Un mois après les émeutes survenues après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, les buralistes les plus vandalisés restent toujours portes closes. Dans les Hauts-de-France, sur 31 bureaux de tabac impactés, 8 sont toujours fermés. L'État leur promet une indemnité de 10 000 euros pour les soutenir.
"Saccagé, c’est le terme, ce n'est pas que du vol". Christophe Gouchet se souvient très bien de la nuit du 29 au 30 juin dernier. "Tout a été pris au niveau du tabac, ils sautaient partout", raconte ce buraliste dans le quartier d’Étouvie à Amiens. Bilan du pillage : 45 000 euros de marchandises envolées et 10 000 euros de travaux à effectuer.
Un mois plus tard, rien n'a bougé ou presque. La porte vitrée fracassée par les émeutiers n'a toujours pas été remplacée. "On a essayé de remettre au mieux. On a déjà réparé le mobilier, mais il reste les vitrines et le rideau de fer, et comme c'est l'été, les entreprises sont en vacances", livre Christophe Gouchet. Le buraliste amiénois ne devrait pas rouvrir avant début octobre.
Le bureau de tabac "Toute la presse" au sud-est d’Amiens a été pillé le lendemain, dans la nuit du 30 juin au 1ᵉʳ juillet. Bilan : près de 20 000 € de dommages. Le commerce a rouvert ses portes trois jours après. "On ne réfléchit pas, on fonce. On a réparé les dégâts et tout remis en ordre, dans mon malheur, je n'ai heureusement pas eu de dégâts m'empêchant d'ouvrir", raconte Alexandre Brumen, le gérant.
Une aide de l'État bienvenue
Pour venir en aide à la profession, le ministre délégué chargé des Comptes publics Thomas Cazenave a annoncé jeudi 3 août une aide de 10 000 euros versée par l’État pour les buralistes vandalisés ayant dû fermer au moins trois jours consécutifs.
Une aide financière saluée par la Confédération des buralistes de France. "Ça va permettre aux buralistes impactés de se toucher un petit salaire. Nous sommes tous des indépendants. C'est la recette du jour, avec les bénéfices du jour, qui permet de se sortir un salaire chaque mois. Et forcément, quand il n'y a pas d'activité, il n'y a pas de salaire", explique Philippe Laveau, président de la Fédération des buralistes de la Somme.
Pendant trois mois on ne va pas se payer ma femme et moi. À un moment, il va bien falloir se nourrir donc oui, ces 10 000€ sont bienvenus.
Christophe Gouchet, buraliste à Amiens
"C’est une bonne aide, car on est quand même des cibles privilégiées depuis quelques années. Avec le prix du tabac, le trafic à côté, notre activité baisse. C'est de plus en plus dur. Ça ne suffira pas à couvrir les dégâts, mais ça va nous apporter une bouffée d'air", ajoute Alexandre Brumen. Le versement de cette indemnité devrait arriver au début de l'automne.
Selon la Confédération des buralistes de France, 545 bureaux de tabac ont été impactés par les émeutes, dont 64 ont été détruits par un incendie volontaire. Au niveau régional, dans les Hauts-de-France, 31 bureaux de tabac ont été la cible d’émeutiers (20 dans le Nord-Pas-de-Calais, et 11 en Picardie). À date, 8 sont toujours fermés.
Avec Anthony Halpern / FTV