Libraire à Amiens, Quentin Tissot a une passion dévorante : les mangas. En 25 ans de collection, il a accumulé plus de 20 000 exemplaires.
Les Français adorent les mangas : nous sommes le deuxième pays le plus consommateur après le Japon. Quentin Tissot, libraire à Amiens, vit avec cette passion depuis son enfance.
Tout a commencé avec les premiers animés diffusés en France dans les années 90 avec le Club Dorothée. Il découvre alors Dragon Ball, les Chevaliers du Zodiac, Sailor Moon... Des titres qui ont marqué toute une génération et continuent de faire recette aujourd'hui auprès des plus jeunes.
Petit à petit, il passe du petit écran aux livres et commencent véritablement sa collection de mangas en 1998. "Quand j'ai découvert le manga, ça changeait complètement graphiquement, c'était une rupture par rapport aux lectures de nos parents et grands-parents, c'était nouveau, se souvient-il. J'ai tout de suite adoré ça, même l'esprit manga, avec tous ces héros qui veulent se dépasser, aider les autres... c'est génial !" Sans compter la culture générale que ses lectures lui ont apportée.
"Lire des mangas, ça ouvre à la culture et à l'histoire japonaise. J'ai appris énormément de choses par exemple sur les ères au Japon, qui n'est pas quelque chose qu'on apprend en cours, mais aussi sur l'histoire du monde."
Quentin Tissot, collectionneur de mangas
Une pièce entière dédiée aux mangas
Au fil du temps, il a accumulé des milliers d'exemplaires... et tant pis si ça prend de la place ! "Quand j'étais étudiant, je n'avais "que" 5 ou 6 000 mangas. J'habitais dans un 30 mètres carré, et j'avais réussi à en caler 4 000 ! Il y en avait sous le lit, il y en avait partout. La place se trouve si on veut la trouver." Pas évident pour déménager en revanche. "Quand on déménage, nos amis nous détestent !, plaisante-t-il. C'est très lourd, et en tant que collectionneur, on n'a pas envie que ça s'abîme, donc on met des protections. Ça fait encore plus de cartons. La dernière fois, je devais être aux alentours de 250 ou 300 cartons."
Aujourd'hui, il vit dans une maison avec sa femme et ses enfants. Ici les mangas ont leur propre pièce, même si la moitié seulement de la collection y entre. Dans des grandes bibliothèques qui montent jusqu'au plafond, sur des colonnes rotatives comme on en trouve en librairie ou en piles sur le sol : la quantité donne le vertige. Et les volets doivent rester fermés : la lumière du soleil pour jaunir les précieux exemplaires.
Un budget à maîtriser
La collection de Quentin Tissot n'a pas fini de grandir : chaque mois, il consacre entre 300 et 600 euros à sa passion. Il achète généralement les livres neufs, mais quand il doit se tourner vers de l'occasion, hors de question d'être déraisonnable. "Je ne mets pas de sommes pharamineuses dans un seul titre. J'ai une limite psychologique à deux fois le prix du neuf, trois fois si c'est vraiment très vieux, ou quatre fois si c'est extrêmement rare. Mais je ne mettrais pas 150 balles dans un truc qui ne coûtait même pas 10 balles à l'époque", précise-t-il.
Sur les étagères de cette impressionnante mangathèque, on trouve même des exemplaires comme ceux d'Osamu Tezuka, sortis à l'origine dans les années 50 au Japon, qu'il affectionne particulièrement. "C'est plus ou moins l'inventeur du manga moderne, explique-t-il. Il a fait des choses qui sont mondialement connues, le roi Léo par exemple, qui est à l'origine du Roi Lion de Disney. C'est un auteur qui a fait des centaines et des centaines d'albums, et qui est reconnu dans le monde comme le dieu du manga."
Le plaisir de partager
Quentin Tissot a eu la chance de faire de sa passion un métier : il est devenu libraire spécialisé dans la bande dessinée. Un travail qu'il adore, mais qui lui prend beaucoup de temps également. "Je ne peux pas lire autant que je voudrais, pour ça il faudrait ne pas travailler du tout ! Mais j'essaie de lire tous les jours, et si je n'y arrive pas, je me rattrape. Il y a des jours où j'ai lu jusqu'à 14 heures d'affilée quasiment." En bon libraire, il aime partager ses coups de cœur, au travail, mais aussi sur son compte Instagram.
Si vous êtes, vous aussi, passionné de manga et que vous aimeriez avoir un aperçu de sa collection ou suivre son évolution, vous pouvez la consulter sur le site spécialisé sanctuary.fr.
Avec Mathieu Maillet / FTV