À Ault, dans la Somme, le phare, fermé au public depuis 27 ans, pourrait à nouveau accueillir des visiteurs. C'est en tout cas le souhait de la municipalité qui attend pour cela l'autorisation de l'État, propriétaire de cet équipement toujours en activité.
C'est un lieu emblématique qui pourrait bientôt devenir accessible. Propriété de l'État, le phare d'Ault, situé tout en haut de la commune, est fermé au public depuis 1997.
Mais face aux demandes des Aultois et des touristes habitués de la baie de la Somme, la municipalité souhaite qu'il puisse être à nouveau ouvert aux visites dès juin prochain. "On est sur un équipement du territoire qui suscite beaucoup d’attentes. Très régulièrement, des Aultois ou des touristes nous disent qu’ils aimeraient le visiter. Il y a une appétence pour le phare. Il y a quand même une certaine fascination autour des phares en général et autour de celui d’Ault en particulier", explique Cécile Caels, adjointe au maire en charge de la culture et du patrimoine.
Un panorama à 360° sur la mer et la Normandie
Mais pour cela, la mairie doit obtenir une AOT, ou autorisation d'occupation temporaire du domaine public. Une AOT de 5 ans délivrée par le service des phares et balises de la direction interrégionale de la mer et qui permettra à la commune d'engager les petits travaux d'aménagement nécessaires pour ouvrir l'édifice construit en 1948 aux visiteurs. "Concernant les travaux, on attend l’AOT. Sans ça, on ne peut rien faire, précise Marcel Le Moigne, le maire d'Ault. On a fait venir un cabinet de contrôle qui nous a dit qu’il n’y a pas énormément de travaux à faire : il faut consolider la rambarde, refaire l’accès au phare par un chemin, les murs d’enceinte à refaire et surtout un portail à poser. Il est commandé, il est prêt à être posé, mais on attend l’AOT avant de commencer les travaux. Sauf les Phares et Balises ont fait analyser des poussières de peinture de la rampe d’accès en haut du phare pour essayer de détecter s’il y a de l’amiante ou pas dedans. Et on n’a pas encore eu de retour."
Si la mairie attend avec impatience cette AOT, c'est que le projet de visites du phare est déjà bien avancé : "l’idée, c’est de proposer une visite du phare qui permettrait d’en faire l’ascension pour profiter du panorama à 360° depuis la plateforme, à la fois sur la mer et sur l’arrière-pays, nous montre Cécile Caels. Des visites qui seraient commentées pour présenter l’histoire de cet équipement et aussi l’histoire un peu tragique de son prédécesseur. Mais aussi d’agrémenter ces visites par des expositions, par exemple photo qu’on pourrait imaginer sur la partie engazonnée du phare parce que le phare en lui-même a peu d’espace. Donc, on sera essentiellement sur des expositions à l’extérieur, sur des zones temporaires. On peut imaginer aussi des animations ponctuelles. Ou des visites la nuit pour le coucher de soleil."
Des retombées économiques espérées
La seule partie qui sera exclue des visites : la lanterne. Le phare d'Ault étant toujours en activité, il n'est pas question de mettre en péril son guidage maritime. L'escalier qui mène à la lanterne devra donc être fermé. "Cet accès est réservé uniquement au personnel des Phares et Balises. La visite s’arrêtera ici, prévient Pierre Zarow, chef de l'unité opérationnelle Phares et Balises 59/62. Là-haut, il y a des équipements électriques qui ne doivent pas être endommagés. Il ne faut pas non plus qu’il y ait une intervention qui vienne interrompre la signalisation maritime, donc on se doit de l’isoler pour des raisons de sécurité. Il y a des câbles électriques qui, s’ils venaient à être débranchés par un visiteur, représenteraient un risque pour la personne et viendraient mettre en défaut le phare en lui-même et le principe de signalisation maritime."
Car le projet de la mairie prévoit de faire visiter le phare deux heures le matin et deux heures l'après-midi par groupe de cinq personnes. Chaque jour, une cinquantaine de personnes pourront dès lors profiter du panorama exceptionnel qu'offre le site : d’un côté, la Normandie, de l’autre, le littoral picard. De quoi augmenter l'attractivité de la commune. "En hiver, Ault, c’est 1 400 habitants. L’été, c’est à peu près 6 000. Et quand on sait que le bois de Cise, qui est juste à côté, c’est le deuxième site le plus visité de la côte picarde, on se dit qu’on peut avoir beaucoup de monde qui visite ce phare, prédit Marcel Le Moigne. Il y a un fort potentiel, c’est évident. Et chaque fois qu’un visiteur vient sur notre commune pour découvrir notre patrimoine, il consomme aussi chez les commerçants."
Si l'incertitude sur la date d'ouverture au public du phare d'Ault n'est pas encore levée, une chose est sûre : la visite sera gratuite.
Avec Mary Sohier / FTV