Déconfinement : une salle communale transformée en salon de coiffure à Tincourt-Boucly, petit village de la Somme

Après deux mois de confinement, de nombreuses personnes sont impatientes d’aller chez le coiffeur. Pour répondre à la demande en toute sécurité, le maire de Tincourt-Boucly, dans la Somme, a improvisé un "espace coiffure en milieu rural" dans une salle communale.

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Ce vendredi 15 mai, les rendez-vous se sont succédés à la maison du temps partagé de Tincourt-Boucly, village de 400 habitants, à l'est de la Somme. Cette petite maison, qui appartient à la commune, a été transformée en salon de coiffure improvisé. 
L'initiative a été lancée par le maire du village, Vincent Morgant : "Tous les habitants avaient besoin d’aller chez le coiffeur dès la sortie du confinement, parce que les cheveux étaient longs et aussi parce que c'est une manière de se sentir bien et de renaître. Ça redonne le moral et ça permet de mieux voir l’avenir".
 

"C'est un espace coiffure en milieu rural"

Mais après le confinement, difficile de se rendre chez le coiffeur en toute sécurité. Les salons sont pris d'assaut et le plus proche est à quatre kilomètres.

Pour éviter la propagation du virus, Vincent Morgant, avec l'appui du conseil municipal, décide d'investir : deux fauteuils réglables, un bac à shampoing avec un siège et des miroirs, le tout pour 200 euros. 

Une équipe de bénévoles se charge de l'installation. "C'est un espace coiffure en milieu rural. Ce qui nous importe, c'est que dans un village comme le nôtre, on sait qu'il n'y aura jamais un salon mais tout ce qu'on peut faire, c'est de redonner du lien, de créer le lien social". 

Deux professionnelles ont répondu à l'appel, Aurore Manier (Aurore coiffure) et Alvina Fernandez (Libre comme l'hair). Le matériel est mis à leur disposition deux matinées par semaine et un samedi par mois dans le local qui accueille habituellement de multiples activités du village (répétitions d'orchestres, club des anciens ou encore rencontres d'assistantes maternelles). Les deux jeunes femmes n'y voient que des avantages.

Moins de risques

"Pour moi, comme j'habite le village, explique Aurore, ça m'a permis de me faire connaître un peu plus. Et en cette période, c'est vrai que les gens n'osent pas aller en salon où il peut y avoir beaucoup de monde d'un seul coup. Elles se sentent plus en sécurité ici, surtout en ce moment".

Côté sanitaire, toutes les précautions sont prises. Le gel hydroalcoolique est fourni. Le port du masque est obligatoire. Le bac à shampoing est désinfecté après chaque utilisation et les peignoirs sont changés à chaque client. Un avantage non négligeable pour Alvina. "L'avantage entre chaque cliente est de ne pas avoir à trimballer le matériel. Et pour ce qui est de la désinfection, que ce soit des outils, des fauteuils ou du bac à shampoing, il y a moins de risques que d’aller chez les gens puisqu'on sait qu’on désinfecte tout. Alors que si je vais chez eux, je ne me vois pas désinfecter toute la cuisine, par exemple".
 

Gain de temps

Autre avantage pour les professionnelles : le temps. 
"Moi, je suis sur trois salons différents, dit Alvina, J'ai le mien sur Gauchy, un autre à Matigny et maintenant à Tincourt-Boucly. C'est là où j'ai commencé puisque mes parents sont d'ici. Pour moi, ce concept, c'est un gain de temps. À domicile, on ne fait qu'une seule cliente à la fois. En salon, une cliente qui fait une couleur, c'est 1h30. À domicile, avec le temps de route, le temps de déballer les affaires, c'est 2h. La demi-heure, c'est une coupe brushing de perdu".

"Personnellement, ça m'évite de faire des kilomètres entre deux. Avec la route en moins, je gagne du temps", ajoute Aurore. En deux jours, 27 personnes ont profité de l'espace coiffure. Les carnets de rendez-vous se remplissent rapidement. "J'ai déjà pris 3 rendez-vous pour le mois de juin" annonce Alvina.

L'opération devrait se poursuivre environ trois mois à l'issue desquels, la mairie tirera un bilan. "Si ça répond aux attentes des habitants du village, on continuera et ça pourra devenir quelque chose de permanent, voire même se développer vers d'autres activités, comme celle d'une esthéticienne" annonce Vincent Morgant.

 




 
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