Violences faites aux femmes : une exposition photo en prison pour prévenir la récidive

En amont de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, une exposition photo est organisée à la maison d'arrêt d'Amiens. Des images choc mettant en scène des femmes battues sont destinées aux détenus, en parallèle d'actions de sensibilisation. 

Derrière le mur froid et bétonné de la maison d'arrêt d'Amiens (Somme), 400 détenus hommes sont maintenus en incarcération. La prison ne comporte plus de secteur femme depuis 2015 mais depuis lundi dernier, des visages interpellent dans la cour qui mène au parloir. Prostrées, le visage couvert d'ecchymoses ou directement en proie aux coups de leur conjoint, les femmes représentées sur les photos et les affiches placardés sur les murs du bâtiment interpellent les détenus. Avec un objectif : engager une réflexion chez ses hommes sur les violences faites aux femmes.

Rappeler que "l'humanité peut être violente et stupide"


Alors que la journée de lutte contre ces atteintes a lieu samedi, l'établissement carcéral accueille une exposition photo à destination de ces hommes, dont certains ont été jugés pour de tels faits. "On a environ 30% [des personnes détenues] ici qui sont incarcérées pour des faits de violence, expose Camille Lausin, chef de détention. L'idée c'est de les choquer, de les faire réagir. Si grâce à cette expo, elles prennent conscience des conséquences de leurs actes, peut-être qu'elles ne recommenceront plus, qu'elles auront envie de se faire soigner..."

Avec Camille Lausin, chef de détention, Maxime, détenu et Fanny Dufour, formatrice en prison / Reportage de Sophie Crimon, Laurent Penichou et Nicolas Duchet ©France 3 Picardie


Les clichés proviennent d'associations de lutte contre toutes les violences faites aux femmes. Des visages tuméfiés, brisés, parfois brûlés, comme un cri adressé aux détenus. Maxime, l'un d'entre eux, n'est pas incarcéré pour ces faits. "La première fois que j'ai vu ces images, ça m'a interpellé de la même manière que les paquets de cigarettes, confie-t-il. On a tendance, au quotidien, à fumer et à banaliser. La violence, c'est pareil, on a tendance à la reproduire et la banaliser. Ça me rappelle à quel point l'humanité peut être violente et stupide."

"Elle n'a qu'à se soumettre"


Les réactions des détenus n'ont pas toutes la même bienveillance. Fanny Dufour est formatrice et à leur contact tous les jours. Elle a recueilli une partie de leurs propos. "Il y a la catégorie des plus virulents, rapporte-elle. "C'est de pire en pire depuis qu'elles veulent l'égalité des sexes", "un coup, c'est toujours un coup mérité"...  Après il y a ceux qui pensent que ce n'est pas de leur faute : c'est la faute de l'alcool, ou alors la femme est agressive et ne se soumet pas. Donc elle n'a qu'à se soumettre et ils ne la battront pas."

Pendant une semaine, des actions de sensibilisation viennent accompagner l'exposition photo : projections de films, échanges avec le personnel médical, débats... Dans l'espoir que ces images chocs auront le pouvoir d'éviter la récidive pour mettre un terme aux violence faites aux femmes.

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