La déconfiture LR au premier tour de la présidentielle prend des airs de lente agonie. Alain Gest, figure historique, en Picardie, d’une droite qui semble désormais révolue, s’est fendu d’un communiqué acerbe pour dresser un constat sans appel.
À 71 ans, Alain Gest en a vu des élections et la dernière lui reste en travers de la gorge. "Le résultat est catastrophique pour notre famille politique qui, pour la deuxième fois consécutive, ne figurera pas au 2e tour de l’élection majeure de la vie politique française".
Cependant, le président d’Amiens Métropole et député honoraire n’accable pas Valérie Pécresse : "faire porter à la candidate la seule responsabilité de son score anormalement bas serait injuste et inadapté".
J’attendais au minimum un acte de contrition
Alain Gest, président d'Amiens métropole
Jusqu’alors, il ne s’était pas exprimé, non par ce qu'il ne savait pas quelle attitude adopter pour le second tour, mais dit-il "j’attendais de la part des responsables d’un parti humilié, au minimum un acte de contrition, voire des excuses".
Alain Gest y voit même "l’incapacité de prendre des décisions fortes, indispensables dans l’intérêt du parti". Et de refaire l’histoire en rappelant la bérézina de 2017 avec le scandale Fillon "qu’on ne finit pas de payer depuis". Mais par-dessus tout, il ne comprend pas pourquoi un candidat que tout désignait n’a pas été choisi.
Xavier Bertrand en sauveur du parti ?
L’ancien député dénonce ainsi une étude restée dans les tiroirs, dont le résultat était pourtant "limpide" : "un des candidats et un seul se détachait dans la quasi-totalité des cas. Qu’est devenue cette étude ? À quoi bon la financer pour ne pas s’en servir ? Pourquoi ne pas l’avoir largement diffusée pour éclairer le choix des adhérents en leur ajoutant la synthèse des innombrables sondages d’intentions de vote qui corroboraient les résultats de l’étude ?".
Le nom de Xavier Bertrand n’est pas cité, mais Alain Gest fait bien référence au président du Conseil régional des Hauts-de-France, dont il est proche. Il verrait peut-être même d’un bon œil que son ami puisse réorganiser totalement le parti. Cela tombe bien, Xavier Bertrand déclarait au lendemain de cette défaite cuisante qu’il n’avait pas l’intention de quitter LR.
En revanche, Alain Gest enfonce le clou contre les membres du bureau politique, "qui ont perdu toute légitimité". Il les appelle à déposer leur démission collective, mais seulement après les législatives de juin. On ne sait jamais à 100% de quoi l’avenir est fait.