À partir de septembre 2023, les trajets en navette des personnes en situation de handicap vers le centre d'activités EPISSOS de Poix-de-Picardie ne seront plus pris en charge par ce dernier. Marie-Pierre a peur que le centre, où sa sœur a réalisé d'énormes progrès depuis un an, ne ferme ses portes. Le département assure qu'il ne laissera personne sans solution.
[Mise à jour : le département de la Somme ayant apporté des précisions nécessaires à la compréhension du sujet, cet article a été modifié après sa publication]
Depuis un an, Carole, en situation de handicap, fréquente un centre d'activités quotidiennement. Elle s'y rend en navette. Mais en septembre 2023, ce trajet de 10 km entre Quevauvillers et Poix-de-Picardie, dans la Somme, ne sera plus pris en charge par le centre EPISSOS.
"Le 7 juillet, on a eu une réunion informelle nous précisant qu'il n'y aurait plus de subventions pour le transport, donc on essaie de trouver des solutions. On cherche des devis avec des taxis ou on essaie de s'arranger entre familles", expose Marie-Pierre, la sœur de Carole, qui l'héberge et s'occupe d'elle.
Un coût estimé à 100 000 € par an
Le département de la Somme accorde une subvention de fonctionnement au centre EPISSOS de près de 200 000 euros par an. Jusqu'à présent, la direction du centre se servait d'une partie de cette somme pour financer les trajets des personnes en situation de handicap entre leur domicile et le centre. Elle aimerait désormais que le département prenne en charge les coûts de transport, estimés à 100 000 euros par an, en plus de la subvention de fonctionnement.
Le département, qui ne subventionne le transport vers aucun centre de jour, est en désaccord. "Le centre EPISSOS doit faire le nécessaire pour que la prestation compensation handicap surcoût transport soit sollicitée par les personnes concernées", estime son président, Stéphane Haussoulier. Une subvention à laquelle Carole n'est pas éligible, selon sa sœur.
Les problèmes de gestion budgétaire du centre EPISSOS pourraient avoir de fortes répercussions sur la vie des personnes qui le fréquentent. Le département de la Somme affirme, de son côté, qu'il ne laissera pas les personnes concernées sans solution.
La famille a peur que le centre ne ferme
Marie-Pierre ne pourra en tout cas pas payer la facture de transport. "1 200 € par mois, ce n'est pas possible. Personne ne pourra les donner". Carole, avec ses 971 € mensuels d'allocation aux adultes handicapés (AAH), ne pourra pas non plus s'acquitter d'une telle somme. Marie-Pierre a peur que le centre EPISSOS ne ferme ses portes si aucune solution de substitution n'est proposée aux familles. "Ils ne peuvent pas ouvrir un centre avec 5 accueillis au lieu de 24", s'inquiète-t-elle.
Si c'était le cas, cela pourrait avoir des conséquences importantes sur les progrès réalisés par Carole depuis un an. "Si elle se retrouve à la maison, elle va déprimer. Elle s'était très bien intégrée. Les éducateurs sont au top. Le mardi, ils font du cirque, au mois de septembre, ma sœur devait faire un baptême de l'air", détaille Marie-Pierre qui se réjouit de voir que sa sœur a repris une vie sociale. "Elle a l'impression de faire sa journée comme je vais au travail. Tout le monde voit qu'elle a évolué, à tous points de vue. Elle est plus épanouie".
Avec Christelle Juteau-Lermechin / FTV