Après une édition 2020 supprimée pour raison sanitaire, le festival de l'oiseau de Saint-Valery (Somme) cette année s'est adapté et propose jusqu'au 2 mai une connexion...virtuelle avec la nature à travers débats et films. Rencontre avec deux photographes animaliers habitués du rendez-vous.
Les oiseaux n'ont que faire du confinement ! Et ceux dont le métier est de les photographier et les mettre en valeur s'en réjouissent. Sur le Site Des 2 Caps (Pas-de-Calais) ou dans la forêt de Condé-Folie (Somme), Fabien Coisy et Jean-Michel Lecat, ouvrent l'œil, appareil au garde-à-vous. Leurs clichés chaque année sont exposés et parfois primés au Festival de l'oiseau et de la nature. Cette année, point de rencontres avec le public, pas de stages mais les réseaux sociaux permettent d'exposer leur travail.
Fabien Coisy est né sur la Côte d'Opale. Un terrain de jeu qu'il a toujours arpenté avec son père, décédé il y une dizaine d'années. C'est pour surmonter son deuil que ce trentenaire s'est mis à la photo : "Je dirais que ma photo est opportuniste. J'aime bien me promener avec parfois l'objectif en tête de rencontrer telle ou telle espèce mais l'idée de départ c'est quand même de prendre un bon bol d'air. Me reconnecter à la nature. C'est un bonus la photo !".
Parfois des jours de repérage et des heures d'attente pour un cliché
S'ils travaillent en solitaire, les photographes animaliers aiment partager leur passion avec le public. Un échange cette année limité dans le Festival de l'oiseau et de la nature mais les "live" chaque soir à 19 heures accrochent quelques irréductibles : "Hier par exemple, 450 connexions ont été enregistrées avec Marc Costermans spécialiste du martin-pêcheur. Les échanges autour des problématiques du climat ont également bien fonctionné. Et puis avec la levée prochaine de la restriction des dix kilomètres, nous avons décidé de poursuivre les expositions en extérieur jusqu'au week-end de l'ascension", se réjouit Marie-Paule Boche coordinatrice du festival.
Fabien Coisy, 1er prix 2020 du concours "Mon plus beau coin nature des Hauts-de-France" souscrit à ce besoin de partage: "Faire des photos, c'est comme faire de la musique. Le garder pour soi n'a aucun sens. Sensibliser le public, c'est faire prendre conscience de tout le travail en amont et de la magie de certaines images".
Retrouvez ci-dessous notre édition spéciale Littoral Hauts-de-France consacrée au Festival
La photographie animalière, école de la patience
Photographe, sculpteur animalier, Jean-Michel Lecat anime depuis longtemps des ateliers lors du Festival de l'oiseau et de la nature. Il propose également des stages de photographie d'affût. Des activités qui sont à la peine en ce moment mais ce passionné depuis 30 ans garde le sourire. Alors, comme un rituel, chaque matin devant chacun de ses cabanons camouflés dans la forêt, il distribue graines, noix et noisettes afin de mieux observer les animaux : "On aide un peu les choses en les nourissant mais l'idée c'est surtout de photographier les comportements qui eux sont naturels. Afin de ne pas déranger tout le milieu, on va concentrer les animaux sur un endroit et en se cachant dans l'affût on va disparître du paysage et eux vont se débrouiller comme des grands".
Et ce jour là, l'appel de la forêt est entendu. Un écureuil, une mésange, un pic épeiche, un rouge-gorge, un lièvre. Un défilé permanent mais l'animal ne pose pas. Et c'est là que le talent du photographe s'exprime, des centaines, des milliers de clichés pris sur le vif. De cette galerie de portraits, Jean-Michel n'en gardera qu'une infime partie : "Il y a des tas de photos que je rêve de faire. Il y a des moments hors du commun parfois, comme cette chouette chevêche qui hier est arrivée droit sur moi. C'est génial !"
"Les meilleures photos sont celles que je n'ai pas faites"
Le festival de l'oiseau et de la nature se poursuit jusqu'à dimanche.