Besoin d'idées de balades à vélo dans les Hauts-de-France ? Aujourd'hui, partons suivre le chemin du halage, dans la Somme, entre Amiens et Long, en passant par la Chaussée-Tirancourt, Picquigny et Bourdon.
Découvrons quelques-unes des petites excursions à faire à vélo près d'Amiens (Somme) et plus particulièrement sur une distance d'un peu moins de 10 km, entre La Chaussée-Tirancourt et Long.
Le parc de Samara
Première étape de cette excursion : Samara. Le parc met en scène les découvertes archéologiques, dans un cadre naturel préservé depuis près de 35 ans. Niché dans un écrin de verdure, Samara accueille les visiteurs tout au long de l'année et met en scène les travaux archéologiques menés depuis le XIXe siècle dans la vallée de la Somme.
Pour toujours plus de réalisme, chaque année, les médiateurs innovent. Il y a 2000 ans, la philosophie reste la même que quand le parc a été créé. Pour Augustin Merkenbreack, adjoint au directeur du parc de Samara, "l'idée, c'était de montrer que l'espèce humaine est absolument indissociable de l'environnement dans lequel il va évoluer. Que, quoi qu'il arrive, l'histoire humaine a toujours été liée intimement au climat, à la météo et à la nature."
Ici, pas question d'inventer. Chaque employé est formé au tissage, à la poterie, ou encore à la forge, et ne cesse d'enrichir ses connaissances pour transmettre ce savoir. Alors même si tout n'est pas accessible aux plus jeunes, les démonstrations sont un atout indéniable pour le parc. "On voulait faire découvrir le parc à notre petit-fils, indique une visiteuse. On trouvait qu'à six ans, c'était bien. C'est un bon moyen ludique pour qu'il visualise une période qui est quand même un petit peu compliquée, pour eux, à concrétiser".
Les médiateurs du parc vont même plus loin dans l'archéologie expérimentale : Romain Plichon, responsable de la médiation culturelle chez Somme patrimoine souligne "qu'une archéologie qui reste dans un laboratoire, c'est une archéologie qui n'est pas vivante, qui n'est pas transmise au public et nous notre travail, très complémentairement au pôle scientifique de Somme patrimoine, est de reproduire ces gestes de les échanger dans le cadre de la médiation culturelle avec les visiteurs de Samara pour permettre à chacun de comprendre et de maîtriser les enjeux de la science."
Des arguments supplémentaires pour attirer de nouveaux curieux et tenter de dépasser les 80 000 visiteurs accueillis actuellement chaque année.
Picquigny
Direction maintenant : Picquigny, à 10 minutes de Samara. Dans un lieu où tout a été pensé pour accueillir les cyclistes. C'est dans cette commune que Gwendoline Brazier-Duval, responsable de l'Office de tourisme Nièvre et Somme a installé ses locaux en 2022. Situé dans une ancienne maison écluse, la bâtisse a été fortement détériorée et les élus ont souhaité réhabiliter cette construction, pour y intégrer la Maison du tourisme.
"Puisque nous sommes vraiment au bord du canal, l'idéal, c'est d'implanter un office de tourisme à l'endroit de passage des visiteurs, précise Gwendoline. Et la piste cyclable, cette V30 (la véloroute vallée de Somme) attire de plus en plus de monde. Donc, en étant installé ici, nous sommes au plus près du flux touristique." Le département œuvre pour l'aménagement de ce chemin de halage avec des services pour les cyclistes.
On peut arriver à Picquigny à vélo, mais on peut aussi le poser. La base nautique propose des balades en bateau électrique sans permis, des descentes en canoë, etc. C'est également l'unique endroit du département qui propose des descentes en rafting.
Une fois de retour sur la terre ferme, le château de Picquigny organise des visites et des animations. Sa collégiale est d'ailleurs en accès libre aux visiteurs durant tout l'été.
"Les enjeux, pour nous, c'est de montrer qu'on peut découvrir des tas de sites à proximité, on peut être touriste sur son territoire, explique Gwendoline. On peut sortir un petit peu des sentiers battus. Découvrir des petites pépites, (...) il y a plein de possibilités ici dans la vallée de la Somme."
Bourdon
À 25 minutes de vélo de Picquigny, dans la commune Bourdon, le marais des Cavins, est ouvert au public. Ce vaste ensemble tourbeux alcalin, surplombé par le larris d'Hangest-sur-Somme, s'étend sur 22 hectares acquis par le Département et est classé Espaces naturels sensibles.
Sophie Guégan, chargée de mission biodiversité au conseil départemental de la Somme énonce que "ces sites présentent une biodiversité naturelle très intéressante. En les restaurant, en faisant des projets de génie écologique, on va retrouver une nature beaucoup plus intéressante. Donc notamment une végétation typique des marais tourbeux".
Le site permet aussi d'en apprendre plus sur l'auteur de Sans famille d'Hector Malot. Ce Normand a aussi écrit En famille, un roman qui relate les conditions de vie difficiles des ouvriers du textile à travers la vie d'une enfant de 12 ans, s'abritant dans une hutte dans des tourbières.
Jean-Paul Grumetz, guide-conférencier, explique que Malot est "un écrivain qui est un peu oublié maintenant, pour pas dire beaucoup oublié, mais qui était un écrivain très célèbre au XIXe et du coup, c'est le seul grand auteur français qui a écrit un roman en prenant appui à la fois sur les étangs de la Somme et sur les filatures et ateliers tissages de jute de la vallée de la Nièvre."
Pour écrire ce roman, Hector Malot s'est documenté et a eu l'idée de s'adresser à Jules Verne, avec qui il partageait le même éditeur, pour mieux décrire la faune et la flore des marais : "Mon cher confrère, pour répondre à votre lettre, je n'ai eu qu'à m'adresser au pécheur et chasseur de la ville, et Dieu sait s'ils sont nombreux dans le pays, plus que le gibier."
Le lieu, propice à cette balade littéraire, est constamment entretenue avec l'appui du Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France. Car les marais ont tendance à s'emboiser. Sophie Guégan, chargée de mission biodiversité au conseil départemental de la Somme souligne l'objectif qui est de réouvrir ces milieux et de leur redonner leur vocation de marais. "Donc, ici, on voit des berges qui ont été retravaillées en pente douce et qui permettent de retrouver des espèces pionnières typiques des marais tourbeux, alcalins."
Un milieu et une histoire facile à découvrir en famille, car le parcours s'étend seulement sur 3 km.
Avec Émilie Boulenger / FTV