Implantée depuis un an à Lille, le Fourgon veut remettre la consigne au goût du jour. L’entreprise, présente dans huit villes en France a fait son arrivée à Amiens il y a deux semaines.
Dans son entrepôt au nord d’Amiens, plus de 200 références sont prêtes à être livrées gratuitement par Le Fourgon dans la métropole amiénoise et abbevilloise. Lait, jus, eau plate, eau pétillante, bières locales, vins, ou encore sodas de grandes marques internationales, tout est conditionné dans des bouteilles en verre, consignées.
"Quand le client passe commande, on facture une caution de quelques centimes pour les bouteilles, 3€ pour la caisse en plastique, et lorsqu’il retourne ses bouteilles, la consigne est rendue sur une cagnotte, et on la déduit de la commande suivante" explique Charles Christory, l’un des trois co-fondateurs lillois de la start-up.
Vincent Melnisancot se fait livrer ce midi par camionnette électrique sa deuxième commande : des bouteilles d’eau, de jus de fruits, de sodas et de bières… Avec ses problèmes de dos, c’est le côté pratique qui l’a séduit, en plus de l’argument écologique et esthétique "Ça me rappelait mes souvenirs d’enfance avec les cavistes qui venaient livrer à domicile. En voyageant en France j’ai découvert que ça existait ailleurs, alors quand j’ai vu que ça arrivait à Amiens j’étais le plus ravi".
Une fois consommées et récupérées par Le Fourgon, les bouteilles sont retournées, soit aux grandes marques de boissons, qui sont équipées de laveuses et qui se chargent elles-mêmes du nettoyage des bouteilles, soit pour les petits producteurs qui n’ont pas les infrastructures nécessaires, à des partenaires locaux comme Haut la consigne dans le Nord, spécialiste du réemploi des consignes.
Ainsi, une bouteille en verre consignée peut avoir jusqu’à 40 vies. "On voit ici des marques blanches sur cette bouteille de Fanta, ça vient du frottement dans les chaines de production, mais cela n’altère en rien la qualité" explique Charles Christory.
Une démarche locale
Le Fourgon cherche à nouer des partenariats au plus près possible de ses lieux d’implantation "faire venir une bière d’Argentine à Lille ou à Amiens puis la renvoyer ça n’a pas beaucoup de sens d’un point de vue impact transport. On essaye d’avoir une offre majoritairement locale, c’est-à-dire 150km autour de chaque dépôt que nous avons".
L’entreprise Les Vergers de Picardie, à 65 kilomètres d’Amiens est actuellement en phase de test pour commercialiser son jus, que l’on ne trouve actuellement que dans une seule boutique en Picardie, l’essentiel de la commercialisation se faisant en région parisienne.
Les jus de Thiberge Flipo se vendent sur les marchés franciliens dans des bouteilles en verre, mais reste à savoir si celles-ci sont conformes à un usage consigne. Car subtilité, le verre utilisé pour la consigne doit être plus épais pour assurer une bonne solidité et résister aux multiples utilisations.
L’autre point d’interrogation : l’étiquette, qui doit être soluble au lavage "il y a quelques années, on est passés à des étiquettes solides, pour éviter qu’elles ne se décollent trop facilement ou qu’elles ne s’effacent avec la pluie car on fait les marchés, là on va devoir écouler nos stocks et repasser à des étiquettes en papier, solubles. Sauf si l’actuelle est assez solide pour résister aux lavages et être réutilisée" explique le chef d’entreprise, qui est dans l’attente des résultats des tests sur ses bouteilles et étiquettes.
Avec l’augmentation exponentielle du coût des matières premières, dont le verre, la consigne pourrait être un bon moyen pour Thiberge Flipo de faire des économies, tout en séduisant une nouvelle clientèle, "d’après ce qu’on nous a dit, la bouteille pourrait nous revenir beaucoup moins cher. Et comme on fonctionnera avec des caisses en plastique réutilisables, je ferai des économies de carton et de rouleau adhésif".
Un million de bouteilles réemployées
Selon une enquête de la fondation Nicolat Hulot, la consigne permettrait d’économiser jusqu’à 75% d’énergie et 33% d’eau par rapport au recyclage.
En un an, un million de bouteilles ont été réemployées grâce au Fourgon, soit une économie de 370 tonnes de CO2 et 30 tonnes de plastique.