Mardi 15 janvier, les députés ont massivement rejeté le projet d'accord de sortie de l'Union Européenne durement négocié par la première ministre Theresa May et l'UE. Des Britanniques installés en Picardie depuis plusieurs années nous ont fait part de leurs sentiments.
Le Parlement britannique a massivement rejeté l'accord de sortie de l'Union Européenne proposé par Theresa May, à 432 voix contre 202. C'est la plus lourde défaite essuyée par un dirigeant britannique depuis les années 1920. Ce vote historique a plongé le Royaume-uni dans le flou quant à son avenir, à deux mois et demi du Brexit prévu le 29 mars.
Installée en France depuis 1990, Jennifer Komdeur a suivi de très près les dernières actualités. Depuis 2008, elle fait partie du conseil municipal de Ponthoile. Même si elle s'est engagée dans la vie de sa commune d'adoption, l'expatriée est restée profondément attachée à son pays et n'a donc jamais pensé prendre la nationalité française. Depuis le vote pour le Brexit, Jennifer Komdeur se pose la question. "J’ai du mal à perdre ma nationalité britannique confie-t-elle, c'est un problème pour moi. Je suis contre le Brexit donc s’il n’y avait pas eu de Brexit, je n'aurais jamais pensé prendre la nationalité française. Si je peux avoir la double nationalité, ça m’intéresse mais pour l’instant, j’attends de voir ce qui se passe en Angleterre parce que, en ce moment, c'est le bazar". Les dernières actualités lui laissent un goût amer. L'expatriée britannique critique fermement l'accord proposé par Theresa May "elle a perdu plus que jamais. Elle aurait dû démissionner tout de suite. Elle continue avec une arrogance énorme. Elle veut continuer à persuader les gens. Ce n'est pas possible".
Les expatriés s'interrogent sur leur avenir
Tim et Margreeth Alexander, eux, sont inquiets. Il y a 6 ans, ils ont acheté un manoir picard du XIXe siècle qu'il loue pour des mariages ou autres événements. Depuis l'annonce du Brexit, non seulement le couple a déjà vu partir quatre famille britanniques de son entourage mais il compte aussi une forte baisse de sa clientèle anglaise.
"Pour le moment, nous voulons rester en France. Les Français sont adorables. Cet endroit est fantastique. La baie de Somme est l’un des plus beaux endroits où nous nous sommes rendus. Mais ça ne sera plus possible si trop de choses changent. Diriger une entreprise en France ne sera plus possible. Gérer les gilets jaunes et le Brexit en même temps, c’est impossible pour des gens comme nous".
Dans ce climat d'incertitude, d'autres Britanniques comme Peter Clark veulent rester optimistes. Ce propriétaire de maison d'hôte, originaire de Ipswich, à l'est de l'Angleterre, est installé en France depuis 2007. "Je n'attends pas une grosse baisse de notre clientèle britannique qui est de 30, 40% de notre clientèle. Je pense que les Britanniques vont continuer à prendre des vacances en France".
Pour cet autre couple britannique, Pippa Darbyshire et Peter Cooke, voter pour le Brexit est un non-sens : "Nous faisons partie de l’Europe, à 20 kilomètres de la France ! Nous sommes européens, nous sommes comme les Français, comme les Allemands, nous avons un héritage commun. Nous partageons cette histoire et ne pouvons prétendre que ça n’existe pas".
Après le désaveu des députés britanniques, une nouvelle phase de négociations devrait débuter avec l'Union Européenne. Une échéance que suivront avec attention les ressortissants Britanniques de Picardie.