est pas de réprimer, mais de prendre en charge ces personnes".

"L'arrêté pourrait être annulé"

Depuis 1993, à la suite d'une réforme du Code pénal, la mendicité n'est plus considérée comme un délit. Alors la même année, pour lutter contre les mendiants, certaines mairies décident de recourir à des arrêtés. Pour les associations, le combat se joue dès lors sur le terrain judiciaire. Savoir si ces arrêtés sont légaux ou non, la décision tombe en 1995 : oui, ils sont légaux sous certaines conditions et ils ne peuvent être pris que pour une période donnée et des lieux précis.

Juridiquement, la ville d'Amiens doit pouvoir démontrer que des troubles à l'ordre public ont déjà été causés par les mendiants.

"La commune peut très bien recueillir les plaintes des administrés, explique Jonathan Porcher, avocat en droit public, elle peut très bien avoir des remontées de ses propres services municipaux. Si c'était juste une mesure de façon à nettoyer la ville, l'arrêté pourrait être annulé par le juge administratif."

"Ce n'est qu'une expérience", insiste la mairie. Et si cela ne marchait pas, plus personne ne pourrait lui reprocher de ne pas avoir essayé.

Avec Mickaël Guiho / FTV

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