Témoignage. Les habitants des quartiers à l'abandon : "la mort de Nahel a été le déclencheur, l’étincelle qui a fait ressortir la colère"

Publié le Écrit par Elise Ramirez

La rue de Cagny, au sud-est d’Amiens, a été le théâtre de violences durant deux nuits consécutives. Pillages de commerces et incendies, les habitants ont, à nouveau, été au cœur des émeutes. Ce vendredi 30 juin, ils réagissent et organisent un rassemblement pour exprimer leur sentiment d’abandon.

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Fumigènes, pillages de commerces, incendies, le quartier de la Salamandre a vécu un nouvel épisode de violences. Mais d’après certains habitants, cette nuit a été moins agitée que la précédente. "Je n’ai rien entendu cette nuit, je vis un peu plus bas que la rue de Cagny. Les habitants du quartier de la Salamandre ont entendu des fumigènes, mais beaucoup moins de bruits que la nuit d’avant", raconte Pascaline, une résidente du quartier.

La rue de Cagny n’a pourtant pas été épargnée. Le supermarché Spar a été dévalisé par un groupe de jeunes, puis incendié. La veille, ils avaient tenté de mettre le feu aux volets métalliques du magasin, mais l’intérieur n’avait pas été touché. Le tabac, situé dans la même rue, a lui, été pillé. La nuit précédente, des voitures avaient été aussi incendiées.

Une défiance des institutions

Pascaline habite dans ce quartier depuis 40 ans et n’a jamais vu un tel déchaînement de violence. Mercredi 28 juin, au lendemain des premières émeutes, elle a décidé d’aller à la rencontre des habitants du quartier pour "se réunir, apaiser et lancer un appel", nous explique-t-elle. "Je suis très attachée à ce quartier malgré les problèmes. Mes enfants ont grandi ici et je ne veux pas que le quartier soit stigmatisé. Mes voisins, c’est pareil. Nous sommes très émus par ce qu’il s’est passé. Les mères de famille que j’ai rencontrées ont peur et leurs enfants aussi. Mais on s’y attendait à ces violences. Comment cela peut-il en être autrement ?"

Le drame de la mort de Nahel a été le déclencheur. C’est l’étincelle qui a fait ressortir la colère, le ras-le-bol.

Pascaline, habitante du quartier

Ensemble, les habitants de la Salamandre Mail Roger Salengro et rue Marcel Paul ont décidé d’organiser un rassemblement ce vendredi 30 juin pour exprimer leur solidarité vis-à-vis de la famille de Nahel, mais également pour condamner les exactions à Amiens. Ils souhaitent avant tout exprimer le sentiment d'abandon de leur quartier par les pouvoirs publics. "Le drame de la mort de Nahel a été le déclencheur. C’est l’étincelle qui a fait ressortir la colère, le ras-le-bol, le sentiment d’abandon", explique Pascaline, qui relate les propos des habitants, des jeunes qu’elle a rencontrés ces deux derniers jours. "Eux ne veulent pas s’exprimer publiquement parce qu’ils ont peur", ajoute-t-elle.

Un sentiment d'abandon

Elle se fait donc le porte-parole d’un quartier en souffrance. "On ne veut pas donner l’image d’un quartier violent, mais mettre en lumière les manques, ajoute Pascaline. Nous sommes dans un quartier à l’abandon, excentré. Il y a une coupure avec le reste d’Amiens. Il n’y a pas d’équipement, peu de commerces, pas de lieux pour que les jeunes se retrouvent. Donc ils se réunissent dans les cages d’escalier, dans les voitures. Et ça pète", déplore l’Amiénoise.

Il n’y a pas de mixité sociale dans le quartier. Les gens sont assignés à résidence ici.

Pascaline, habitante du quartier

Le chômage, les difficultés à trouver du travail, la discrimination sont aussi à l’origine de ce ras-le-bol, d’après les habitants. "Il n’y a pas de mixité sociale dans le quartier. Les gens sont assignés à résidence ici. L’attribution des logements dans un autre quartier est impossible pour les gens du quartier. Ils sont assignés à résidence. Et les jeunes ne trouvent pas de travail parce qu’ils ont une couleur ou un nom qui les discriminent. Comment voulez-vous trouver de l’apaisement quand on vous dit que pour trouver un travail, il suffit de traverser la rue ou de faire le tour du port de Marseille ?", ironise Pascaline.

Les habitants se réunissent à 15 h ce vendredi 30 juin au mail Roger Salengro. Ils lancent un appel au calme et demandent un retour à la police de proximité.

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