La neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a confirmé l’élan de la mobilisation de la jeunesse, à l’échelle nationale. « 500 000 jeunes dans les rue de France », selon le syndicat de l’Unef. À Amiens, les représentants syndicaux observent également ce changement de braquet.
"La jeunesse s’est mobilisée toute suite. Pas forcément à grande hauteur, mais de plus en plus", analyse Maël Erman, porte-parole de Fédération des Associations Etudiantes Picardes (FAEP). Il ajoute "Elle ne faiblit pas. Et je pense qu’il y a vraiment eu un après 49.3, tant au niveau des syndicats professionnels qu’au niveau de la jeunesse".
"Ils ont pris conscience qu'effectivement, c'était leur avenir qui se jouait, donc ils se mobilisent comme leurs parents”, estime Patrick Delaittre, secrétaire du Syndicat National de l’Enseignement Technique de l’Académie d’Amiens (SETAA-FO). "Je pense que ce qui a été un peu plus déclencheur aussi pour les jeunes ces derniers jours, c'est le comportement du président de la République."
Le porte-parole de la FAEP souligne également qu’au-delà de cette réforme des retraites, les étudiants n’ont pas été entendus sur plusieurs sujets.“En plein pendant cette réforme des retraites, on a le repas à un euro qui a été refusé à l’Assemblée nationale alors que c’était une réforme importante et attendue”, explique Maël Erman.
"Des étudiants se sont découverts manifestants, et des fois, même grévistes "
Maël Erman - porte-parole de Fédération des Associations Etudiantes Picardes (FAEP)
Une politique qui ne va pas arranger le rapport entre les institutions et les futurs citoyens, selon Patrick Delaittre. "Les jeunes sont des futurs votants. Et il y a une grande majorité qui sont aussi des gens qui votent. Comment voulez-vous aller les faire voter quand les institutions sont dévoyées à ce point."
Maël Erman abonde dans le sens. “Les jeunes croient de moins en moins aux institutions, on ne leur donne pas l’occasion de le faire aussi. Je pense qu’ils y croiraient plus, si on les respectait un peu plus."
Mais de nouveaux profils émergent depuis le déclenchement du 49.3 par le gouvernement, raconte le porte-parole de la FAEP. “On a d'étudiants qui ont manifesté et pour lesquels, c’était leur première fois. D’ailleurs, ce n’était pas leur mode d’expression favori à la base. Ils se sont découverts manifestants, et des fois, même grévistes qui ont cherché à comprendre aussi comment faire. J’ai une étudiante qui m’a demandé si le fait de faire grève, en tant qu’alternante, ça allait compromettre son alternance ?”
Appuyer les actions de l'intersyndicale, plus que le blocage
Selon Maël Erman, "les étudiants s’intéressent de plus en plus à ce mouvement de contestation. Ils veulent comprendre de quoi ça parle, et pourquoi c’est important."
À Amiens, il y a eu quelques blocages dans certains pôles universitaires. Mais ce moyen n’est pas le plus favorisé par les syndicats étudiants de la ville picarde, comme l’explique Maël Erman. “Ça ne bloque pas l’économie du pays, et ensuite, c’est compensé par l’université en mettant en place des cours à distance”.
Leur mode de mobilisation est de suivre et soutenir les actions des syndicats professionnels. "En bloquant les zones industrielles, en bloquant les points chauds de l’économie régionale. C’est ce qui marche le mieux”, selon lui.
Pour la prochaine journée de mobilisation, la dixième, ce mardi 28 mars, les étudiants vont attendre les prochaines actions de l’intersyndicale régionale, avec une volonté du “blocage de l’économie”.