Hubert de Jenlis, premier adjoint à la maire d'Amiens, a été désigné par Brigitte Fouré comme son successeur après sa démission surprise lundi 7 octobre. Une décision qui doit encore être approuvée lors d'un conseil municipal extraordinaire. Affilié à Renaissance, celui qui a changé plusieurs fois de parti politique, a connu quelques différends avec Brigitte Fouré avant de devenir son premier adjoint.
Hubert de Jenlis, 56 ans, a été désigné par Brigitte Fouré pour lui succéder après que la maire d'Amiens a annoncé lundi 7 octobre mettre un terme à son mandat qui devait prendre fin en 2026. Un conseil municipal exceptionnel doit se réunir le jeudi 24 octobre pour élire le nouveau maire.
Premier adjoint à la maire d'Amiens, délégué à la tranquillité de la ville, aux libertés publiques et aux préventions depuis 2020, Hubert de Jenlis a connu une relation mouvementée avec Brigitte Fouré.
Les multiples rebondissements des municipales 2014
En 2014, il est candidat à l'investiture de l'UDI (Union des démocrates et indépendants) pour les élections municipales à Amiens, en concurrence avec… Brigitte Fouré. Mais cette dernière bouleverse le calendrier politique amiénois en créant une liste commune avec le député UMP (Union pour un mouvement populaire) de la Somme, Alain Gest.
De plus, la commission d'investiture de l'UDI remet à plusieurs reprises sa décision quant au cas d'Amiens. Le 11 septembre 2013, lassé de "la guerre d'ego", Hubert de Jenlis annonce qu'il jette l'éponge. "La machine à perdre est lancée", déclare-t-il, déplorant que "certains" aient décidé de ne pas respecter le processus de désignation statutaire de l'UDI. Mais le 21 décembre, sur son compte Twitter, il annonce qu'il rejoint la liste Fouré-Gest.
Le 1ᵉʳ février, jour où la liste doit être dévoilée à la presse, coup de théâtre. Alors qu'il occupait la 4ᵉ place, il claque la porte. "Trop c'est trop. En politique aussi, il vaut mieux renoncer que de renier ses valeurs, son éthique et ses principes", écrit-il sur son compte Twitter.
L'assureur entre en politique
Né en 1968, Hubert de Jenlis est l'héritier de trois générations d'assureurs installés à Amiens. Il a repris l'agence d'assurances familiale en 1996. Ancien membre du parti radical, il adhère à l'UMP en 2006 et devient trésorier départemental de l'UMP de la Somme en 2009.
Il a été candidat aux élections régionales de mars 2010 sur la liste de droite menée par Caroline Cayeux en Picardie et Olivier Jardé dans la Somme. Un an plus tard, il est élu conseiller général de la Somme dans le canton d'Amiens 6 Sud. Il succède ainsi à Hubert Henno (UMP) dont il était présenté comme le dauphin.
De l'UMP à Renaissance, en passant par l'UDI
En 2013, il quitte l'UMP pour rejoindre l'UDI de Jean-Louis Borloo. En 2013, il devient membre du bureau de l'UDI de la Somme. L'imbroglio des élections municipales de 2014 ne remet pas en cause son attachement à son parti.
En mars 2015, avec France Fongueuse (UDI), il est candidat pour les élections départementales dans le nouveau canton d'Amiens 6. Le binôme remporte le suffrage face au PS. Hubert de Jenlis devient 1ᵉʳ vice-président en charge des finances et du fonctionnement du département. Dans l'entre-deux-tours, il est nommé délégué national de l'UDI, en charge des adhérents directs. En mai, lui et France Fongueuse annoncent la création de Sud Amiénois, leur association pour soutenir l'action des conseillers départementaux.
Hubert de Jenlis demande, en mars 2016, l'investiture UDI pour les élections législatives de 2017 dans la 2ᵉ circonscription de la Somme. Investiture qu'il obtient durant l'été, alors que l'UDI Olivier Jardé, investi par LR, avait déjà présenté son binôme avec Anne Pinon. Il propose à Olivier Jardé d'être son suppléant. Nouveau coup dur en novembre 2016. Alain Gest et Brigitte Fouré annoncent qu'ils soutiennent le binôme Jardé-Pinon. En revanche, l'UDI confirme son investiture à Hubert de Jenlis en janvier 2017, après avoir suspendu Jardé du parti. En avril 2018, il devient président de la CNAT (commission nationale d'arbitrage et de transparence) de l'UDI.
Début juillet 2018, Hubert de Jenlis annonce qu'il quitte l'UDI pour rejoindre La République en marche, s'estimant pleinement en phase avec Emmanuel Macron, président de la République. "C'est un choix de conviction, mais également de cohérence. Cela fait deux ans que ça mijote en moi", explique-t-il à l'époque au Courrier Picard.
Il quitte son poste de premier vice-président du département en octobre 2018 pour devenir vice-président chargé de l'attractivité du territoire et du développement économique et agricole.
Élections législatives 2024 : arrivé 3ᵉ, Hubert de Jenlis refuse de se retirer
Il est candidat LREM aux élections départementales de juin 2021 dans le même canton d'Amiens 6, avec pour binôme l'UDI Valérie Devaux. Il est réélu 6ᵉ vice-président en charge des infrastructures et bâtiments.
Pour les élections législatives anticipées de juin 2024, Hubert de Jenlis reçoit l’investiture d’Ensemble, au détriment d’Ingrid Dordain, la députée sortante, dans la 2ᵉ circonscription de la Somme. Face à 9 autres candidats, à l'issue du 1ᵉʳ tour, il arrive 3ᵉ (25,23 %) d’une triangulaire qui a vu l’élimination de la sortante Ingrid Dordain. En tête, la LFI Zahia Hamdane avec 29,54 % suivi du RN Damien Toumi talonne avec 27,46%).
Estimant qu’il devait proposer "une alternative centriste" face "aux deux extrêmes", Hubert de Jenlis maintient sa candidature pour le second tour malgré les appels des différentes formations pour faire opposition au RN. Finalement, au 2nd tour, Zahia Hamdane remporte la triangulaire avec 35,77 % devant Hubert de Jenlis (33,10 %) et Damien Toumi (31,14%).
Hubert de Jenlis ajoutera-t-il un (court) mandat de maire à sa carrière politique ? Un conseil municipal exceptionnel municipal doit se tenir le jeudi 24 octobre prochain. C'est lui qui élira peut-être Hubert de Jenlis comme nouvel édile d'Amiens. Un poste qu'il occuperait alors jusqu'aux prochaines élections municipales prévues en 2026.