Axel Poiret, en service civique à la mairie d'Ailly-sur-Somme, commune dans laquelle il a vécu toute sa vie, tente de rendre le vote aux élections européennes attractif. Un véritable défi qu'il est prêt à relever grâce à une campagne de communication bien ficelée.
À seulement 19 ans, Axel Poiret connaît déjà bien les rouages de la vie politique nationale et européenne. En service civique depuis le mois d'octobre à la mairie d'Ailly-sur-Somme, il est étudiant à en science politique à Amiens et participe à une campagne de communication. L'objectif : sensibiliser aux élections européennes qui se tiendront le 9 juin prochain.
Il travaille à la "publication sur les réseaux sociaux, donc à la fois YouTube, Facebook", à "l'application Panneau Pocket qui permet d'envoyer des notifications aux habitants, et également à tout l'affichage papier sur nos panneaux", énumère le jeune homme.
Objectif : le taux d'abstention le plus faible de France
Il souhaite avant tout toucher les jeunes, d'où l'utilisation des réseaux sociaux. Mais il n'oublie pas non plus "l'affichage plus traditionnel" avec les panneaux communaux. "Ça nous permet de toucher toute la population même si on sait que nos réseaux sociaux ont une résonance toute particulière quand on publie, on a aux alentours de 3 000 vues". Un beau score quand on sait que la commune possède 3 000 habitants.
Axel Poiret reste bien conscient que tous les habitants ne consultent pas les réseaux sociaux de la mairie. "On a aussi des habitants de l'extérieur et l'objectif, c'est que les gens aillent voter", nuance-t-il avant d'afficher l'intention derrière cette campagne : "nous voulons être la ville qui présente le taux d'abstention le plus faible de France et on va y arriver par une bonne information des citoyens et une bonne communication."
Il estime également qu'en lançant ce défi, les habitants pourraient être motivés. "Ça rapproche les citoyens de la politique parce qu'on les informe sur ce que la politique leur apporte sur leur quotidien", ajoute Axel Poiret.
Ailly-sur-Somme au cœur de l'Europe
Pour montrer que l'Europe a un impact sur la vie quotidienne, même au sein d'Ailly-sur-Somme, Axel cite le programme "Vallée de Somme, une vallée idéale", lancée par le conseil départemental. Celui-ci a permis d'aménager, sur toute la longueur du chemin de halage, une piste cyclable avec des bancs, notamment. "On s'est rendu compte que l'Europe, à travers le fonds FEDER (Fonds européen de développement régional), avait financé une partie de ce projet".
La véloroute est utilisée "quasiment tous les week-ends par les Aillygeois. Quand vous venez ici l'été, c'est plein, tout le monde en profite et il nous semblait intéressant de rappeler que c'est un projet qui a été cofinancé et rendu possible par l’Europe. Ça montre que la politique européenne peut changer un peu notre quotidien".
Axel Poiret ne se définit toutefois pas comme un Européen convaincu, "mais je pense que quand il y a des choses de bien, il faut le dire et là, c'est quelque chose qui touche à notre quotidien, donc c'est intéressant de le rappeler".
"Les jeunes peuvent aussi se bouger pour le territoire"
À travers sa démarche, le jeune homme veut montrer que les jeunes peuvent aussi mettre en place des initiatives pour leur territoire. "Ce n'est pas parce qu'on est jeune qu'on doit, entre guillemets, se laisser dicter un certain nombre de choses. On peut aussi s'investir".
Il réfute d'ailleurs le discours qui veut que les jeunes ne soient pas assez engagés. "Je pense qu'il y a vraiment un faux débat sur l'engagement des jeunes, j'ai l'impression que c'est la cible facile : regardez les marches pour le climat, dans la rue, ce ne sont quasiment que des jeunes qui s'engagent". Il cite également la lutte contre les violences sexistes et sexuelles : "là, c'est encore des jeunes qui portent le combat".
Ce sont des formes d’engagement différentes, ça ne passe pas forcément par le vote.
Axel Poiret
Il n'en reste pas moins que le vote des jeunes n'est pas assez haut. Axel l'explique par le fait qu'ils "ne se sentent pas représentés" et "ils ont du mal à s'informer". C'est pourquoi son travail à la mairie consiste à donner des informations claires. "On rappelle l'inscription sur les listes électorales, la démarche : soit d'aller sur le site internet de l'État, soit se rendre au secrétariat parce qu'on a une équipe administrative qui sera là pour répondre aux questions" sur l'inscription aux listes électorales.
La mairie informe aussi sur "les candidats, on rappelle le site qui répertorie tous les candidats dans notre clip et l'information, ce à quoi vont servir les élections : elles vont aider à renouveler le Parlement européen".
"Il est à mes côtés depuis de nombreuses années"
Catherine Bénédini, maire (PS) d'Ailly-sur-Somme peut témoigner de l'engagement d'Axel auprès de la commune, puisqu'elle l'a connu lorsqu'il était "haut comme trois pommes". Elle rappelle fièrement qu'il lisait le discours du 8 mai, celui du 11 novembre et a participé à de nombreux évènements communaux, comme le repas des aînés auquel il est présent tous les ans.
Aux manettes depuis dix ans, l'édile est satisfaite de voir des jeunes comme Axel s'engager en politique, d'autant plus que la municipalité "a consacré beaucoup de budget à l'éducation". Elle va aussi dans le sens du discours du jeune homme sur l'engagement des jeunes, qui "s'investissent quand on leur donne le moyen de le faire".
À Ailly-sur-Somme, il n'est donc pas "dur" de trouver des jeunes qui s'engagent. "Quand on a envie de mener des projets et de faire en sorte que des jeunes nous accompagnent, il y a différents moyens de le faire : on a la mairie, mais on s'expatrie un peu plus, on va rencontrer les collégiens, on interpelle les gens dans la rue, sur les réseaux sociaux. Donc il y a moyen d'en capter, même si ce n'est pas beaucoup. Ce sont quelques-uns, mais ils se dupliqueront dans les années à venir", conclut-elle.
Avec Laurent Penichou / FTV