À la tête de l'orchestre de Picardie depuis le mois de septembre, cette Allemande a eu un véritable coup de cœur pour la région. Une belle histoire d'amour s'écrit entre le public et Johanna Malangré qui réalise, en dirigeant, un rêve né dès l'enfance.
Johanna Malangré se souvient encore très bien de cette petite enveloppe reçue à Noël. Elle contenait un bon pour ses premiers cours de piano. Elle avait à peine 3 ans. L'amour de la musique, elle ne se souvient pas comment cela a commencé. "Je l'ai toujours eu en moi". Ses parents ne sont pas musiciens, mais ils vont tout faire pour nourrir l'appétit de leur fille. Et très jeune, elle assiste à ses premiers concerts.
Aussitôt, une grande fascination se développe pour le rôle du chef d'orchestre chez cette jeune enfant qui grandit à Cologne en Allemagne. "Lorsque j'assistais aux représentations à la philharmonie de Cologne je savais déjà que je voulais vivre au cœur de l'orchestre, être au cœur de cet ensemble, ce tout, je le ressentais avant même de pouvoir l'exprimer".
Ses parents l'élèvent dans l'idée que rien n'est impossible quand on veut réaliser ses rêves. "Quand on est enfant on ne se pose pas la question du genre". Elle n'a donc aucun mal à se projeter dans cette envie de devenir cheffe d'orchestre même si les modèles sont presque toujours masculins.
Pendant ses études de musique, alors qu'elle exprime à l'un de ses professeurs son souhait de pouvoir un jour diriger, celui-ci lui répond qu'il ne croit pas en la volonté des femmes de guider l'orchestre. "Oui mais pouvez-vous me donner des cours ?" lui répond-elle. Il accepte.
Pour cette cheffe de 33 ans, que l'on soit homme ou femme, cela reste un métier complexe et exigeant qui passe par un langage non verbal. "Les femmes ont peut-être un rapport au corps un peu différent. Plus prudent, plus protecteur".
Depuis le mois de septembre elle est la cheffe d'orchestre et directrice musicale de l'Orchestre de Picardie. Un rôle qu'elle a préparé pendant deux ans. Ce qui compte pour elle, c'est surtout de mettre en avant les musiciens de l'orchestre comme on connaît les joueurs d'une équipe de foot. "Ils ont tous des histoires très intéressantes. Et je veux que l'on comprenne la performance qui se joue lors d'une interprétation. C'est un métier très physique qui nécessite une grande préparation du corps et de l'esprit".
La jeune femme entend casser les stéréotypes de la musique classique trop souvent présentée comme intellectuelle. Comme son prédécesseur elle veut se rendre dans les écoles pour jouer avec l'orchestre. Mais elle est aussi connue pour imaginer des formats de concerts insolites, dans des pubs par exemple aux milieux des clients qui boivent un verre.
Pour sa première saison dans les Hauts-de-France elle a imaginé une programmation autour du thème de la nature inspirée de ses premières visites dans notre région. "Je suis très contente d'être là car je suis tombée amoureuse de l'orchestre mais aussi de notre public. Quand je dirige l'orchestre, je sais que je suis à ma place".
Johanna Malangré était invitée de l'émission Hauts féminin du 7 novembre, à voir ou revoir ci-dessus.