Prairie éphémère au centre d’Amiens : un îlot de fraîcheur qui fait polémique en période de sécheresse

Une prairie fleurie de près de 500 m2 a été installée dans la cour de l’hôtel de ville d’Amiens par les services municipaux. Un coin champêtre dans la ville, un îlot de fraîcheur supplémentaire qui suscite la polémique dans l’opposition.

Une grande prairie fleurie, ses bleuets des champs, ses pavots de Californie, ses Nigelles de Damas et ses insectes polinisateurs. 23 espèces sauvages et locales réunies sur le parvis de l’hôtel de de ville d’Amiens et réparties sur quatre parcelles. Cet espace végétal de 500 m² a été installé par le service des espaces verts de la ville dans la nuit du 19 au 20 juillet et sera démonté à la fin de l’été.

On a recréé, ici, toutes les strates d’un écosystème naturel

Bruno Bienaimé, adjoint au maire d'Amiens délégué à la nature en ville

Un projet élaboré par la municipalité depuis six mois sous forme d’expérimentation. "C’est un projet éphémère car il a pour but de montrer aux Amiénois comment reconstruire un écosystème naturel dans la ville pour apporter un îlot de fraîcheur. On a recréé, ici, toutes les strates d’un écosystème. La strate arbustive avec l’arbre au milieu de la cour et ses nichoirs, dans les pots, nous avons la strate arborescente avec les arbustes. La dernière strate, c’est la prairie et ses herbacés qui attirent les insectes polinisateurs", détaille Bruno Bienaimé, adjoint au maire d’Amiens, délégué à la nature en ville, la santé et la transition écologique.

6 000 euros ont été nécessaire pour mettre en place cet espace. Une installation qui devrait se multiplier en ville dans les années à venir d’après l’adjoint au maire.

Une polémique au cœur de la ville

Côté opposition, cette installation fait grincer des dents. Selon Renaud Deschamps, conseiller municipal du groupe Amiens au cœur, cette prairie n’a rien d’écologique. "Ce coin végétal demande beaucoup d’irrigation. On va rentrer dans le mois d’août, la période la plus chaude de l’année et on parle actuellement de restriction de l’eau. Ce n’est pas très écologique. Je suis très favorable à mettre plus de nature dans la ville mais ce projet ne va durer qu’un mois. Et on ne peut pas appeler cette prairie un îlot de fraîcheur car il n’y a pas d’arbre, donc pas d’ombre pour se protéger du soleil."

L'élu propose de créer cinq îlots de fraîcheur par an dans la ville. "Dans dix ans, cela fera 50 îlots supplémentaires, des lieux où il y a cinq ou six arbres et des bancs pour s'assoir", précise Renaud Deschamps.

C’est très joli. Ça fait nature, campagne à la ville

passante amiénoise

Mais ce n’est pas l’avis des passants que nous avons rencontrés ce lundi 25 juillet devant la mairie. Devant ce parterre champêtre en plein centre-ville, touristes et Amiénois s’arrêtent le temps d’une photo, d’une promenade.

Une nouveauté qui attire les curieux. "Je me suis arrêté car j’étais étonné de voir le parvis rempli de fleurs. C’est une très bonne idée de fleurir la ville et cela donne vie à la mairie. Au moins pendant l’été, ça fait du bien", nous dit cet Amiénois. "C’est très joli. Ça fait nature, campagne à la ville. Avec des arbres, ça n’aurait pas donné la même impression. je regrette juste que ce ne soit qu'éphémère", explique cette habitante du centre-ville.

Des solutions pour rafraîchir les zones urbaines

Arbres, pelouse, fleurs... La végétation joue un rôle primordial. Selon le guide de l’Ademe pour rafraîchir les villes, publié en 2021, "plus le taux de végétalisation est élevé, plus le rafraîchissement, l’amélioration du confort thermique et la réduction de la demande en climatisation sont marqués". Le guide propose ainsi 19 solutions, toutes basées sur le végétal : les parcs, les arbres, les prairies, les plans d’eau mais aussi les toitures et les façades végétalisées.

Selon l’adjoint au maire d’Amiens, tout est bon à prendre pour réduire l’impact de la canicule en ville. "On est dans une période d’augmentation de la canicule. L’idée est de trouver des zones pour se rafraichir. Un îlot de fraîcheur, ce n’est pas seulement des arbres. En recréant un écosystème naturel, on peut trouver un îlot de fraîcheur optimal."

Mais d’après l’étude de l’Ademe, "les zones enherbées sont efficaces mais de manière mesurée. En journée, elles ne permettent pas de mesurer un impact significatif sur la température. En revanche si les sols sont ombragés, l’herbe limite l’échauffement de la ville tandis que la nuit, elle n’émet aucune chaleur." Efficace donc pas sans les arbres qui permettent de limiter la chaleur maintenue par le béton.

Amiens, ville verte

Malgré cette polémique, la ville d’Amiens fait partie des bonnes élèves en terme de politique de végétalisation. Avec ses nombreux parcs et jardins, ses bois, ses terrains végétalisés et ses célèbres hortillonnages, les espaces verts à Amiens représentent 15% de la surface de la ville, soit 770 hectares. En 2020, la ville a d’ailleurs été récompensée pour ses efforts de végétalisation par l’Observatoire des villes vertes (Organisme créé par des professionnels paysagistes et des responsables d’espaces nature en ville). Elle a reçu la 4e place sur 50, des villes les plus vertes de France. Les espaces verts représentent 4,9 % du budget total annuel de la commune. Alors qu’en moyenne, les villes françaises y consacrent 1,3 % de leur budget total.

Et la capitale picarde ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle a prévu de créer 70 îlots de fraîcheur et de planter 16 000 arbres d’ici 2026.

Des rendez-vous thématiques sont proposés tous les mercredis de 14h à 17h, du 27 juillet au 31 août avec les Amiénois afin d’échanger sur le réchauffement climatique, la gestion des espaces verts, la biodiversité et le vert en ville.

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