En France, un terrain de football est artificialisé toutes les cinq minutes. Soit l’équivalent du département de la Somme tous les dix ans. Et la métropole amiénoise est particulièrement concernée. Une dizaine d’associations locales et nationales ont publié une tribune à destination du président d’Amiens métropole, pour l’amener à prendre conscience de l’urgence climatique, notamment sur la question de l’artificialisation des sols.
"Wake up Alain" ("réveillez-vous" en français), c'est l'objectif de cette tribune et pétition mise en ligne à l’intention d’Alain Gest, président d’Amiens métropole, pour l’appeler "à arrêter de porter des projets du passé", notamment sur l’artificialisation des sols.
Parmi les signataires : l'association PATAT "Préservons l'avenir des terres amiénoises pour toutes et tous" qui lutte contre l’implantation de la zone d’aménagement concerté (ZAC) Borealia 2, projet d’aménagement urbain sur 62 hectares à l’ouest d’Amiens, dans le quartier Renancourt.
Également signataire : l’association la Denise verte qui lutte contre le projet de construction d’un immeuble de 15 mètres face au Marais des bœufs à Camon : la Venise Verte.
Qu’est-ce que l’artificialisation des sols ?
L'artificialisation des sols désigne la conversion des terrains naturels en zones urbanisées, industrielles, commerciales ou en infrastructures de transport. Des terres agricoles, prairies, ou encore forêts sont transformées en zones bâties.
Elle est définie par la loi Climat et résilience comme "l'altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d'un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage."
Au total dans la Somme, 527 hectares ont été artificialisés entre 2009 et 2021, soit 52 hectares par an, selon le portail de l’artificialisation des sols.
Pourquoi est-ce préoccupant ?
Ces transformations ont des impacts significatifs sur l'environnement et les écosystèmes qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat, le cycle de l'eau, la filtration de l'air et la préservation des sols fertiles.
L’artificialisation des sols entraîne la destruction d’habitats naturels, avec un risque de diminution de la biodiversité.
Concernant la ZAC de Borealia, d'après l’association PATAT, qui lutte contre l’implantation du projet, diverses espèces d’oiseaux prospèrent sur cette zone. "Défendre le Bruant jaune, la Linotte mélodieuse, l’Alouette des champs, le Faucon crécerelle, l’Hypolaïs polyglotte ou encore le Martinet noir, des oiseaux observés sur le site de Boréalia 2, n’est pas de la "fantaisie" et ne devrait pas "consterner". Il s’agit d’êtres vivants à protéger et qui, aussi, contribuent à l’équilibre des écosystèmes dont dépendent notamment nos cultures. De même, préserver nos sols, c’est également protéger la richesse de la biodiversité qui se déploie en leur sein", écrit l'association dans sa tribune.
L'artificialisation des sols contribue également à la création d’îlots de chaleurs urbains, réduit les terres agricoles disponibles et les paysages naturels.
Quelles solutions ?
Suite aux travaux des 150 citoyens de la Convention Citoyenne pour le climat, l’État français s’engage dans un objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN), d'ici à 2025. Il consiste à réduire au minimum l'impact de l'urbanisation sur les écosystèmes et les terres agricoles, en évitant la conversion nette de terres naturelles en zones construites.
Cela implique d'adopter des stratégies d'aménagement du territoire qui favorisent la densification urbaine, la réhabilitation des friches industrielles et la réutilisation des espaces déjà artificialisés, plutôt que de développer de nouvelles zones. Le plan prévoit des mesures de compensation, en cas d’artificialisation de sols, comme la création de nouveaux espaces naturels, la restauration d’écosystèmes dégradés, la protection de zones à haute valeur environnementale ou encore la mise en œuvre de pratiques de gestion durable des terres.