À Amiens, la ZAC Boréalia 2 face à l'hostilité des habitants du quartier Renancourt : "ça va être un défilé de camions"

Les grues se multiplient dans toutes les entrées de ville d’Amiens. La métropole veut développer l’activité économique de son territoire. À l’Ouest, après les logements, c’est une ZAC qui devrait voir le jour. Elle pourrait être commercialisable dès 2023. Une stratégie qui ne fait pas l’unanimité.

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Emploi ou environnement ? La question est ouverte et crée la polémique entre Amiens Métropole et les opposants au projet Boréalia.

Dans ce projet présenté en mars 2021, Amiens Métropole veut développer l’attractivité économique de son territoire en aménageant une zone d’activité sur le secteur ouest de la ville, quartier Renancourt. Depuis 2015, des logements et des bureaux sont déjà sortis de terre. Cette fois, Amiens Métropole compte bien développer le secteur en attirant de nouvelles entreprises mêlant industrie, logistique et tertiaire. Ce futur parc d’activités Boréalia 2 se répartirait à terme sur 195 ha de terres agricoles, dont 62,80 ha sur la commune d’Amiens et 132 ha sur celle de Pont-de-Metz.

Une ineptie pour les défenseurs de l’environnement. "À Amiens, on est déjà entouré par les ZAC, s’insurge Manu Marcotte, membre du collectif Horror Boréalia. Là c’est un des derniers lieux où il n’y en a pas. On a l’impression que la Métropole a horreur du vide. Il y a plein de friches à Amiens. On ne comprend pas pourquoi ils ne pourraient pas faire une ZAC dans une friche existante".

L'artificialisation des sols en hausse

Composé de citoyens, syndicats, élus et associations de défense de l’environnement, le collectif Horror Boréalia, s’appuie sur le rapport rendu en octobre 2021 par la Mission régionale d’autorité environnementale qui estime que la Métropole n’a pas suffisamment analysé l’impact environnemental du projet, pointant notamment l’artificialisation des sols : "Le rythme de la consommation foncière sur le territoire d’Amiens métropole était de 17 hectares par an sur la période 2006-2016. La mise en œuvre de la politique zéro artificialisation nette inscrite au sein de la loi climat et résilience de 2021 impose que le rythme d’artificialisation soit divisé par deux d’ici 2030, ce qui correspondrait à une consommation de 9 ha par an. Or, sans même la ZAC Boréalia 2, 128 hectares sont actuellement ouverts à l’urbanisation (Poulainville, Amiens Nord et Pôle Jules Verne 2), permettant un rythme d’urbanisation de plus de 13 ha par an sur les 10 prochaines années".

"On nous accuse d’être contre les chômeurs, proteste Isabelle Hautbout, et quand on a fait valoir la loi, Amiens métropole nous répond ‘on n’est pas concerné puisque c’est un vieux projet’, or c’est le problème majeur !".

"On pourrait imaginer des emplois plus en lien avec l’environnement, renchérit Manu Marcotte. Là, on voit qu’on est sur des terres agricoles, on pourrait continuer à faire des fermes. En étant proche d’une ville, on pourrait favoriser le circuit court".

Impact environnemental

Autre crainte, les nuisances qu’engendrerait le parc d’activités, que ce soit la pollution ou le trafic routier. Le site prévoit d’accueillir des entreprises de taille différente sur des parcelles allant de 0,35 ha à 20 ha, ce qui permettrait à des entrepôts tels que le centre de stockage d’Amazon près de Boves, de s’installer. Le rapport fait les comptes : "La ZAC Boréalia 2 générera un trafic routier élevé de 4 300 véhicules légers par jour et 1 200 poids-lourds par jour dans le secteur d’Amiens. Combiné à la ZAC dans le secteur de Pont-de-Metz et le secteur Renancourt, le trafic résultant correspond à un triplement du trafic actuel sur l’avenue François Mitterrand".

"Qu’est-ce que ça va amener en terme de pollution ? S’interroge Manu Marcotte, à Amiens, au niveau pollution atmosphérique, on est hors quotas. On sait très bien que s’il y a une zone d’activité, ça va être un défilé de camions".

Vers un combat juridique

Soutenu par certains élus municipaux d’opposition, le collectif se mobilise. Sa pétition lancée le 1er octobre a réuni plus de 31 000 signatures à ce jour. S’il le faut, certains membres se disent prêts à créer une ZAD (zone à défendre), comme à Notre-Dame-des-Landes.

"La ZAD, c’est le dernier recours, confie isabelle Hautbout. Comme on n’a pas trop d’espoir que la mairie change d’avis, on est en train de former un pôle juridique. C’est long mais les recours judiciaires pourraient stopper les choses. Personnellement, je me dis que c’est possible mais ça va être long".

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