Un couple de passionnés de chiens a installé un élevage dans la Somme pour sauvegarder deux races d'épagneul rares : l'épagneul picard et l'épagneul de Pont-Audemer. Seules quelques portées de chiots naissent chaque année en France.
Ce sont des races de chiens en voie de disparition. Des races qui ont trouvé à Cambron un couple de passionnés qui a décidé de les sauver. C'est dans ce village de la Somme que Lorena Gleiss et Thomas Anache ont installé leur élevage d'épagneuls picards et d'épagneuls de Pont-Audemer.
Ces chiens ne sont plus que quelques individus dans le monde. En 2023, seuls neuf chiots épagneuls de Pont-Audemer sont nés en France.
Des races à faibles effectifs
Et cette année, il n'y a eu que deux portées sur tout notre territoire. L'une d'elles est née en juin dernier chez Lorena : Trudi, que le couple est allé chercher aux Pays-Bas, a donné naissance à huit petits "Ponto". "On essaie d’augmenter les effectifs de la race : il n'y a à peu près que 200 individus dans le monde, explique Lorena alors qu'elle caresse Vicky, l'un de ses chiots. Ça me passionne. Chaque jour, je regarde tout ce qu’on peut faire pour pouvoir sauvegarder cette race."
Assistante de langue dans un lycée, la jeune femme, originaire d'Allemagne, mène son projet d'élevage sur son temps libre, avec Thomas, son compagnon et vétérinaire. Un projet imaginé il y a trois ans. "On a eu l’idée et l’envie de lancer l’élevage d’épagneuls picards et de Pont-Audemer parce que ce sont des races à faibles effectifs et qui ont besoin d’éleveurs pour perdurer, indique Thomas. Ce sont de super chiens de famille, des compagnons de chasse extraordinaires. Ils vont très facilement à l’eau, ils adorent le gibier. C’est un réel bonheur pour nous de faire perdurer cette race. Ce qui séduit les gens, c’est surtout leur caractère. On les appelle les petits clowns des marais parce qu’ils sont toujours joyeux."
Et c'est vrai qu'ils sont joyeux. Le temps de notre présence, les chiots, âgés désormais d'un peu plus de cinq mois, n'ont de cesse de jouer entre eux et de courir en remuant la queue. L'un d'eux, très sûr de lui, n'a pas hésité à sauter dans l'étang avec la ferme intention d'aller titiller le canard qui y nageait paisiblement.
Le "Ponto", le clown des marais
Et puis c'est vrai aussi qu'ils sont rigolos, ces chiens de chasse issus d'un croisement entre un épagneul normand et un épagneul d'eau irlandais. Avec leur museau fin, leur morphologie élancée, leurs poils frisés et leur houppette sur la tête ! "J’ai choisi l’épagneul de Pont-Audemer parce que j’aime bien sa morphologie et son amour de l’eau. Sa particularité, c’est sa gentillesse, sa joie de vivre, son calme à la maison et sa proximité avec son maître, énumère Lorena. Si son maître est chasseur, il restera à portée de fusil. C’est un très bon chien d’arrêt. Et puis, il n'est pas très grand : entre 52 à 58 cm. Il a des babines courtes. Ce qui est pratique parce que quand il boit, le Pont-Audemer ne met pas d’eau partout !"
La difficulté pour l'éleveuse est d'éviter la consanguinité. Compliqué quand il n'y a qu'une vingtaine de reproducteurs en France. "C’est très difficile de trouver des étalons, confirme Lorena. Pour la portée de cette année, on est allés en Allemagne. Les éleveurs auxquels j’ai acheté ma première chienne épagneul Pont-Audemer sont, eux, allés en Finlande pour faire saillir leur chienne. Nous, on va rester en France pour la prochaine portée, mais on va faire les quatre coins de la France. On aura 14 heures de route aller."
Un écueil que Lorena et Thomas rencontrent également pour ses épagneuls picards : début 2025, ils iront jusqu'à Hanovre pour présenter leur chienne Truffe pour sa première saillie.
Avec Ludmila Zie / FTV