Le 31 janvier, le Royaume-Uni quitte l'Union Européenne. Une décision qui peut avoir des conséquences inattendues sur le tourisme notamment. C'est le cas du chemin de fer de la baie de Somme et de ses vieilles locomotives.
Installé depuis des décennies au Crotoy dans la Somme, le chemin de fer de la baie de Somme est une institution.
Les locomotives de cette attraction touristique incontournable sont de vénérables ancêtres qui nécessitent parfois de très lourds travaux d’entretien. Par exemple, le remplacement des tubes à fumée, indispensable une fois tous les dix ans. Ce savoir-faire est la spécialité d’entreprises britanniques, dont Israel Newton & Sons.
Créée en 1803 à proximité de Birmingham, la société a sept clients en France. Dont le Chemin de fer de la Baie de Somme, donc. Avec la perspective grandissante d’un Brexit, approuvé par les députés britanniques en janvier dernier, ses responsables craignent des turbulences.
"Ça pourrait nous faire beaucoup de paperasse, s’inquiète Guy Debes, son co-directeur. Pour les normes techniques, par exemple, on travaille avec les autorités françaises depuis des années pour revenir au rivetage à l’ancienne des chaudières plutôt qu’à la soudure. Les rivets ont l’avantage de suivre la dilatation, alors que la soudure est tellement rigide qu’elle peut finir par casser."
Jusqu’à présent, les chaudières étaient envoyées en Angleterre pour les gros travaux. L’idée d'installer un atelier de chaudronnerie à Saint-Valery-sur-Somme fait son chemin. Le site envisagé : un ancien chantier naval, dont la taille serait idéale. "On pourrait former des Français pour transmettre nos compétences, expose Guy Debes. On n’aurait pas besoin de faire venir des gens au Royaume-Uni."
Pour le Chemin de fer de la baie de Somme, cet atelier s'inscrirait dans un plus vaste projet : la construction de nouveaux locaux techniques, plus grands et plus modernes. "Nous pensons que nous pourrions aller plus loin : avoir un atelier qui serait visitable toute l’année, se réjouit Geoffrey Nickson, son administrateur, qui pourrait éventuellement se combiner avec d’autres activités faisant appel à des savoir-faire traditionnels et faire une espèce de pôle d’activités traditionnelles." Aujourd’hui, l’association emploie une vingtaine de salariés à l'année, sans compter les saisonniers.