Une start-up crée un stent cardiaque révolutionnaire : "on sait que si on arrive à notre but, on va prolonger la vie"

Sauver des millions de personnes atteints de pathologies cardiaques dans le monde, c’est l’objectif que s’est donné la start-up amiénoise Open Stent Solution. Elle vient de créer un nouveau stent qui pourrait révolutionner le monde médical.

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À la périphérie d’Amiens, la start-up est installée dans une pépinière d’entreprises depuis 2022. Depuis, une équipe de 10 personnes travaillent sur une innovation : le ruban valvé, une sorte de bague ouverte suffisamment grande pour remplacer la valve mitrale et assez petite pour entrer par cathéter jusqu’au cœur.

Une innovation qui pourrait sauver des vies

La valve mitrale est composée de deux feuillets qui s’ouvrent dans le but de faire passer le sang, chargé en oxygène, depuis l’oreillette gauche dans le ventricule gauche du cœur, puis dans tout le corps.

Aujourd’hui, le seul moyen d’avoir une réparation efficace, c’est par la chirurgie à cœur ouvert.

Doron Carmi, chirurgien cardiaque

Lorsque la valve mitrale ne se ferme pas correctement, le sang repasse par la valve malade. Il s’agit alors de fuite mitrale. "Dans les formes sévères, cela entraîne une mortalité de 50 % en quatre ans. Aujourd’hui, le seul moyen d’avoir une réparation efficace, c’est par la chirurgie à cœur ouvert. Mais seuls 20 % des patients peuvent subir cette intervention. Pour les autres, leur état de santé ne le permet pas", explique Doron Carmi, le chirurgien cardiaque. La seule solution pour sauver ces patients est d’intervenir par voie percutanée, avec anesthésie locale, c’est-à-dire en introduisant une valve artificielle par les veines. "La taille des valves est un obstacle qui ne nous permet pas de sauver tous les malades, mais nous avons contourné le problème", ajoute le médecin, à l’origine du ruban valvé.

Des tests et des simulations en laboratoire

Dans la pépinière, la start-up occupe la plupart des laboratoires. La visite commence par la salle de couture, de la haute couture du cœur. Deux couturières sont installées devant leur bureau. Aiguille et fil à la main, elles manipulent avec précaution de la matière organique. Elles sont chargées d’habiller le stent, un anneau fait d’un alliage de métaux, avec un tissu médical. À l’intérieur, elles cousent le tissu d’origine porcine qui devra remplacer les feuillets de la valve mitrale. Un travail minutieux qui nécessite de l’expérience.

Mélodie Bellegueule travaillait dans la maroquinerie de luxe. Ses compétences et sa connaissance du cuir, une matière organique, lui ont permis d’être embauché dans cette start-up. Mais l’objectif, pour elle, n’est plus le même. "Travailler ici a plus de sens pour moi que de faire des sacs en cuir. On sait que si on arrive à notre but, on va prolonger la vie", explique cette trentenaire.

Prolonger la vie, c’est bien le but de cette jeune société. Pour cela, des ingénieurs étudient la solidité et l’adaptabilité du prototype du stent en virtuel. "Il y a beaucoup de contraintes liées à l’anatomie. Il faut un dispositif assez grand, mais il faut aussi pouvoir le faire passer dans un cathéter. Et puis, nous adaptons sa forme pour qu’il puisse absorber les mouvements du cœur. La simulation par ordinateur nous permet de modifier avec précision l’objet", précise Mehdi Bordji.

D’autres ingénieurs travaillent sur des tests grandeur nature en laboratoire. Maurice Boulot, lui, est chargé d’effectuer les simulations d’un stent installé sur une machine qui fonctionne comme un cœur.

La pression est mesurée dans l’oreillette gauche, dans le ventricule et dans l’aorte et le débit de l’eau salé (qui remplace le sang) qui passe dans la valve artificielle est également étudié pour contrôler une éventuelle fuite. "C’est le contrôle technique de la valve, résume l’ingénieur. Le stent empêche le flux de repartir vers l’oreillette. Ce qui est important, c'est que le sang parte dans l’aorte pour irriguer tout le corps avec du sang oxygéné", ajoute-t-il.

La machine accélère les battements 15 fois plus qu’un cœur. Ce qui nous permet, en une année de fonctionnement, de mesurer l’efficacité du stent jusqu’à 15 ans en fonctionnement réel.

Maurice Boulot, ingénieur en laboratoire

Une autre machine est installée dans le laboratoire. Elle permet de tester le fonctionnement d’un stent sur 10 ou 15 ans. "La machine accélère les battements 15 fois plus qu’un cœur. Ce qui nous permet, en une année de fonctionnement, de mesurer l’efficacité du stent jusqu’à 15 ans en fonctionnement réel dans un cœur humain. Sur l’un des stents que nous mesurons, nous sommes à 584 millions de cycles. C’est à peu près 10 ans de vie. Et il résiste. Pour une validation des autorités, il nous faut 400 millions de cycles sans dommage. Donc, nous avons dépassé les normes acceptées", explique Maurice Boulot.

La pathologie concernée par ce dispositif touche 10 % de la population mondiale âgée de plus de 75 ans. Ce sont donc des millions de personnes qui attendent une solution.

Doron Carmi, chirugien cardiaque et créateur de la start-up

Ce ruban, fait de métal à mémoire de forme, n’est pas fermé. Ainsi, la structure peut s’enrouler autour du cathéter et s’étendre pour réduire son volume et ainsi être dirigé au travers de la veine jusqu’au cœur. Pour Doron Carmi, chirurgien cardiaque depuis 30 ans au CHU d’Amiens, ce nouveau stent est un véritable défi mondial. "La pathologie concernée par ce dispositif touche 10 % de la population mondiale âgée de plus de 75 ans. Ce sont donc des millions de personnes qui attendent une solution. Si on arrive à montrer qu’il est fiable, l’espoir, c’est qu’il soit largement diffusé dans le monde entier. Nous pourrons enfin proposer un traitement à ces patients", insiste le médecin.

Mais avant de commercialiser ce stent, la start-up doit encore lever 15 millions d’euros pour pouvoir pratiquer des essais sur l’homme et passer par la phase réglementaire. Open Stent Solution espère pouvoir mettre le ruban valvé sur le marché dès 2032.

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