Tous les jours, nous vous proposons une idée de balade à vélo dans les Hauts-de-France. Suivons le chemin le long de la Somme, direction Eaucourt-sur-Somme et son "moulin guidon", en passant par Long et Pont-Rémy.
Une petite promenade le long de la Somme nous fait arriver à Long. Faisons un bon d'un siècle en arrière pour découvrir la centrale hydroélectrique. Le village de Long était très en avance pour son temps.
La centrale de Long
Une toute petite commune, qui abrite une centrale qui, à partir de 1903, a fait sa notoriété jusqu'à Paris. Encore aujourd'hui bien des visiteurs si pressent. Impossible de comprendre la création de cette centrale sans parler de l'histoire de la tourbe, cette matière permettait de se chauffer à moindre coût et ce travail de forçat dans les champs a rapporté beaucoup d'argent au village qui louait les parcelles, d'où la création de ce bâtiment et de ses machines.
Jérémie Albert-Brunet, guide nature du parc naturel régional de la baie de Somme et de la Picardie maritime, nous explique. "C'est un patrimoine qui est toujours là, qui est parlant, parce qu'on le voit encore fonctionner et je trouve ça magique quoi. (...) Aujourd'hui, on fait des barrages électriques, avant, on faisait des petites centrales comme ça, avec beaucoup de charme. On ne voit pas que c'est une usine, on dirait que c'est une maison."
La visite permet de comprendre comment la force de l'eau a permis aux habitants de s'éclairer pendant une soixantaine d'années grâce à plusieurs turbines, dont une placée sous les pieds des visiteurs, avec un système de cloche. Dans la France de 1900, peu de communes avaient l'électricité. Long pouvait se targuer d'être l'une des communes les plus riches de France et les habitants pouvaient donc s'éclairer grâce à une lampe au plafond et avoir l'eau courante.
Pourtant, ce n'est pas forcément ce qui marque le plus ceux qui découvrent les lieux. "L'histoire de la tourbe, je ne la connaissais pas du tout et ça, c'est intéressant parce que la création des étangs, je ne savais même pas que ce n'était pas naturel, admet un touriste de passage à la centrale." Appuyant les propos du premier, un autre visiteur est émerveillé : "Là, quand on est sur place, qu'on voit ce qui a été creusé, les prairies, tout ça. C'est quand même formidable."
Difficile ensuite de ne pas prolonger la visite pour observer ce paysage façonné par l'humain. D'autant plus que les balades possibles ne manquent pas dans les environs. L'Homme a aussi laissé sa trace à une vingtaine de minutes de Long à vélo, où un splendide château du XIVe siècle, en cours de rénovation, mérite le coup d'œil.
Le château de Pont-Rémy
Annie Roucoux, maire actuelle de Pont-Rémy, nous fait découvrir le château de sa commune. Celui-ci n'est pas encore ouvert aux visiteurs. "Il a subi tellement de vicissitudes du temps et un gros incendie, c'est ce qui nous l'a fait acheter", explique-t-elle. Alors, même s'il n'est pas possible d'entrer dans ce château, cela vaut tout de même le coup de s'arrêter un instant.
Selon la maire, "le château a accueilli des personnages célèbres : Henri IV, Richelieu, François 1ᵉʳ. Pour une nuit, ils s'arrêtaient sur le bord de Somme et repartaient sur Abbeville en bateau."
Le château d'Eaucourt-sur-Somme
À quelques kilomètres de Pont-Remy, le château d'Eaucourt-sur-Somme, petit site au bord de la rive gauche de la Somme, est lui ouvert au public. Accessible depuis la véloroute, il n'y a qu'un pont à traverser pour l'atteindre. Damien Maupin, directeur association de restauration du château d'Eaucourt-sur-Somme, nous accueille, vêtu d'une tenue d'antan. "On a un vestige ici qui accueille pas mal de publics scolaires et de centres de vacances en été, expose-t-il. Ce château a beaucoup de vicissitudes pendant la guerre de Cent Ans. Pris et repris quatre fois en l'espace de deux mois et après abandonné, utilisé comme bâtiment de ferme et comme carrière."
Damien organise des visites et s'intéresse notamment à l'art du tracé au Moyen Âge. L'art du tracé concerne principalement les bâtisseurs. "Donc il y a une partie taille, où les enfants ont réellement taillé la pierre, assemblé les voûtes. On leur apprend aussi que tout ça, ça part de la géométrie. Alors géométrie, ça fait peur, mais là, c'est une éducation par le jeu. L'autre partie est l'utilisation de la corde à 13 nœuds, utilisée depuis la construction des pyramides, elle permet de pouvoir comprendre et appliquer des théorèmes, on va dire, mais sans le savoir."
Le "moulin Guidon" d'Eaucourt-sur-Somme
Sur les hauteurs d'Eaucourt-sur-Somme, le "moulin Guidon" comme on l'appelait. Difficile d'imaginer aujourd'hui que ce bâtiment du XVIIe siècle servait de repères aux marins pour s'orienter avant d'entrer dans le port d'Abbeville, c'est pour ça que la visite commence toujours à l'extérieur. Situé à 90 mètres d'altitude, Daniel Blondel, le président de l'association des anciens élèves d'Eaucourt-sur-Somme fait découvrir la vallée aux visiteurs. "Elle est dans l'axe de l'aménagement du territoire, nous explique-t-il. Et justement l'aménagement du fleuve d'Amiens jusqu'à Saint-Valery."
Ce moulin, c'est avant tout un coup de cœur pour l'association des anciens élèves qui l'a acheté est donné à la commune. Il n'avait plus produit de farine depuis 1919. Devenu une ruine, il a pu être reconstruit. Certains jours, le vent ne souffle pas assez fort pour produire de la farine, mais l'équipe de bénévoles prend quand même plaisir à expliquer le principe du moulin à vent. Scolaires et visiteurs continuent à se succéder sur ces lieux, mais au fil du temps, les bénévoles sont devenus moins nombreux et l'ancien instituteur du village souhaite voir la relève arriver.
Après la plantation des 1 700 pieds de vignes aux alentours l'année dernière, tous espèrent que le projet d'aménager un belvédère au moulin verra le jour et attirera davantage de touristes.
Avec Emilie Boulenger / FTV