Claudine Martin et Jean-Marc Davergne réalisent un périple de 650 kilomètres à vélo de Villers-Bretonneux dans la Somme à Nieuport en Belgique en passant par les sites de mémoire de la Première Guerre mondiale. Au fil de leur parcours, le couple appelle aux dons pour les Ukrainiens.
Albert, Arras, Ypres ou encore Nieuport. Des lieux qui racontent les souffrances du premier conflit mondial, mais aussi l'espoir de paix après la guerre.
Et c'est tout le sens du voyage de Claudine Martin et Jean-Marc Davergne. Le couple de Samariens s'est lancé lundi matin "à vélo pour l'Ukraine" sur les routes des Hauts-de-France et de Belgique.
Les étapes sont l'occasion de se recueillir sur des sites de mémoire, des plus célèbres, comme le mémorial de Thiepval, aux moins fréquentés : "À Achiet-le-Petit [près de Bapaume dans le Pas-de-Calais, ndlr], nous nous sommes arrêtés dans un cimetière militaire allemand. C'est une ambiance particulière avec ces croix noires. Ça marque encore plus", explique Claudine.
Symboliquement, le départ a eu lieu le lundi 25 avril du mémorial national australien de Villers-Bretonneux dans la Somme, à l'occasion de l'Anzac Day : cette journée commémore les batailles de Gallipoli en 1915 de Villers-Bretonneux en 1918, lors desquelles s'illustrèrent les corps expéditionnaires australiens et néo-zélandais.
Une entrée en matière pleine d'émotion selon Claudine : "C'était prenant. On a senti qu'il y avait un devoir de mémoire très ancré chez les Australiens".
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Anciens marathoniens, Claudine et Jean-Marc avaient déjà parcouru en 2021 mille kilomètres à vélo jusqu'à Fouesnant en Bretagne : "au départ, notre projet était personnel, reconnaît Jean-Marc, mais en fin d'année dernière et surtout après le déclenchement de la guerre en Ukraine, nous avons souhaité en faire quelque chose d'utile".
Une cagnotte en ligne pour les réfugiés ukrainiens
Les 650 kilomètres du voyage offrent leur lot de belles rencontres : "hier [lundi], nous avons été reçus par le secrétaire de mairie du village de Bienvillers-au-bois dans le Pas-de-Calais. La médiathèque venait d'ouvrir. Nous avons pu chanter notre chanson "Le migrant" aux enfants présents. J'avais écrit ce texte il y a deux ans et Jean-Marc l'avait mis en musique. Il est complètement d'actualité. Les enfants ont aimé et vont nous faire des dessins", se réjouit Claudine.
C'est très chouette ! Ils relient les villes et les gens avec leur vélo. C'est une opportunité de montrer que c'est possible de créer du lien.
Flavie Herbette, présidente de l'association Centropolis
Nos cyclistes solidaires souhaitent récupérer des textes, des photos et des dessins de soutien pour les familles ukrainiennes. Une cagnotte en ligne a été créée pour récolter des dons qui seront reversés à Centropolis.
Depuis le début du conflit, cette association amiénoise multiplie les actions en faveur des Ukrainiens. Et c'est tout naturellement que Flavie Herbette, présidente de Centropolis, a soutenu le projet : "C'est très chouette ! Ils relient les villes et les gens avec leur vélo. C'est une opportunité de montrer que c'est possible de créer du lien".
Des balises offertes tout au long du parcours
Centropolis a fait fabriquer pour eux treize petites balises à offrir aux représentants des communes visitées. Mardi 26 avril, c'est une conseillère municipale d'Arras qui les a accueillis au beffroi autour d'un chaleureux pot de l'amitié : "elle a été très à l'écoute et nous a expliqué ce que la ville faisait pour les Ukrainiens".
Après une petite chanson interprétée par Jean-Marc, le duo a rapidement repris la route en direction du Mémorial national du Canada à Vimy, avant Lille, arrivée de l'étape du jour.
Certains soirs, ils seront hébergés par des amis ou même de chaleureux internautes : "nous sommes des fidèles de la page Facebook "Voyages à vélo" ; un des membres va nous héberger à Berck-sur-mer !", assure Claudine, reconnaissante.
L'aventure est suivie par la communauté cycliste comme par les membres de Centropolis. Claudine et Jean-Marc seront d'ailleurs mis à l'honneur lors d'une soirée caritative intitulée Volia (liberté en ukrainien), mercredi 27 avril à Amiens, en faveur des réfugiés ukrainiens logés dans la Somme : "L'argent servira à les équiper ou à financer leurs déplacements pour des formations par exemple", précise Flavie Herbette.
Une arrivée au stade de la la Licorne à Amiens
Le couple sera de retour le 5 mai à Amiens : "Un copain viendra parcourir avec nous les derniers kilomètres !", explique Jean-Marc.
Un comité d'accueil est prévu à 16 heures au stade de la Licorne avec des footballeurs, des élus, des membres de Centropolis et des réfugiés.
Avant sûrement "une soirée de partage avec des familles ukrainiennes", imagine Claudine ; son compagnon aussi à une petite idée : "Et pourquoi pas un petit concert ?"