Trouver un logement étudiant : mission impossible à quelques jours de la rentrée ?

La rentrée universitaire approche à grand pas. C’est la dernière ligne droite pour trouver un logement étudiant. Une galère chaque été, qui continue de s’accentuer face à l’augmentation croissante du prix des loyers. La ville d'Amiens n'est pas épargnée avec 25 000 étudiants.

Une quinzaine de logements visités et toujours rien. Baptiste Dubois, 20 ans, s’apprête à faire sa rentrée en L2 de psychologie à l’université Jules Verne d’Amiens. Depuis qu’il a quitté sa colocation en juin dernier, il est aujourd’hui sans toit pour étudier à Amiens. « Le fait de n’avoir rien trouvé me cause du stress sur moi et aussi sur ma famille », témoigne, un peu démuni, Baptiste.

Cela fait deux mois, avec ses parents, qu’il est en recherche active d’un logement, en vain. La raison ? Des loyers hors de prix pour lui. Une contrainte financière accentuée du fait qu’il ne soit plus boursier pour cette rentrée universitaire. Il a donc fait le choix de trouver un job étudiant en parallèle de ces études.

Avoir un travail à côté, ce ne sera pas les conditions d’études idéales.

Baptiste Dubois, étudiant en deuxième année de psychologie

Maintenant, à quelques jours de retrouver les bancs de la fac, le jeune Baptiste baisse un peu les bras. Il a une perte d’espoir face à ses chances de trouver un appartement avant septembre. Alors il s’est tourné vers la Fédération des associations étudiantes picardes (FAEP). Une sorte d’appel à l’aide pour résoudre sa situation.

Le prix des loyers grimpe

Si chaque année, les étudiants peinent à trouver rapidement un logement, c’est à cause l’augmentation du prix des loyers d’année en année. La FAEP le constate et le déplore. « C’est une dynamique qui revient tous les ans mais cela ne va pas du tout en s’améliorant car le nombre d’étudiants ne fait qu’augmenter sur Amiens », regrette Matthéo De Faria, président de la Fédération.

Le logement à Amiens a augmenté de 1.08% par rapport à l’année dernière, selon Chloé Hernandez, ancienne présidente de L’Union nationale des étudiants de France (UNEF). « Un loyer dans Amiens est en moyenne de 560 euros/mois », précise-t-elle. Les étudiants ont donc beaucoup plus d’argent à débourser pour satisfaire leurs études.

On réclame une réforme des bourses

Matthéo De Faria, président de la FAEP

 Les syndicats étudiants se rejoignent autour d’une réclamation : que les bourses étudiantes soient adaptées au niveau des territoires et non en fonction du revenu des parents. À Amiens, « il n’y a pas de gel des loyers mis en place », remarque Matthéo De Faria, les loyers continuent d’augmenter et les bourses ne suivent pas à hauteur. La FAEP l’observe aujourd’hui : les étudiants les plus précaires ne sont plus les étudiants boursiers mais « ceux à la limite d’accès au système de bourse ». 

Des studios loués dès le mois de mai

La particularité cette année : la prise de location précoce. Les agences immobilières de la région le constatent. Dès le mois de mai, des étudiants et leurs familles ont loué un appartement pour y emménager en septembre. Une tendance qui n’aide pas certains étudiants au budget serré ou dans l’attente des résultats de ParcourSup. Des étudiants ont fait le pari de s’y prendre tard pour ne pas avoir à payer de préavis. D’autant plus qu’à Amiens, il est de 3 mois.

On reçoit des appels de parents catastrophés, limite en pleurs

Véronique Schulze, conseillère au Cabinet Immobilier Amiénois

 Le mois d’août bientôt terminé, le stock de logement est presque vide. Il y a encore des retardataires qui appellent quotidiennement les agences. « Malheureusement, on n’a plus rien à proposer », regrette Véronique Schulze, agent immobilier à Vecquemont. Pourtant, certaines agences affirment n’avoir « laissé personne sur le carreau », comme le raconte Mathieu Bisiaux, directeur commercial à l’agence Immo Amiens. « Pour ceux qui arrivent trop tard, on aura de quoi les loger dès mi-octobre », assure-t-il.

Une situation tout de même inconfortable pour ceux qui n’ont toujours rien trouvé. « À la rentrée, c’est un fait : on va se retrouver avec des étudiants à la rue, à aller squatter chez des amis », se désole Matthéo De Faria. Pour le président de la FAEP, la précarité est une des causes premières de l’échec scolaire en études supérieures. C’est pour cette raison que la Fédération a à cœur d’aider les étudiants. « On discute avec eux pour essayer de trouver des arrangements, voire lutter pour trouver des logements ». Mais Matthéo s’offusque de devoir en arriver là.