C'est une petite révolution dans le monde de la chasse : le plomb pourrait disparaître de la composition des munitions, en vertu d'une directive européenne destinée à protéger la nature de la toxicité de ce métal. Les chasseurs s'inquiètent cependant de la compatibilité de leurs fusils et du prix de ces nouvelles cartouches.
Le son d’un coup de feu ne changera jamais. Mais les munitions utilisées par les chasseurs risquent bientôt de ne plus être les mêmes, en vertu d'une directive européenne qui vise à interdire les projectiles en plomb à l’intérieur et près des zones humides. Elle sera effective en février 2023, notamment pour éviter d'intoxiquer les animaux qui ingèrent ces résidus de cartouches.
Problème de prix et d'efficacité
Pour certains chasseurs, cette décision risque de gâcher l’activité. "L'acier va traverser l'animal et ne va pas le tuer. Le plomb, lorsqu'il y a un impact, il est important et va instantanément tuer l'animal. C'est ça l'important : l'efficacité... et le prix !" résume Florian Weber, formateur à la fédération des chasseurs de la Somme.
La Fédération des chasseurs dit comprendre la mesure. Mais pour ses membres, elle arrive beaucoup trop tôt et coûtera cher aux pratiquants. "Nous demandons au moins 5 ans de délai pour pouvoir passer aux munitions de substitution, souligne Hubert Séré, porte-parole de la fédération des chasseurs de la Somme. Les munitions qu'on nous propose coûtent quatre fois plus cher. D'autre part, on va certainement être obligés de réformer les armes, qui pour la plupart sont anciennes. Donc ça va être un énorme problème pour les plus modestes de nos chasseurs."
Problème sanitaire
Chaque année, les armes rejettent en France près de 8000 tonnes de plomb dans la nature. Cette pollution peut être dangereuse pour l’écosystème et être une menace pour la santé publique. "Qu'est-ce que vaut la santé des gens, quelqu'un aurait une idée du prix que coûtent les maladies neurologiques dues au plomb ? On est en train de brader la santé des Français," constate Yves Verilhac, directeur général de la ligue pour la protection des oiseaux (LPO), en comparant le danger sanitaire de la présence de plomb dans la nature à celle des pesticides.
Face à la réglementation, la fédération de chasse exige de l’État une aide financière et des substituts au plomb à un prix et une efficacité similaire.