La galerie Jules Barni à Mers-les-Bains et les dépendances du château d'Argœuves font partie des 37 lauréats du programme patrimoine et tourisme local de la Fondation du patrimoine en partenariat avec Airbnb. Une dotation financière qui servira à la restauration de ces édifices.
20 000 euros, cela peut paraître peu quand la facture de rénovation est à six chiffres. Mais quand il s'agit de tout refaire, le moindre euro compte. Charles de Limerville le sait mieux que quiconque : il est nouveau propriétaire du château d'Argoeuves depuis que son père le lui a légué en septembre dernier. Un édifice datant du 19e siècle inscrit aux monuments historiques et qui appartient à sa famille depuis une centaine d'années.
Rendre les lieux attractifs
Alors cette dotation de la Fondation du patrimoine est la bienvenue pour ce trentenaire et son épouse Camille. Car on ne peut pas dire que ces parents de deux jeunes enfants ont choisi la facilité : le château n'est pas habitable tant son état de dégradation est avancé. Infiltrations d'eau, plafonds effondrés, faible isolation thermique et électricité douteuse... Restaurer un tel bâtiment coûte cher. Très cher. Environ 1,3 million. Si Charles de Limerville peut compter sur des subventions, il sait que le coût de l'entretien du château va lui incomber et qu'il faut donc des rentrées d'argent en rendant plus attractif le château ouvert au public gratuitement seulement 40 jours par an.
"Un des vecteurs d’attractivité et de génération de revenus, c’est la création de gîtes dans les dépendances, explique celui qui n'aime pas qu'on dise de lui qu'il est châtelain. On a engagé depuis plusieurs mois des travaux avec un architecte du patrimoine pour renouveler les menuiseries et refaire la toiture."
Générer des revenus pour pouvoir restaurer
Et c'est à la transformation de ces dépendances en gîtes que les 20 000 euros de la Fondation du patrimoine vont servir. "Il y en a un qui est prévu dans l’ancienne maison du journalier et l’autre, dans l’ancienne maison du gardien. Il y a tout à faire. Absolument tout : il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, plus de parquet", détaille Charles Limerville. Un troisième est également envisagé dans une grange.
Si le projet de Charles et de Camille est soutenu par le programme patrimoine et tourisme local de la Fondation du patrimoine en partenariat avec Airbnb, c'est qu'il répond au critère de dynamisation du tourisme et de l'économie locale et qu'il est situé dans une commune de moins de 20 000 habitants. "L’idée, c’est de proposer des gîtes ruraux en récupérant du mobilier existant dans la propriété pour garder le côté vieille maison et patrimoine, précise-t-il. Nous souhaitons labéliser nos gîtes "cyclotourisme" afin d'offrir un accueil de qualité aux touristes qui arpentent les chemins de halages entre Amiens et la baie de Somme. Ces gîtes seront un point d'étape essentiel pour toute personne souhaitant découvrir la vallée de la Somme."
Si le permis de construire a été accepté, reste encore quelques devis à signer. Charles de Limerville espère voir les travaux débuter à l'automne prochain et accueillir les premiers clients au printemps 2025.
Intérêt patrimonial, économique et touristique
À Mers-les-Bains, les délais des travaux sur la galerie Jules Barni sont plus longs. Et la facture, beaucoup plus élevée. "On est à un peu plus de 3 millions d’euros hors taxes. On a quelques aides : l’État, la DRAC, la Région, l’intercommunalité, énumère-t-on à la mairie. Mais 30 000 euros, ça va servir !"
C'est en effet le montant de la dotation accordée par la Fondation du patrimoine et Airbnb à la rénovation de la première galerie commerciale de la côte picarde composée de quatre cellules commerciales au rez-de-chaussée et de quatre appartements au premier étage. En mauvais état général, le bâtiment, construit en 1885, a fait l'objet de plusieurs arrêtés de péril ordinaire et imminent. "Il s'écroulait", résume-t-on à la mairie. Au point qu'il a dû être étayé en 2018.
La restauration devenait dès lors urgente. "Les travaux ont commencé avec la démolition de gros œuvre il y a quelques jours, précise la municipalité. On va remettre le bâtiment aux normes actuelles avec une réhabilitation thermique. On a découvert des champignons dus à l’humidité. Le bâtiment est construit à flanc de coteau et donc a subi des pressions de ce coteau et des infiltrations d’eau. On pensait qu’il y avait du mérule, mais finalement non. Mais il faut assainir tout le bâtiment."
Aujourd'hui propriété de la commune après avoir appartenu pendant plusieurs des décennies à une copropriété privée, le bâtiment est classé au titre des monuments historiques depuis 2014.
Ça aurait été très lucratif de réserver les appartements à de la location saisonnière, mais la ville préfère les garder dans son parc de location pour les réserver à des familles avec enfants.
Mairie de Mers-les-Bains
Son architecture originale avec des toits en terrasse et des balcons partiellement ajourés, la riche ornementation de la façade avec des frises de céramiques de couleurs différentes, ainsi que des fenêtres d’escaliers confèrent à cette galerie commerciale en briques de 500 m² de surface un intérêt patrimonial indéniable.
"Le projet de la commune, c’est que le rez-de-chaussée soit réhabilité pour des locaux commerciaux pour avoir un centre-ville qui vit. Quant aux appartements, ça aurait été très lucratif de les réserver à de la location saisonnière, mais la ville préfère les garder dans son parc de location pour les réserver à des familles avec enfants pour redynamiser aussi le centre-ville et abonder nos écoles. Parce qu’on subit quand même une forte pression de tout ce qui est location touristique, donc on a du mal à loger nos jeunes couples au sein de la commune."
La prochaine sélection des lauréats du programme patrimoine et tourisme local de la Fondation du patrimoine aura lieu à l'automne. Les porteurs de projet ont jusqu'au 13 septembre pour faire parvenir leur dossier de candidature à la délégation régionale de la Fondation.