Pénurie de matières premières : la guerre en Ukraine pourrait avoir un impact sur la pose de prothèses de hanche et de genou au CHU d'Amiens

La guerre entre la Russie et l'Ukraine pourrait avoir à terme des conséquences sur la pose de prothèses de hanche ou de genou. Ces deux pays fournissent majoritairement les matières premières qui servent à les concevoir. Leur fabrication est aussi rendue compliquée avec l'augmentation du prix de l'énergie.

Au CHU d'Amiens comme dans d'autres hôpitaux, la pose d'une prothèse de hanche ou de genou est aujourd'hui assez fréquente. Ces opérations surviennent lorsqu'un patient souffre d'une articulation usée.

Celle-ci est alors remplacée par des pièces mécaniques qui contiennent du titane et de la céramique ."On utilise très souvent du titane, car ce matériau a des propriétés élastiques. Des propriétés qui sont très proches de celles des os", décrit Olivier Jardé chirurgien orthopédiste au CHU d'Amiens. 

De possibles difficultés d'approvisionnement

C'est sur l'approvisionnement de ces matériaux que les hôpitaux sont préoccupés quant à de possibles conséquences sur le futur. Le titane n'est pas un matériau rare, mais il provient massivement de pays qui sont actuellement en guerre.

"Il n' y a pas encore d'impacts directs, mais c'est une crainte que nous avons depuis le début du conflit entre la Russie et l'Ukraine. Une grande partie du titane utilisé en chirurgie pour fabriquer des prothèses provient de ces pays", atteste Patrice Mertl, chef du service de chirurgie orthopédique au CHU d'Amiens. 

Pas de pénurie donc pour le moment, d'autres pays comme l'Australie et l'Inde produisent du titane. Pour le service du CHU d'Amiens qui pose 1 200 prothèses par an, les stocks actuels des industriels permettent encore d'en fabriquer.

"Il y a d'autres sources d'approvisionnement, mais on sent quand même qu'il y a des tensions qui vont arriver."

Patrice Mertl

Chef du service de chirurgie orthopédique au CHU

L'impact de la hause du prix de l'énergie

Les plus grandes craintes sont ailleurs. Elles concernent le coût de production de la céramique, qui est contenue dans une prothèse. Produire ce matériau nécessite en fait beaucoup d'énergie. 

"Il faut une température très élevée, sur une longue durée et donc c'est excessivement consommateur de gaz et on sait les incertitudes actuelles sur le prix du gaz et son augmentation...", explique le professeur Olivier Jardé. Les industriels de la prothèse ont chiffré à 15 % l'augmentation des coûts de production. 

"On risque d'avoir un prix de revient de la production de la céramique supérieur au prix de vente. Dans ce cas-là, l'industriel va tout simplement s'arrêter."

Olivier Jardé

chirurgien orthopédiste au CHU d'Amiens.

Aujourd'hui, il n'y a que très peu de prothèses qui sont produites en France. L'arrêt de la production de la céramique pourrait forcer le monde médical à s'orienter vers d'autres prothèses en plastique, qui s'usent beaucoup plus vite. À terme, faute de prothèses qu'on ne peut remplacer, des opérations pourraient être déprogrammées.

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