Projet immobilier de la Venise Verte à Camon : après la décision du tribunal administratif, mairie et opposants campent sur leurs positions

Après la décision du tribunal administratif d'accorder un délai de quatre mois au promoteur pour compléter son dossier, les opposants restent mobilisés contre le projet immobilier de la Venise Verte à Camon près d'Amiens. Il prévoit la construction d'un bâtiment de 31 logements le long de la Somme. De son côté, la mairie est sereine quant à l'aboutissement du projet.

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Mardi 3 octobre, le tribunal administratif accordait un sursis de quatre mois au promoteur du projet immobilier de la Venise Verte à Camon pour régulariser le permis de construire. 

Une décision jugée exceptionnelle par les opposants qui reprennent espoir : "pour nous, c'est plutôt une bonne nouvelle, réagit Marie-Madeleine Fabre, présidente de l'association Denise Verte. Déjà la partie adverse demandait un sursis à statuer de cinq mois et finalement le tribunal accorde quatre mois. Ils ne sont pas allés sur tous les points en leur faveur et surtout ça nous prouve qu'il y a encore beaucoup d'irrégularités dans le permis de construire. Nous, ça va nous permettre d'apporter tous les points pour contrer la partie adverse."

Ce sursis à statuer montre que notre recours était vraiment justifié. Ça nous redonne de l'assise et de la confiance.

Marie-Madeleine Fabre, présidente de l'association Denise Verte

Pour le maire de Camon au contraire, cette décision joue en sa faveur, "le tribunal a rejeté la majorité de l'argumentation développée par les opposants au projet, précise Jean-Claude Renaux. Il est venu en fait, par un formalisme très poussé, demander un complément d’informations au permis de construire qui ne remet pas en cause la nature du projet."

Ce projet immobilier très controversé prévoit la construction d'un bâtiment de 15 mètres de hauteur comportant trente et un logements sur un terrain de près de 3 000 mètres carrés, au bord du fleuve Somme, à Camon.

"On demande le retrait du permis de construire"

Concernant la régularité du permis de construire, le tribunal administratif demande au promoteur de la Venise Verte de compléter le dossier en particulier sur l'impact visuel et sur la conformité au plan de prévention des risques naturels. Pour l'association Denise verte, l'impact est indéniable, le site fait partie intégrante des hortillonnages.

"Nous, ce qu'on demande clairement, c'est le retrait du permis de construire, rappelle Marie-Madeleine Fabre. Il suffit de voir l'endroit où on est. C'est un endroit très préservé, situé en zone Ramsar (nldr, zone humide d'importance internationale), en zone Natura 2000. On veut que cet endroit ne soit pas bétonné."

L'association s'appuie également sur le fait que le site a d'abord été considéré comme une friche industrielle avant d'être identifié comme une friche artisanale. "Ça prouve qu'ils revoient leurs idées de grandeur à la baisse. Pourquoi appeler une friche un endroit remonopolisé par la nature ? L'activité s'est terminée en 2007. Depuis, la nature a repris ses droits. On est sur 16 ans de revégétalisation. Pour nous, ce n'est pas négociable."

"Moi, qui habite à quelques encablures en amont, ajoute Damien Doma, membre de l'association Denise Verte, d'un point de vue fiscal, je paye une taxe pour la redevance ASCO (association syndicale des canaux des hortillonnages) donc l'argument sur lequel on n'était pas dans les hortillonnages n'est pas crédible. Construire ça ici est un peu osé."

"Ce projet est bien constructible"

Un argument rejeté par le maire de Camon qui précise que dans le jugement : "ce projet est bien dans l'enveloppe urbaine et qu'il est bien constructible. Nous sommes en PPR zone 3, donc c'est urbanisable."

Jean-Claude Renaux n'en démord pas. Ce projet de logements respecte la loi et le cadre de vie. "D'ailleurs, reprend-il, ce permis a été identifié dans le cadre de l’aide à la relance pour la construction durable. On reconstruit sur dent creuse quelque part. On peut le faire parce qu’on a un environnement très exceptionnel à côté et donc sans avoir rien demandé, j’ai même perçu 13 000 euros pour me récompenser dans le cadre de l’aide à la relance de la reconstruction durable, c’est-à-dire de construire des logements en économisant le foncier. Après, c'est une question de goût. On aime ou on n’aime pas, mais du point de vue du droit à construire dans cette zone, ça a été parfaitement reconnu par le tribunal."

Dans cette affaire, le maire défend sa vision du développement de sa commune : "J’ai 21% de logements sociaux dans ma commune, j’ai la communauté Emmaüs, j’ai un CHRS, j’ai 70% de propriétaires occupants, tout cela fait une mixité sociale qui vit bien dans cette commune. Par ailleurs, je travaille sur des projets de sanctuarisation de 5 ha d’espaces verts en plein centre de la commune avec des paysagistes pour justement que ce poumon vert ne soit jamais constructible donc j’ai une politique cohérente et globale. Et on vient me chercher sur 2 900 m² dans une commune qui comporte 1 400 ha et qui est une des plus vertes de l’agglomération d’Amiens ?"

Fort de son droit, l'édile voit dans cette opposition plus une question politique qu'environnementale. "Je n'ai pas que des amis, constate Jean-Claude Renaux, c'est mon quatrième mandat donc il y a une charge politique et les gens qui sont à l'origine, pour un certain nombre, sont beaucoup plus animés de ressentiments politiques à mon égard que de soucis véritablement d'environnement. Je le dis tel que je le pense."

Le tribunal a donné quatre mois au promoteur pour revoir sa copie.

Avec Laurent Pénichou / FTV

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