JO de Paris 2024 : "pour un sportif, les valeurs de l’olympisme, c’est le summum", exprime Joseph Mbongo porteur de la flamme olympique

Entraîneur de l’équipe de basket fauteuil du club handisport d’Amiens métropole, Joseph Mbongo est aussi président du comité départemental et vice-président du comité régional handisport. Il a été choisi pour être l’un des porteurs de la flamme olympique, le 4 juillet prochain, lors de son passage dans la Somme. Une reconnaissance pour son engagement au sein de la Fédération française handisport.

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Le sport, "c'est vital" pour Joseph Mbongo, coach de l'équipe de basket fauteuil au club de l'Handisport Amiens Métropole. Président de l'association durant douze années, engagé à plusieurs niveaux pour porter le handisport, il a été choisi parmi les relayeurs de la flamme olympique, le 4 juillet prochain, lors de son passage dans la Somme.

Une manière de reconnaître tout le travail effectué par ce "boulimique" de sport. Jusqu'à ses 19 ans, il a pratiqué sa passion de manière débordante, à la fois dans le basket, le football, le handball ou encore le volley-ball.

Rétrospectivement, ce sont des années où je végétais

Joseph Mbongo

Entraîneur de l'équipe de basket fauteuil d'Amiens

Mais en 1986, le jeune Camerounais voit sa vie changer. Il perd l’usage de ses pieds à la suite d'un infarctus de la moëlle épinière, un diagnostic révélé 18 ans plus tard. Il explique avoir été infecté après l'intervention d'un tradipatricien, qui lui a écorché les pieds dans l'eau bouillante. Dans un premier temps, il a vu son pronostic vital engagé, "à cause d'escarres partout". Puis, il a été alité durant plusieurs mois, à plat ventre, pour les soigner. "Je ne sais pas comment je m'en suis sorti". Il a été par la suite immobilisé pendant trois ans. Un calvaire pour celui qui évoluait sans compter ses efforts. "Rétrospectivement, ce sont des années où je végétais", résume-t-il.

C'est en recevant un tricycle, en 1988, qu'il a retrouvé "les sensations du sportif". "Je me souviens, je suis parti. J’ai roulé pendant des heures et des heures. Et quand je suis revenu de cette excursion, ça a été du tac-au-tac. Je me suis dit à ce moment-là : si je ne suis pas parti, c’est que j’avais encore quelque-chose à faire."

Ça a été tout de suite une révélation de me dire que mon handicap, c’est juste une différence.

Joseph Mbongo

Entraîneur de l'équipe de basket fauteuil d'Amiens

Avec toute l’énergie que Joseph Mbongo a à revendre, il a repris son parcours d'étudiant et de sportif, avec le basket fauteuil, en 1992. "Ça a été tout de suite une révélation de me dire que mon handicap, c’est juste une différence. Mais en termes de vie, si je pratique le sport, je peux vaquer à toutes mes autres occupations. Mais avec ce point central qu’il faut que je garde une part forte sur le sport et le lien social."

Le sport, il le considère comme un de ses quatre moteurs : "Le travail, le sport, la vie associative et la vie religieuse. Mais le sport, c'est capital. Quand on a eu une vie et qu’on se retrouve dans une autre. Quand on n’a pas de point d’ancrage, on peut avoir du mal à repartir. Ça a été ce point d’ancrage là et qui permet de repartir avec ce que ça draine comme convivialité, comme dépassement de soi, comme lien social."

La recette du coach est de créer "une famille"

En France, il a démarré au club de basket fauteuil à Creil, avant de rejoindre Amiens en 2006. L’ancien joueur est aujourd’hui coach d’une équipe triée sur le volet, explique-t-il. "On a besoin de joueurs qui aient un esprit d’équipe. Ça compte beaucoup pour la vie du groupe". Autre point important, avoir : "une envie de se dépasser". La recette du coach est de créer "une famille" afin d’avoir une équipe qui "dure dans le temps".

Entre son travail, les entraînements et les compétitions, Joseph Mbongo a un planning bien chargé. Sans oublier la vie associative. De plus, il est engagé au sein de la fédération à l'échelle départementale et régionale. Via ses multiples casquettes, il porte son rêve et son combat. Celui d’une société dans laquelle les personnes en situation de handicap garderaient leur place au même titre que celle des valides.

Quand il a retrouvé goût au sport, il s'est dit : "Pour les autres à qui ça arriverait, je ne veux pas qu’il fasse trois ans", pour retrouver le chemin des terrains. "Tu sors avec la maladie ou tu deviens l'objet de toutes les attentions. Soit on vient te dire au revoir, parce que le pronostic vital est engagé. On te montre qu’on t’aime, on pleure, après on te laisse. Tu n’es plus un maillon de construction de la vie. Tu es quelqu’un à qui on va dire au revoir. Il y a la pitié. Ça part d’un bon sentiment. Mais quand on veut vivre, ce n’est pas de ça dont on a besoin."

Porter la flamme, "Pour un sportif, les valeurs de l’olympisme, c’est le summum"

Joseph Mbongo l'assure, sa vie "ne suffira pas pour faire tout ce que j’ai à faire, pour transmettre à mes contemporains ce que le sport m’a apporté." Avec son leadership, l’homme parvient à fédérer autour de lui. L’an passé, sa femme Laurence lui a succédé à la présidence du club de basket fauteuil. Elle témoigne : "Je donne toujours l’expression qu’en signant lors du contrat de mariage, j’ai aussi signé avec handisport. Du coup, c’est devenu ma passion parce que je me suis trouvée petit à petit bénévole pour l’encadrement des activités piscine, puis secrétaire, et très engagée au niveau du basket aussi." De quoi faire des journées bien remplies "mais avec beaucoup de satisfaction".

De par son engagement, c’est donc logiquement que Joseph Mbongo a été choisi pour porter la flamme olympique le 4 juillet prochain. Une proposition d’Amiens Métropole qu'il peine encore à réaliser. "J'avoue, j'ai attendu qu'e mon interlocuteur répète pour être sûr que j'avais bien entendu."

Il raconte en bafouillant et en se remémorant la grande émotion qui l'a traversé le jour de l'annonce. "Je ne l'aurais jamais imaginé. Pour un sportif, les valeurs de l’olympisme, c’est le summum. Les différences sont acceptées. Il n’y a plus de noir, il n’y a plus de blanc, il n’y a plus de personnes en situation de handicap, il n’y a pas de valides. Mais la sensation du sportif, du sport. Et tout ça, tu portes cette flamme pour dire : vous les gars qui êtes là sur le parcours, vous avez raison."

La flamme entre les mains, Joseph Mbongo aura 200 mètres à parcourir. Il est déjà assuré du soutien de son équipe qui sera présente sur les bords du chemin.

Avec Camille Di Crescenzo / FTV

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