Le cirque d'Europe, qui propose des spectacles avec des animaux sauvages, a posé son chapiteau au début du mois d'août, à Salouël, près d'Amiens, avec l'autorisation de la municipalité. Une association de protection animale prévoit une manifestation le 13 août pour protester.
On ne peut pas le rater en passant par la route de Rouen à Salouël : le cirque d'Europe s'est installé au début du mois d'août, avec son chapiteau, ses artistes et ses animaux. Dromadaires, lamas, tigres, et même un éléphant... Les bêtes sauvages sont, pour certaines, visibles depuis la rue.
"L'exploitation des animaux dans les cirques n'a plus lieu d'être"
C'est ce qui a alerté certains défenseurs des droits des animaux. L'association 269 Life France prévoit d'ailleurs de manifester devant le cirque samedi 13 août, à 16h30, juste avant une représentation. "On veut montrer que l'exploitation des animaux dans les cirques n'a plus lieu d'être, explique Morgane Janvier, référente de l'association dans les Hauts-de-France. On aimerait sensibiliser les passants qui viennent voir les animaux et les gens qui se rendent au spectacle. Les animaux ne sont pas là pour nous divertir." En pleine vague de chaleur estivale, elle déplore les conditions de vie des bêtes. "Je suis passée devant le cirque, et j'ai vu les animaux dehors, enfermés et enchaînés la plupart du temps, c'est inadmissible."
Lorsque nous nous sommes rendus sur place, deux personnes travaillant dans le cirque nous ont pris à partie, mais ont refusé catégoriquement de répondre à nos questions. Nous avons tout de même pu constater que certains animaux étaient effectivement derrière le chapiteau. Les lamas et les dromadaires sont couchés sous une tente, et attirent l'attention des enfants qui passent par là avec leurs parents ou leurs grands-parents. Les tigres, eux, sont allongés dans des cages, à l'ombre du soleil... et des regards. Dissimulés derrière des feuillages, on voit plus difficilement les félins.
Les associations inquiètes pour l'éléphante
Les pratiques de ce cirque n'ont rien d'illégal, mais il est dans le viseur des associations de protection animale depuis longtemps. Sur Twitter, Code Animal l'accuse notamment de mauvais traitements envers Samba, une éléphante d'Afrique capturée alors qu'elle était petite et présente depuis des années dans ce cirque - que nous n'avons pas vue en nous rendant sur place.
Sur son site internet, l'association One Voice affirme quant à elle que "la vie de Samba est épouvantable", et que l'association se bat depuis 20 ans pour qu'elle soit placée dans un sanctuaire spécialisé. Une pétition adressée au ministère de la Transition écologique avait d'ailleurs recueilli près de 100 000 signatures, dénonçant les conditions de captivité de l'éléphante et les numéros imposés par ses dresseurs.
Légalement, le cirque est dans les clous
Pour le moment, les cirques sont toujours autorisés à utiliser des animaux sauvages dans leurs spectacles. Néanmoins, une loi votée en 2021 prévoit l'interdiction progressive de ces pratiques à l'horizon 2028. Certaines municipalités choisissent de signer des arrêtés interdisant l'installation de cirques avec des animaux sur leur commune, même si ces arrêtés souvent retoqués par la justice.
À Salouël, la mairie nous affirme que la question a tout simplement été soumise au vote du conseil municipal, qui a donné un avis favorable à l'installation du cirque d'Europe. "Les opposants nous ont envoyé un courrier pour faire part de leur courroux, nous sommes en démocratie, et chacun a le droit de s'exprimer, estime Philippe Jacoillot, adjoint qui assure l'intérim du maire pendant ses congés. Mais la réglementation autorise la présence d'animaux dans les cirques pendant encore six ans, et puisque le conseil a donné un avis favorable, la mairie assume sa décision."
Pas question donc de revenir sur cette autorisation, du moins pour cette année. "Le cirque nous propose de revenir en 2023, et ce sera de nouveau soumis à l'assemblée municipale. Je ne peux bien sûr pas affirmer que l'avis sera de nouveau favorable l'année prochaine, mais on suivra l'avis du conseil."