Pour faire face à la hausse des prix de l'électricité, le CROUS d'Amiens Picardie pourrait augmenter les charges locatives de certaines résidences étudiantes jusqu'à 3,5%. Une décision pour laquelle la Fédération des associations étudiantes picardes (FAEP) monte au créneau.
C'est une annonce qui provoque une grande inquiétude : pour faire face à la hausse du prix de l'électricité, les CROUS (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) sont incités par le gouvernement à augmenter les charges locatives des résidences étudiantes de 3,5%. Pour un loyer de 350 € mensuels par exemple, cela représente une hausse de 12,25 €.
Le loyer est le premier poste de dépense des étudiants. Les organisations étudiantes, dont la Fédération des associations étudiantes picardes (FAEP), s'opposent à cette évolution qui selon elles, précariserait encore un peu plus des étudiants qui rencontrent déjà de grandes difficultés. À Amiens, la décision sera prise lors du vote du conseil d'administration du CROUS le 4 juillet 2023.
Éviter le déficit
"Le CROUS d'Amiens nous a informés que s'il n'augmentait pas les charges, avec la hausse du prix de l'électricité, cela représenterait une faille budgétaire, explique Valérie Nou, porte-parole de la FAEP. Nous allons voter contre cette augmentation lors du conseil d'administration du CROUS le 4 juillet, mais elle a de fortes chances d'être adoptée quand même. Nous ne voulons pas entrer dans un bras de fer avec le CROUS et si les charges augmentent à la rentrée prochaine, nous travaillerons ensemble pour aider les étudiants à faire face, par exemple en les orientant plus efficacement vers les assistances sociales du CROUS."
Le timing de la mesure fait grincer des dents : elle intervient à peine trois mois après l'annonce d'une augmentation des bourses du CROUS de 37 € par étudiant, plus de hausses spécifiques pour certains échelons.
Cette "forte revalorisation" des aides est d'ailleurs invoquée par le CROUS Amiens Picardie pour justifier sa décision. Dans un communiqué, le CROUS Amiens Picardie souligne que le prix des combustibles fossiles a augmenté de 19% entre 2019 et 2022 alors que les loyers des résidences universitaires sont gelés depuis 3 ans.
Le CROUS met aussi en avant le maintien des repas sociaux à 1€ pour les boursiers et 3,3€ pour les non-boursiers, dont la quantité servie a augmenté de 10% entre 2022 et 2023. Cela malgré l'augmentation des prix des aliments. Le CROUS annonce à ce titre des "augmentations ciblées" à venir pour la restauration, mais qui ne concerneront pas les repas sociaux.
7€ par semaine pour se nourrir
"Quelques euros d'augmentation, on peut se dire que ce n'est rien, souligne Valérie Nou, mais à titre d'exemple, certains bénéficiaires de notre épicerie solidaire AGORAé ont un reste à vivre par semaine, pour se nourrir, de 7€. Donc pour eux c'est considérable, ils pourront moins se nourrir, ce qui dégradera encore un peu plus leurs conditions d'études." L'AGORAé accueille chaque mois 500 étudiants. En France, plus d'un étudiant sur deux ne mangerait pas à sa faim.
Le coût de la vie étudiante augmente en parallèle : d'après les estimations de la FAEP, en 2022, la rentrée coûtait en moyenne 2 292 € à un étudiant, 73 € de plus que l'année précédente.
Face à cette effrayante précarité, la FAEP demande une augmentation de l'enveloppe allouée par l'État au CROUS d'Amiens Picardie, plutôt que des charges locatives.
Des augmentations variables selon les résidences
Dans trois résidences gérées par le CROUS d'Amiens (Kennedy à Beauvais et Beffroi et Vanmarcke et à Amiens), les étudiants paient déjà leur électricité eux-mêmes. Ils ne seront donc pas impactés par cette hausse.
Pour les autres, l'augmentation qui interviendrait à partir de la rentrée 2023 serait calculée selon les caractéristiques de chaque résidence. Difficile pour l'heure de savoir à combien se chiffreront ces charges additionnelles : l'augmentation moyenne s'élèvera à 1,15% soit 4 €, calcule le CROUS Amiens Picardie.
Le CROUS Amiens-Picardie possède en tout 21 résidences dont quatorze à Amiens, une à Beauvais, quatre à Compiègne et deux à Saint-Quentin.